𝖳𝟤 | 𝗉𝗋𝗈𝗅𝗈𝗀𝗎𝖾

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Les récits étaient colportés partout, en Italie, il faisait rage. Le marchand de sable.

Le marchand de sable. Répétai-je.

Certes, fulgurante la vitesse à laquelle il pouvait tout détruire. Comme si ça n'avait jamais existé, comme si c'était une des délicieuses hallucinations. Fulgurante la rapidité avec laquelle il était capable du contraire.

Oui, du contraire.

Ce que tout le monde ignorait, c'était qu'il était capable de saupoudrer les yeux de sables dévastatrices autant que de sables magiques. Cette fois-ci, le marchand de sable allait changer la donne. Il était différent de celui qui tapissait les toits, aussi irréel que ça pouvait l'être, c'était une personne ambivalente. Il était capable du pire autant qu'il en était de même du meilleur. Autrefois, celui qui se cachait malicieusement pour répandre le chaos, le cataclysme en destruction totale, se cachait pour parsemer le miracle, l'équilibre en harmonie confuse. Le vent allait tourner de mon côté. Je le sentais au fond, je n'avais aucune idée de comment, mais je le sentais. Bien que ténébreux, il était d'une lumière aveuglante dans un semblant de vie qui était d'autant plus inerte.

Mes cauchemars allaient être de simples souvenirs. Les lames qui m'avaient coupé allaient devenir des séquelles presque disparaissantes. Le marchand de sable jouait un rôle important dans le déroulement de l'existence, en tout cas de la mienne. Tout était de sa faute. Chaque événement terrible, il encaissait ma hargne. Je lui en voulais pour avoir voler mon enfance, pour l'avoir rendu acerbe, pour bien de choses qui n'avaient point d'explication, je le haïssais. Sans savoir, que c'était lui qui allait changer ma vie. Il allait inverser le sort, il allait l'égayer, et pour la première fois de ma vie, je n'avais rien contre le fait qu'il saupoudre mes yeux. Qu'il rende mes nuits paisibles, qu'il rende ma vie vivable. Ma vie était un mélange, chaos et malheur. Un semblant de joie et un fragment de paix.

Je demeurais à l'instar d'une libellule enfermée dans une ampoule, impatiente de prendre son envol. La lumière avait disparu au bout du tunnel, les épines de la rose empoisonnée me coupèrent. L'une de ces pauvres personnes n'étant pas destinées à connaître l'euphorie perpétuelle.

S'agripper à ce semblant de bonheur qui n'était en réalité qu'une illusion. Le cataclysme et l'équilibre enchevêtrés dans un conflit incompris, rien n'avait changer. La lourdeur des peines était à présent une habitude, les sables étaient aveuglants et utopiques.

Les belles nuances rosées m'avaient aveuglées, les ténèbres demeuraient toujours, elles n'avaient pas disparues. Tel un navire en quête d'un port, l'âme errante cherchait à se transformer, mais les courants du destin ramenaient toujours à l'ancre de l'être, là où les ombres de soi-même dansaient éternellement.

Des larmes noires de désespoirs, de haine, et de résignation. J'avais scellé ainsi le chapitre de ma vie, laissant les mots s'envoler dans le vent du passé.

Le marchand de sable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant