épisode cent-vingt-sept

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OCTAVIA

Mon père recrache le contenu de son verre et tousse bruyamment, visiblement sous le choc.

– Il a chanté ? s'exclame-t-il. Il a demandé à la fanfare du lycée d'apprendre un morceau en une semaine et a chanté une chanson pour t'inviter au bal de promo ?

– Oui, je sais, il est parfait, je réponds, des étoiles dans les yeux.

– Euh, ouais... Si tu le dis, répond mon père, visiblement sceptique. Au moins on sait qu'il aura pas de problème de masculinité toxique.

– Je pense que notre histoire aurait été beaucoup plus simple si tu t'étais déclaré en chanson, commente Hélène avant de fourrer sa cuillère pleine de glace à la menthe dans sa bouche.

– Génial, marmonne mon père. Maintenant ma petite-amie est jalouse de ma fille.

– Je sais que c'est un don que vous avez dans la famille, affirme-t-elle. Je t'ai déjà entendu chanter sur les Bee Gees au bloc.

– C'est pas un peu inapproprié de chanter Staying Alive quand t'as le crâne de quelqu'un ouvert devant toi ? je demande.

– Pourquoi ? C'est pas comme si le patient pouvait m'entendre.

– A vrai dire... le contredit Hélène. On ne sait pas vraiment ce qu'ils entendent ou non quand ils sont endormis.

– Tu peux pas te contenter de me défendre ?

– Nope, je réponds. Elle doit m'avoir dans la poche donc être de mon côté.

– Elle a raison, confirme Hélène en jouant avec sa cuillère.

– Non mais sérieusement, reprend mon père. Il a chanté...

– En parlant de comédies musicales, reprend Hélène. T'as eu une réponse du conservatoire ?

– Ouais, elle est négative.

– Elle ment.

Je fronce les sourcils, étonnée par le commentaire de mon paternel.

– Comment tu sais ça toi ?

– T'as le même tic que moi quand je mens, répond-t-il. Mais puisqu'on a abordé le sujet : pourquoi est-ce que tu prétends avoir été refusé alors que ce n'est pas le cas ? Me dis pas que c'est pour rester avec ton espèce de Zac Efron en herbe, là je vais m'énerver.

J'hausse les épaules.

– C'était le rêve de Ginny d'aller à New York, pas le mien.

– Mais oui bien sûr... marmonne mon père.

Je soupire.

– Je peux pas y aller sans elle, j'aurais l'impression de lui voler sa place là-bas, et puis ouais j'ai tous mes potes ici, comment ils vont faire si je suis pas là pour me mêler de toutes leurs histoires et les sortir de leurs galères ?

– Ils apprendront à devenir autonomes et à se comporter comme des adultes responsables au lieu de se reposer sur toi, répond mon père. Tu ferais définitivement une très mauvaise psychologue, tu t'investirais beaucoup trop.

– Tu sais que le prix d'une année au conservatoire c'est 30 000 dollars ?

– Ça tombe bien, l'avocat a appelé cette semaine, ils ont enfin débloqué les fonds du procès, tu vas bientôt recevoir un joli virement de 1 500 000 dollars sur ton compte.

– Je veux pas de cet argent, j'affirme en plongeant le nez dans ma tasse de thé.

– Oh crois-moi ma fille, tu vas accepter cet argent ! me contredis mon père. Ils te le doivent bien, tu vas en avoir besoin pour payer ta thérapie, et ta fac d'art hors de prix, et l'appart qui va avec !

this is me trying || Amour SucréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant