le bruit du silence

scélérät

Avez-vous déjà évité votre regard dans le miroir pour ne jamais savoir ce qu'on ressent en regardant votre visage ?

Je n'ai rien d'une muse. Je ne suis qu'un rat dans un monde de colombes, où chacune prend son envol de ses magnifiques ailes.

Suis-je un rat ? Ou bien tout le monde est une colombe ? Ou bien, serais-je l'aveugle ici ? Suis-je donc le seul à me voir comme ça ? Peut-être que je possède des ailes que personne ne voit, ou que je suis le seul à ne pas voir.

Non. Moi, je ne suis qu'un rat avec une queue et sans tête potable et mon ramage se rapporte malheureusement à mon plumage. Je suis sale, je suis contagieux, je suis nauséabond, je suis écœurant et dégoûtant. Je suis une nuisance. Que je hais ce que je suis. Que je déteste être.

Toi, ma colombe. Ô ma belle colombe. Chacune de tes plumes resplendissent sous le soleil et ton ramage qui se rapporte à ton plumage... Que tu es belle, ma colombe, que tu es magnifique. Que je t'envie, ma colombe, que je t'aime. Ton existence est une bénédiction à la vie de ce monde et à la mienne, même si la vérité est que tu es mon monde.

Ô Seigneur, prête-moi des ailes pour voir du ciel ce soi-disant enfer dont je suis enfermé. Je serais bon, honnête et vertueux. Tu m'as associé aux ténèbres mais je ne t'en voudrais pas. Ne suis-je pas passionné? symbole d'ambition?
Accorde-moi la grandeur des ailes auxquelles tu ne m'as pas béni. Après cela, ô Seigneur, je ne convoiterai rien que ce soit. Permets-moi de m'envoler dans ce ciel azur d'une aire infinie pour seulement une seule journée. Lorsque tu chantes avec tes créatures, un rat et une colombe ne peuvent-ils pas chanter joyeusement à tes côtés ?

Mais un rat ne peut aimer une colombe. Pourquoi donc la reine du ciel fréquenterait-elle le petit con des bas-fonds ? Je ne souhaiterai pour rien au monde de la recevoir non plus. Que mes poils emmêlés n'atteignent jamais tes belles plumes organisées. Reste libre dans tes cieux en compagnie de tes congénères à battre de tes ailes légères.

Moi, je t'admirerai de mes égouts qui riment avec enfer. Oui. L'enfer que je me suis moi-même créé braise par braise, celui qui reflète ma silhouette. Je ne pourrais jamais accéder à ce monde là-haut. À quoi bon posséder des ailes dont je n'ai aucune capacité à utiliser ?
Un damné ne pleure pas.

Je me souviens de la première fois que je t'ai vu, moi, sous ma plaque d'égout, et toi qui descend vers moi. Cette scène-là, jamais je ne pourrais assez te remercier de me l'avoir joué. Je n'ai rien d'un prophète, mais tu as fait de moi un Christ.
Puis, j'ouvre les yeux pour ne voir que tout ça n'est que fumée et miroirs, un tour de passe-passe. Ce n'était que du théâtre, n'est-ce pas ? Je ne suis pas un Christ.

Je ne suis qu'un rat qui rêverait d'avoir des ailes. Chaque personne possède un rôle qu'il ne peut y échapper et je ne suis pas une exception. Peut-être bien que le monde a besoin d'un rat pour qu'on remarque les colombes.

Est-ce que j'évite réellement de croiser mon regard dans ce miroir, ou je dénie l'identité dont je suis condamné ?