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Ses pas résonnaient entre les murs de l'établissement. Dans ce couloir vide de vie, Nozomi marchait sans but. Elle avait trente minutes pour réussir ou échouer. Dans les deux cas, le but était clair, menotter ou fuir la zone. Face à deux héros professionnels, elle devait passer à l'action. S'arrêtant, elle regarda par la fenêtre un instant. Hound Dog était visible juste devant le portail de l'établissement. Il était juste là, humant l'air et attendant qu'elle arrive. Elle ne voyait pas Vlad King. Sûrement était-il à sa recherche. Elle avait l'impression de se retrouver le jour où elle avait commis son premier meurtre.

****

Le souffle court, elle observait le corps se refroidissant juste devant elle. Entre ses mains, le grain rugueux du sable n'arrivait pas à la ramener dans la réalité. Cet homme... Elle avait rêvé tant de fois de le voir mort et aujourd'hui que c'était fait, elle ressentait autant de plaisir qu'un grand vide. Elle avait réagi sans réellement s'en rendre compte. Elle l'avait vu et ça avait été suffisant.

Elle passa une main sur son visage tâché de sang, faisant tomber son arme en poussière. Adieu la faux, bonjour la poussière qui se mit à s'envoler lorsqu'elle ne s'accrochait pas dans le sang poisseux de sa victime.

Un petit rire s'échappa d'entre ses lèvres, suivi d'un éclat de rire. Un sourire éclairait son visage sous le regard médusé et horrifié des spectateurs.

S'accroupissant devant lui, elle lui prit le visage dans sa main droite pour qu'il la voit. L'agonie, la douleur et la mort étaient lisibles dans ses yeux vitrifiés. Il était mort. Des mots à la joie semblant forcés sortirent d'entre ses lèvres. Des mots simples et pour autant terrifiants pour une personne à la morale presque irréprochable.

— J'en ai rêvé si longtemps.

Un nouveau rire s'échappa de sa gorge alors qu'elle glissa trois de ses doigts sur la fente qui ouvrait la trachée de la victime. Trois doigts tâchés qu'elle passa sur ses lèvres, léchant la substance rouge carmin encore chaude. Un grand sourire était offert aux personnes et aux héros venant d'arriver au même moment que son geste.

— Tu ferais bien de te rendre sans faire de vague.

Elle pencha la tête sur le côté, heureuse et triste à la fois. Elle tourna sur elle-même, sortant une petite poupée souriante de la poche de sa veste. Elle la leva devant ses yeux avant que son regard ne se porte sur le héros à la tête du petit groupe.

— Dites-moi, monsieur le Héros. Suis-je une victime, une héroïne ou une vilaine ?

— Tu es un monstre, lui cracha-t-il.

Elle laissa tomber son bras le long de son corps. Dans leurs yeux étaient visible une peur et une haine. Comment une petite collégienne de treize ans pouvait-elle tuer quelqu'un avec autant de plaisir ? Avec autant de ressentiment envers ce héros maintenant à terre ?

— Pourquoi ? entendit-elle du chef de la bande.

— Hum, gémit-elle. Bonne question. Pourquoi avoir tué l'assassin de ma mère ?

Un regard choqué traversa les héros et leurs publics. Elle avait agi par vengeance. Une si jeune fille était empli de haine pour ce héros à cause de la mort de sa mère. Mais pour tous, si elle était morte, c'était parce qu'elle était une vilaine. En la vengeant, cette collégienne montrait que le mal était dans le sang. Et pourtant...

En voyant leurs regards de dégoût et de pitié, la colère qui n'était encore qu'un brasier se transforma en incendie dans son cœur. Sa mâchoire un instant crispé se détendit pour faire fleurir un nouveau sourire sur son visage. Elle écarta ses bras de chaque côté de son corps et se mit à s'exclamer comme prise de folie.

Réhabilitation de cauchemar [MHA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant