épisode cent-trente

15 1 0
                                    

GINNY

Cachée contre une porte, j'observe Lysandre sans un mot, jaugeant le pour et le contre. Je devrais aller le voir, passer du temps avec lui, mais il semble si paisible quand il écrit... Je n'ai pas envie de le déranger par ma présence.

C'est alors qu'il se met à rire sans raison, toujours penché au-dessus de son carnet.

– Tu crois que je ne t'ai pas vu arriver ?

Il lève les yeux vers moi et sourit.

– Tu dégages une aura si particulière que je sais toujours quand tu es dans la pièce avec moi.

Il doit me confondre avec quelqu'un d'autre parce que je ne suis pas le genre de personne qu'on remarque. Je me sens rougir et finis par m'approcher de lui pour l'embrasser timidement.

– Tu avais l'air concentré, je ne voulais pas te déranger...

– Me déranger ? répète Lysandre. Ça ne risque pas.

Il m'attire vers lui pour me prendre dans ses bras avant de me lancer un regard inquiet:

– Tu te sens bien ? Tu sembles soucieuse.

– Disons que je ne risque pas de retourner en boîte de si tôt.

Il me faut un temps de pause pour me remettre d'une interaction sociale, un temps plus ou moins long et il est clair que cette sortie, même si nous y avons passé que quelques minutes, nécessite plus d'un weekend pour s'en remettre.

– Tu n'aurais pas dû les accompagner si tu ne te sentais pas d'y aller.

J'aimerais que ce soit aussi simple...

Je préfère changer de sujet :

– Qu'est-ce que tu écris ?

– Oh, pas grand chose... répond-t-il en refermant son carnet, visiblement gêné. Je te ferai lire quand ce sera terminé si tu veux.

J'hoche la tête d'un signe positif.

– Au fait, reprend-t-il. Je voulais te demander... Est-ce que tu accepterais d'aller au bal de promo avec moi ? Je sais qu'il n'y a pas de fanfare ou de micro ou de chans-

– Oui, je réponds presque sans hésitation.

Je lui lance un sourire sincère et le remercie silencieusement d'avoir simplement posé la question, sans la déclaration publique hyper kitch qui va avec.

***

– Il faut absolument qu'on vous trouve des robes de bal ! s'exclame Rosalya, un peu trop enthousiaste à mon goût.

– On a qu'à y aller après les cours, propose Octavia.

– Mais les examens finaux arrivent dans-

– Chuuut ! le coupe Octavia. Aujourd'hui, tu lâches tes cours et tu viens choisir ta robe de bal avec nous.

Je lance un regard à mon casier, d'ici trois semaines, les cours seront terminés, ce qui signifie que nous entrons dans le rush final. Je ne peux pas me permettre de relâcher mes efforts maintenant, après tout qu'est-ce que sont trois petites semaines à côté de quatre ans ?

– J'ai même pas prévu l'argent pour aujourd'hui, j'affirme, bien décidée à sécher la séance shopping.

– Ginny-chérie... soupire Octavia en secouant la tête avec dépit.

Elle se plante devant moi et pose ses mains sur mes épaules avant de reprendre :

– T'as pas l'argent pour acheter une robe de bal digne de ce nom, alors tu vas laisser Tata Octavia jouer les marraines la bonne fée et t'acheter la robe de tes rêves !

– Je peux pas-

– Qu'est-ce qu'on a dit ? me coupe-t-elle.

Je soupire avant de répondre :

– Que j'ai pas d'argent alors que toi oui alors c'est normal que tu me paies ce genre de choses parce que c'est la redistribution des richesses.

– Exactement, confirme Octavia. Tu vois le meme du chat communiste ?

Elle lève le poing en regardant vers le ciel :

– Mon argent est notre argent, clamons-nous en chœur.

– Des fois j'oublie à quel point vous êtes bizarres, commente Rosalya. Et puis vous faites ce genre de choses...

Octavia pouffe et je me mets à sourire. Mes cours sont importants, mais le bal de promo l'est aussi. C'est la consécration, la soirée qui signe la fin de nos études secondaires et la potentielle réussite de nos examens. C'est le soir auquel on rêve depuis qu'on est petites et auquel je ne pensais pas assister il y a encore quelques mois.

Alors oui, j'accepte de refermer mon casier et me dirige en cours avec la ferme intention de m'avancer sur mes devoirs lors de la pause déjeuner pour pouvoir assister à ce grand moment !

– Les filles !!

Nous sommes interrompues dans notre route par Alexy qui nous saute littéralement dessus. Il nous prend dans les bras à tour de rôle avec Octavia en nous remerciant chaleureusement.

– Je suppose que votre soirée au Moondance s'est bien terminée, commente Octavia en riant.

– Absolument pas, c'était une catastrophe ! répond Alexy. Kentin a voulu jouer les gros durs et a failli se faire casser la gueule par trois types mais Evan l'en a empêché. Ils nous ont planté là et on n'a pas eu de nouvelles pendant plusieurs jours. Mais hier soir, il a demandé à nous parler et nous a tout raconté avec Armin. Il nous a expliqué qu'il a intégré l'école militaire à 10 ans quand nos parents biologiques sont morts, qu'il a vécu des trucs... pas faciles. D'ailleurs O', il se demande comment t'as fait pour deviner ça, il se demande si tu serais pas une sorte de mentaliste ou de médium, il croit que t'es la sœur cachée de Spencer Reed, c'est dire ! Bref, il nous a aussi expliqué comment il a rencontré Ken et l'a pris sous son aile et s'est excusé de son comportement.

Armin nous rejoint à ce moment-là, les mains dans les poches de son jean et ajoute :

– Il semblerait que t'es des super-pouvoirs de contrôle de l'esprit à la Wanda Maximoff.

– Mais grave ! s'exclame Alexy. Il nous a annoncé hier qu'il avait appelé son école et ils lui ont fait une offre : un poste d'instructeur. Il prévoit d'y aborder la prévention contre le harcèlement et tout, c'est génial !

– Et vis à vis de vous ? demande Octavia.

– Et bien il a promis de ne plus jamais nous entraîner en boite, répond Armin, visiblement soulagé. Mais il semble bien décidé à rester dans le coin.

– Et nos parents lui ont proposé de se joindre à nous pour le dîner du dimanche, ajoute Alexy. Alors il semblerait que tout est bien qui finit bien !

– Et Kentin ? demande Rosalya. Pas que ça m'intéresse, mais quelqu'un a des nouvelles de lui ?

– Evan a dit qu'il s'occupait de lui remettre la tête sur les épaules, confirme Alexy avant de se tourner vers moi : Je sais pas ce que tu lui as dit, mais apparemment ça l'a fait réfléchir. Bien sûr, il sera trop fier pour le reconnaître mais je crois qu'il va remonter la pente, même si ça risque de prendre du temps.

C'est là-dessus que nous entrons en cours de maths.

C'est là-dessus que nous entrons en cours de maths

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
this is me trying || Amour SucréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant