CHAPITRE 1 : FAIRE LE DEUIL

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Si je prends la définition du dictionnaire : faire le deuil signifie « une réaction qui s'accompagne de sentiments et de pensées éprouvées suite à la perte de quelqu'un ou de quelque chose ». Pour moi, au début faire le deuil de mon papa c'était impliquer de devoir l'oublier complètement.

J'avais déjà connu des décès dans ma famille notamment celui de mon arrière-grand-mère Maminou qui m'avait beaucoup touché à l'époque mais je n'étais pas préparée à celui de mon père de 46 ans.

On nous dit dès l'enfance et on se prépare finalement à ce que nos parents partent avant nous mais quand ça nous tombe sur le coin du nez, je peux vous dire qu'on n'y est pas préparé du tout et que tout devient noir à l'horizon. Alors oui, au début pour moi faire le deuil impliquait d'oublier mon père. C'était impensable pour moi que mon père parte aux oubliettes, c'était quelqu'un de tellement bon, qu'on ne pouvait pas se permettre de le laisser de côté et de continuer nos vies comme si de rien n'était.

Puis avec le temps j'ai compris qu'on n'oublie pas la personne et qu'elle continue de vivre à travers nous et nos souvenirs que l'on raconte par ci et par là. Mais au départ, ma vision des choses était bien trop troublée par ma tristesse et ma colère.

La douleur était si insoutenable que quelques semaines après le décès de mon père, j'ai pris rendez-vous avec une psychologue et un hypnotiseur.

Je suis donc allée voir l'hypnotiseur en premier afin d'arrêter les cauchemars qui devenaient de plus en plus précis et horribles. Au début je rêvais que mon père revenait et qu'il me disait « Tout ça est une blague je suis là ma puce ». Et en fait, tu te réveilles après ça et la réalité te rattrape et tu te prends une claque en pleine tête au réveil : Non Sam il n'est plus là et il ne reviendra plus.

Puis j'ai commencé à faire de vrais cauchemars où je pouvais voir les images de mon père dans son cercueil ou encore ces derniers moments à l'hôpital (tout ça sera relaté dans une autre partie). Puis j'ai commencé à faire des rêves où je m'accusais de ne pas l'avoir sauvé, de ne pas avoir fait la demande d'une greffe, de ne pas être rentrée plus souvent pour le voir car égoïstement je refusais la maladie et je ne supportais pas de le voir aussi mal. Je revois encore ce cauchemar, que j'ai évoqué avec ma psy : je revois mon père sur mes genoux (un air malade mais une taille enfant) comme si je n'avais pas pu le protéger de tout ça. Puis la psy m'a annoncé et m'a fait répéter à voix haute: «Je suis impuissante». Effectivement, j'étais impuissante face à la situation, je n'ai rien pu faire pour le sauver et je ne peux pas m'en vouloir de ça. Je peux être fière (et j'arrive enfin à le dire aujourd'hui) de l'avoir accompagné jusqu'au bout comme je l'ai fait.

Après la séance d'hypnose je n'ai plus jamais refait un cauchemar ou un rêve de mon papa. Au départ ça m'a fait du bien puis trois ans après tout est revenu. Je ne suis pas retournée voir l'hypnotiseur, non, parce que je pouvais de nouveau le voir, le toucher et le sentir dans mes rêves et c'était si précieux de l'avoir tout prêt de moi et de l'entendre me dire les choses dont j'avais besoin.

Pour moi faire le deuil, n'est pas juste une histoire de sentiments ou d'émotions c'est tout un processus et des étapes par lesquelles tu vas passer et repasser pour apprendre à vivre sans la personne. Et je sais qu'on ne fait jamais le deuil car une partie de la Sam d'avant s'en est allée avec mon papou le 26 avril 2020 à 18h06... 

PATUTE, à coeur ouvertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant