Chapitre 8

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Alana 

Le riz et le poulet aux légumes sont prêts. J'ai passé la fin de la journée à repenser à tout ce qui s'est passé ; c'est vraiment fou. Je n'arrive pas à prendre assez de recul pour y voir clair ; il me faut plus de réponses, plus de confiance. Je sais qu'ils peuvent me protéger et, au vu des maigres informations que j'ai reçues, je sais que cela ne s'arrêtera pas si je ne les suis pas.

Je dispose le tout sur la table avec une énorme boule au ventre. Dans leur monde, ils sont prince et princesse ; ils ont sûrement l'habitude d'être servis par de meilleurs cuisiniers. Les garçons rangent leur jeu, et tout le monde s'installe.

— Bon appétit ! s'exclame Clovis.

— Et merci de nous loger, Alana, ajoute Séraphine en prenant ses couverts et en me souriant.

Côme lève les sourcils et marmonne quelque chose d'inaudible dans sa barbe.

Le repas se termine rapidement ; tout le monde avait faim, sauf moi.

— C'était super bon, Alana ! Clovis se lève pour débarrasser les assiettes.

Pour le dessert, j'ai prévu des glaces. Nous nous installons dans le canapé alors que le feu de la cheminée s'éteint peu à peu. J'essaie de raviver la flamme avec le soufflet, mais je suis interrompue par Côme qui stoppe mon geste de sa main. Décidément...

— Laisse faire les pros.

Son index s'enflamme et, d'un geste brusque, il projette la petite flamme sur le bois. Le feu prend forme rapidement. Je reste quelques secondes à observer les flammes, m'habituant à peine à leurs pouvoirs.

Il s'assoit sans me regarder et prend un petit pot de glace que j'avais posé sur la table basse. Séraphine et Clovis échangent un regard complice. Ils ont compris qu'ils m'avaient fait assez attendre.

— Alors, tu es prête à connaître ton destin ? Séraphine sourit en coin et s'essuie la crème au coin de ses lèvres.

— Oui, répondis-je, sûre de moi, en me tournant un peu plus vers elle.

— Il y a plus d'un millénaire, notre planète ressemblait presque à la tienne. Nos ancêtres cultivaient la terre, élevaient des bêtes et vivaient en harmonie avec la nature, leur seule divinité. Leur communion avec les éléments leur conférait une sagesse et une force singulières.

— Au fil du temps, cette connexion profonde avec la nature nous a accordé des dons extraordinaires. Un jour, la découverte d'une enfant aux pouvoirs élémentaires complets bouleversa notre monde. Devenue adulte, sa puissance dépassait l'entendement, lui permettant même de communiquer avec des créatures d'autres univers. Éprise d'amour, elle engendra quatre enfants, chacun héritant d'un don élémentaire. Transmettant tout son savoir, elle initia la création des quatre royaumes, séparant ainsi les peuples selon leur affinité élémentaire. Depuis lors, nous régnons depuis plus de vingt millénaires.

— Sur notre planète, quatre continents émergent, chacun gouverné par un royaume : le feu, l'air, la terre et l'eau, ajouta Côme, dont le regard scrutateur trahit son attente.

— Tous les habitants possèdent des capacités magiques ; certains maîtrisent simplement le feu, l'air, l'eau ou la terre, tandis que d'autres, issus de lignées royales, canalisent des énergies plus puissantes. Afin de former une nouvelle génération de protecteurs, chaque continent sélectionne soigneusement des jeunes talentueux pour devenir des guerriers, soumis à des épreuves rigoureuses et à des tests de leur magie naissante.

— C'est pour ça que tu dois nous suivre, coupa Clovis. Si tu es trop vieille, tu ne pourras pas passer les épreuves.

— Oui, c'est vrai. Nous avons mis beaucoup de temps à te trouver car tu ne dégages pas assez de pouvoir. Ta mère a dû mettre énormément de son énergie pour canaliser la tienne. On est soulagés et en même temps désolés car nous avions deux ans pour te préparer à monter sur le trône, et non pour te chercher, souffla Séraphine.

Mon cerveau fuse comme du lait sur le feu.

— Je ne comprends pas pourquoi cela fait seulement deux ans que vous me cherchez. Comment avez-vous su que j'existais ? Ce fut la seule question qui sortit pour le moment.

— Nous savions que ta mère était partie sur la Terre, et après sa mort, plus aucun signal n'émanait de ta planète. Jusqu'à il y a deux ans, un pouvoir similaire au sien est apparu, alors nous avons fait nos recherches et t'avons trouvée, répondit Séraphine.

— Et pourquoi ma mère est-elle partie de votre planète ? demandai-je toujours sur un ton calme.

— Eh bien...

— Parce que ta mère est une traîtresse, elle a déshonoré son pays. Elle était promise à mon père mais elle s'est enfuie et est venue s'accoupler avec un Terrien ! Côme, qui ne tenait plus en place, cracha ses mots en coupant Séraphine.

Mes pensées se mélangent. Je commence à penser que la mort de ma mère a un rapport avec sa trahison. Mon cœur bat de plus en plus fort.

— Vous avez assassiné ma mère ? Je lançai un regard accusateur à Côme.

— Non ! Bien sûr que non ! Séraphine pose sa main sur mon épaule, mais par réflexe, je me dégage de son emprise.

— Une équipe devait la ramener sur notre planète et elle devait être punie par son peuple. Malheureusement, elle n'a pas coopéré et cela s'est fini par un combat. Ses années passées sur la Terre l'avaient affaiblie et, selon le rapport, elle aurait succombé à cause de sa magie. Clovis est sûr de lui, son regard est compatissant.

Je baisse la tête, perdue. Est-ce qu'ils me disent la vérité ?

— Comment puis-je être sûre que vous me racontez la vérité sur sa mort ?

— On ne peut pas te le prouver, mais je t'assure que tu peux nous faire confiance, tenta Séraphine en baissant la tête à mon niveau pour capter mon attention.

— Tu verras avec le temps, finit par dire Clovis.

— Oui, eh bien, ce n'est pas sûr, dis-je en me levant du canapé. Ce n'est pas sûr que je vous suive.

Côme, qui mangeait sa glace, se lève soudainement et me regarde sévèrement.

— De toute façon, tu n'as pas le choix.

— Ah oui ? Sinon, vous allez me tuer comme vous avez tué ma mère ? Plus personne ne répond. Je me tourne vers Séraphine. Je vais me coucher, je suis exténuée. Sur ces mots, je quitte la pièce pour retrouver ma chambre.


Merci d'avoir attendu, j'ai eu un petit problems avec mes texts mais voila la suites. Kissss

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