Chapitre 9 | 𝒜𝒸𝒽𝓁𝓎𝓈

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6 novembre 2023

Il est à peine 8 heures du matin, pourtant cela fait déjà plusieurs heures que je suis debout.

Tôt ce matin, avec Hybris, un des 2 hackeurs d'hécatombe, nous avons réussi à pirater les caméras à l'intérieur de la maison de Sofia ainsi que celles autour de cette dernière et dans les ruelles aux alentours.

Pour un quartier riche, ça a été un jeu d'enfant, nous qui pensions avoir des difficultés, c'était tout le contraire. Je ne sais pas qui à fait installer ces caméras, mais ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas une personne qui souhaite les mettre en sécurité.

Un avantage pour moi.

Depuis que j'ai laissé Hybris, je passe en revue tous les enregistrements qu'il a pu récupérer.

J'ai déjà pu relater les habitudes qu'elle avait : tous les matins, vers 6 heures, elle sort en douce de sa chambre, par la fenêtre, pour fumer ce qui ressemble à un joint. 15 minutes plus tard, elle rentre de nouveau dans sa chambre et se rendort jusqu'à 10 heures.

Puis, elle met sa tenue de sport, soit elle rejoint son père qui s'entraîne tous les jours à la même heure, dans leur salle de sport personnel, au sous-sol.

Comme une impression de déjà vu...

Soit elle part faire un footing, seule, à quelques minutes de chez elle, dans une forêt très peu visitée.

Elle va me faciliter la tâche.

Je pensais qu'elle sortait souvent la journée, mais ce n'est pas le cas.

C'est la nuit qu'elle sort le plus régulièrement, en sortant de sa chambre et elle ne rentre jamais avant 2 heures du matin.

Je continue à regarder les vidéos pour espérer savoir où elle se rend toutes les nuits, mais je suis malheureusement interrompu par Asclépios.

Il m'avait prévenu, par SMS, qu'il passerait aujourd'hui voir ma plaie, car hier, il était trop occupé à cause de ses patients, alors, comme à mon habitude, je ne prends pas la peine de regarder qui se trouve devant ma porte et lui ouvre.

Des centaines de feuilles jonchent le sol de mon salon, je m'active donc à les rassembler dans un coin, pour lui faire de la place.

Ne le voyant pas arriver, je passe ma tête pour voir ce qu'il fait.

- Putain, je n'y crois pas, dis-je à voix haute.

Pourquoi je n'ai pas vérifié qui était là avant ?

Ménétios se tient là, devant moi, adossé contre la porte d'entrée. Il danse d'un pied à l'autre, n'osant pas croiser mon regard.

- Qu'est-ce que tu fous ici, bordel ?

- Je-

Je ne lui laisse pas le temps de continuer sa phrase :

- Dégage, sifflai-je.

Je dois avouer que le voir dans cet état, un bandage à l'oreille, le teint blafard, des énormes cernes qui assombrissent ses traits, me fait un pincement au cœur, pour autant ses paroles résonnent toujours en moi : "pourquoi l'avoir laissé mourir ?", "tu es bien trop faible". Elles ont écorché des plaies béantes, toujours vives.

- S'il te plaît, Achlys. Laisse-moi au moins parler. Je peux rester ici, debout, ça ne me gêne pas.

J'ai beau énormément lui en vouloir, je suis celle qui est responsable de sa blessure, je peux bien le faire s'asseoir.

- Assieds-toi, lui dis-je, en m'asseyant en face de lui et non à côté, comme j'aurais pu le faire avec Alètheia ou même Than.

Plus je garde mes distances, mieux ce sera.

- Parle.

Je tente, tant bien que mal, de garder un ton neutre, ce qui semble échouer.

- Je suis désolé, dit-il en se triturant les doigts, la tête baissée. Je n'aurais pas dû te dire que tu étais responsable de sa mort.

Il lève enfin les yeux vers moi.

- J'ai été égoïste, je n'ai pensé qu'à ma propre souffrance.

Je l'observe en silence et je distingue clairement la sincérité de ses paroles.

- Je m'excuse aussi, dis-je en lui indiquant son oreille droite. Ça commence à aller mieux ?

- C'était mérité après tout, dit-il avec un léger sourire. Oui, bien mieux, l'ouïe revient petit à petit. Asclépios continue à me faire des bandages étant donné que de temps à autre, elle se met à saigner.

Hélios était très attaché à Ménétios, il le considérait comme son petit frère, c'est inconcevable que je le laisse faire son deuil seul. Ce qu'il a dit restera gravé à jamais dans mon crâne, mais je dois, au moins, faire ça pour Hélios.

Certains soirs, il me faisait part des nombreux cauchemars qui hantaient Ménétios.

Ils faisaient écho aux miens.

- Tu continues, toujours, à faire des cauchemars ?

Je perçois bien, la stupeur apparaître sur ses traits.

- Hélios ? Parvient-il à prononcer.

- Oui.

- À vrai dire, ils se sont intensifiés et sont devenus encore plus atroces qu'avant.

Au vu des énormes cernes qui ornent ses yeux, il n'a pas dû dormir beaucoup ces derniers jours.

- Est-ce que tu veux me raconter ? Enfin, tu sais, comme tu le faisais avec Hélios.

- Non, ne t'inquiète pas. Je ne veux pas t'embêter avec ça, dit-il d'une petite voix. Je ferais mieux d'y aller.

Je le regarde se lever, ne sachant pas si je dois le retenir ou non.

- Ça ne me dérange pas. Je fais aussi des cauchemars, avouai-je, peut-être que je peux t'aider comme l'aurait fait Hélios.

Il ne répond rien.

- Pose-toi et raconte-moi.

Il s'installe de nouveau à sa place et prend une grande inspiration avant de commencer son récit. 

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