XXX

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Le premier jour, Léo attendit, sur le bord de son matela, qu'Alastor daigne descendre pour l'abbattre.
Elle ne saurait dire s'il s'agissait d'impatience ou d'apathie, à vrai dire, elle souhaitait simplement ne plus vivre dans l'attente d'une once d'espoir.

Son oeil la faisait horriblement souffrir, sans répit, lui rappelant a chaque minute le cage dans laquelle elle se trouvait.
Par moment, elle se jugeait suffisamment courageuse pour passer ses doigts sur la cicatrice qui n'était qu'un amas de chair sanguinolant; cette audace lui provoquait la nausée.
Malgré le fait qu'elle n'est rien à vomir, elle se penchait au dessus du sceau qui lui servait de récipient pour ses besoins humains, crachant une salive à l'arrière gout de vide.

Si elle ne savait pas sa vie déjà fini, elle aurait été inquiète que sa blessure s'infecte et se putrifie, heureusement, elle ne connaitrait pas ce désagrément.

Pourtant, ce jour là, Alastor ne descendit pas dans la cave. Du moins, elle présumait qu'un jour entier s'était déroulé, bien qu'elle ne put en avoir la certitude.
Elle avait faim, mais il lui restait encore un verre d'eau pour combler le vide de son estomac.

Le deuxième jour, Lénore s'inquiéta du manque de présence dans la demeure.
Auparavant elle pouvait distinguer le bruit des chaussures au dessus de sa tête. Elles couinaient toujours d'une drôle de façon après avoir été ensevelies dans la vase du bayou.

Désormais, son oeil brulaient et son front fut chaud. Elle pensait être fiévreuse et une partie d'elle, honteuse, s'enthousiamait à l'idée que son fiancé mette fin à tout ses malheurs.

Plus tard, quand ce qu'elle présumait être la fin de soirée arriva, et qu'il ne lui restait plus une seule goutte d'eau dans son verre, elle se mit à voir des ombres dans les recoins, ceux qui echappaient à la clarté de sa bougie.
Heureusement, monsieur Beleau lui avait gracieusement offert une bonne dizaine de ces cierges.
Elle se décidait à en allumer plus d'une pour se préserver du monstre qui rodait, et réchauffer ses mains étrangement glacées.

La troisième jour fut le plus pénible.
Elle eut hurlé le nom de son geôlier pendant des heures, bien qu'elle sut pertinemment qu'il n'occupait pas le chalet à ce moment-ci.

Le plus étrange, c'est que ses sœurs, Agathe et Judy, lui tenaient compagnie dans la pièce.

- Il ne s'est pas résolu à te tuer de ses propres mains! Il a décidé de te laisser mourir de faim! Lui dit sa cousine contre son oreille.

- Il ne ferait pas ça ! Lui avait-elle répondu sans hésitation. Il est cruel mais il tient à moi!

Un long silence complentaif s'offrait à elle. Un long silence où la soif rongeait ses entrailles, la soif ou la peur, elle ne savait plus.

- Je t'avais prévenu de tout cela, grondait Ray. Il ne faut pas affronter le loup lorsque l'on a déjà été mordu.

Une chaleur envahissait chaque parcelle de son crâne, l'empêchant de réfléchir correctement.

Lénore les voyait distinctement, peut-être brumeuses. Quelle fut la différence ? La brume est parfoit nette dans son brouillard, donnant plus de sens à la réalité qui n'est pas une clairière.

Le tonnerre grondait, elle en sentait les vibrations à travers la pierre de sa prison. La jeune fille posait son front contre le mur, rafraîchissant les braises qui consummaient son corps.
Si Ray, Margot et Agathe discutaient dans un écho indiscernable; Judy, quant a elle, la fixait dans un coin obscure.
Ses paupières ne clignaient pas, ses prunelles ne bougeaient pas, ses lèvres lui parurent cousues l'une à l'autre.

Une Cuillère De Caviar Et De Sang (Alastor X Oc) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant