Chanson de l'épilogue : OneRepublic - Dear Santa.
Épilogue :
« Joyeux Noël, Albert ».
24 décembre 2023 – 18h30.
« C'était magique. C'était ton corps contre le mien, tes lèvres sur les miennes, tes murmures dans mon oreille. C'était nos âmes qui dansaient. C'était nos cœurs qui rayonnaient ».
Indigo, Sous le souffle d'un nouveau Printemps.
Le bureau d'Albert était, somme toute, à son image. Placardées sur les murs par dizaines, les photos de ses différents voyages à travers le monde étaient, pour la plupart, des clichés de sublimes paysages, d'animaux exotiques ou encore de monuments historiques. Certaines, toutefois, tranchaient avec ces images qui pourraient sortir tout droit d'une revue touristique. Prises non pas par son fidèle polaroid qui l'accompagnait dans toutes ses aventures depuis des années, mais par son téléphone portable, elles représentaient des rues. Parfois bondées, parfois sans âme qui vive. Des habitants, parfois jeunes, parfois âgés. Des parcs, parfois sous un soleil rayonnant, parfois noyés sous des torrents d'eau. Elles n'avaient rien d'extraordinaire. Au contraire, elles n'étaient que de banales moments de vie, d'instants du quotidien, mais c'était les préférées du patron de la libraire-café Le p'tit loup. C'était les plus sincères, les plus authentiques. Les plus vivantes.
Sur une vielle table, un peu branlante, il fallait se l'avouer, une quinzaine de cadres de plus ou moins grandes tailles s'alignaient les uns à la suite des autres, le premier dangereusement proche du vide et le dernier manquant de dissimuler celui qui le précédait, tant il était volumineux. Chaque photo à l'intérieur était de loin bien plus qu'une photo aux yeux du chercheur de merveilleux. C'était des parts de lui, à part entière. Sur certaines y figuraient sa femme, sa merveilleuse femme, Lucie, au moment de leur mariage, par exemple. Elle était si belle dans sa robe de mariée, qu'elle tenait de sa mère et que sa mère tenait elle-même de sa mère. Ce jour-là, Albert avait pris une nouvelle fois conscience de la chance qu'il avait d'être aimé par une telle femme, si généreuse, douce, bienveillante et d'une détermination, d'une vivacité et d'une force de caractère pour le moins charmantes. Il était amoureux de chaque partie d'elle, et le temps et la vie n'avaient rien pu faire contre cet amour inconditionnel. Sur d'autres clichés, c'était ses filles qui y apparaissaient. La naissance de l'aînée, Chlothilde, et de la plus jeune, Louana, leurs premiers pas, leurs premiers anniversaires, leurs derniers, leurs sourires, leur joie de vivre, leurs rires...Tant de souvenirs qui faisaient sourire le vieil homme à chaque fois qu'il s'asseyait à son bureau. Le fameux cadre qui prenait bien trop de place par rapport au maigre espace qui lui était destiné était légèrement différent des autres. Il n'y figurait pas sa famille de sang, mais bien sa famille de cœur, tout aussi importante à ses yeux. Ainsi, Merry, Thomas, Calem, Maëlia, Lucien et enfin Toren lui souriaient à travers le verre quelque peu poussiéreux.
Toren...
D'un doigt tremblant, Albert s'arrêta sur le regard empli de gentillesse et de douceur du jeune homme. Sa vue s'embua aussitôt et il dut détourner le regard de cet être pixélisé pour ne pas se mettre à pleurer. La douleur était toujours vive et elle le resterait toujours, il le savait. Simplement, avec le temps, il apprendrait à vivre avec. Il ne comprenait pas pourquoi un vieux croûton comme lui était toujours en vie, alors que Toren n'était déjà plus là. À tout juste vingt ans, il avait quitté ce monde brusquement, alors que l'avenir lui tendait les bras. Ce n'était pas non plus le seul à qui Albert avait dû dire adieu ces derniers temps. Il y avait d'abord eu Henri, le frère de Lucie, qui était devenu au fil du temps son plus fidèle confident. Des fois, quand il se remémorait certains moments passés à ses côtés, à la pêche le dimanche ou encore au café à la librairie, il se disait même qu'Henri n'avait pas juste été un confident, mais aussi le frère qu'il n'avait jamais eu. En y repensant soudainement, le chercheur de merveilleux sentit sa gorge se nouer.
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Les Gens Heureux
Romance« Tant que nous parlons des morts, c'est un peu comme s'ils vivaient encore à travers nous ». Merry Alouette avait toujours cru en la magie de Noël. Et elle aurait aimé y croire encore aujourd'hui, en ce 1er décembre 2023, malgré ses 21 ans bien en...