Burning Red

Chapitre 52

"I knew you, tried to change the ending, Peter losing Wendy"

cardigan - Taylor Swift

Luc

Je suis certain d'avoir brillamment réussi mes examens, pourtant je n'arrive pas à m'en réjouir. Déjà, je n'ai pas pu fêter la fin de l'année avec celui que j'aime et qui a partagé toutes mes années d'école.

Cela fait presque une semaine depuis la fin des examens et les inscriptions commencent. Depuis Janvier, mon père avait déjà rempli mon dossier pour Oxford. C'est officiel, je pars mi-août en Angleterre. Je serai dans l'internat et je devrai partager ma chambre avec quelqu'un. La question maintenant, c'est où va être Gabriel ?

Il m'a dit qu'il avait pris sa décision et m'a demandé de venir aujourd'hui pour me l'annoncer. En plus, son père n'est pas là.

Alors me voici. Il est quinze heures et je suis devant chez lui, attendant qu'il m'ouvre, ce qu'il fait quelques secondes plus tard.

On a eu peu de contacts ces derniers temps. Je sais qu'il pense avoir de bonnes notes aux examens, donc nos banalités s'arrêtent à la météo.

Il s'assit en face de moi sur les chaises de bar dans sa cuisine. Je le trouve tellement beau. Il est pile dans un faisceau de lumière. Je dois avouer que j'aime quand le soleil traverse ses cheveux et les rend blonds.

— J'ai fait du gâteau au chocolat. Un fondant, ton préféré, m'indique-t-il en découpant deux grosses parts.

— Merci, je réponds simplement.

Je mange tranquillement son gâteau. C'est délicieux. Le glaçage est au chocolat noir, j'adore ça. En revanche, il a un arrière-goût. Un goût de "pardonne-moi". Je pense qu'à cet instant, j'ai compris pourquoi il m'avait préparé ce gâteau. Cette journée sera notre dernière.

— Tu aimes ?

— C'est très bon, merci beaucoup.

J'ai compris son petit jeu. Il essaye de me faire aborder le sujet. Il veut que je lui pose la question. C'est dur pour lui de me l'avouer, ce n'est pas grave, je vais lui alléger ce fardeau.

— Gabriel, tu as décidé de partir, n'est-ce pas ?

Il ouvre la bouche de stupeur. De haut en bas, il me toise. Il referme la bouche et déglutit.

— Oui.

Il cligne des yeux très rapidement, probablement pour chasser ses larmes. Même si j'ai aussi envie de me jeter au sol, de pleurer en position fœtale, je reprends une bouchée de gâteau et cherche une réponse qui apaisera son cœur et son âme.

— Je suis tellement heureux pour toi. Je suis certain que tu vas adorer New York.

Je ne mens pas. Mes mots sont la pure vérité.

— Tu ne m'en veux pas ?

— Non, j'ai toujours voulu ton bonheur, même si tu dois partir pour ça.

— Mais j'aurais pu me battre encore pour nous.

— Gaby, tu n'aurais pas pu me rendre plus heureux qu'en m'annonçant ça.

Je suis si près de lui que je vois ses larmes perler le long de ses cils. Je m'approche encore plus et les balaie avec mon pouce. Je place ma main juste en dessous de sa mâchoire, relève son visage et l'embrasse. Ce baiser signifie beaucoup de choses. Il incarne notre amour l'un envers l'autre, mais aussi le pardon mutuel.