Un seul regard peut métamorphoser un cœur

Chapitre 7 : Le Silence du Cœur

C'était le dernier jour que nous allions passer en groupe, et cette fois-ci, tout était différent. La veille, j'avais ressenti un craquement profond dans mon cœur, comme si quelque chose se brisait lentement et irrémédiablement. Ce sentiment déchirant m'a conduite à prendre une décision incongrue pour ce dernier jour. Au lieu de m'asseoir à côté de lui comme d'habitude, partageant des rires et des moments complices, je me suis installée devant lui, une distance physique et émotionnelle marquée.

Le jour était devenu une épreuve silencieuse. Je luttais pour rester concentrée sur le travail en cours, mais chaque fois que je levais les yeux, je ressentais la présence de son regard sur moi. C'était comme une chaleur persistante, un contraste saisissant avec la distance que j'avais mise entre nous. J'avais décidé de m'asseoir à côté d'un autre garçon du groupe, espérant échapper à l'intensité de ce regard qui me brûlait presque.

Alors que nous étions en pleine discussion sur la mission de groupe, le garçon à ma gauche, Max, a tenté de briser la glace.

— "Eh, ça va ? Tu as l'air un peu dans la lune aujourd'hui," a-t-il dit avec un sourire amical.

— "Ouais, désolée, c'est juste... beaucoup de choses à penser," ai-je répondu, feignant la légèreté.

Max a hoché la tête, comme s'il comprenait.

— "C'est normal, avec la mission à préparer. T'as vu les tâches qu'on doit se répartir ? C'est pas de tout repos," a-t-il poursuivi, tentant de me ramener à la réalité.

— "Oui, je sais," ai-je dit, cherchant désespérément à me concentrer sur autre chose. "Mais j'essaie de ne pas trop me laisser submerger. On a encore le temps, non ?"

— "C'est sûr, mais je préfère me préparer un peu à l'avance. Tu as une idée de ce que tu veux faire ?"

— "Pas vraiment." ai-je répondu, tout en espérant qu'il ne remarquerait pas que je parlais sans vraiment réfléchir.

Nous avons continué à échanger des banalités, Max semblait vouloir me soutenir, mais je ne pouvais pas m'empêcher de sentir le regard d'Adrien, même de l'autre côté de la table. Chaque sourire que je lançais à Max, chaque éclat de rire qu'il provoquait, était teinté d'une amertume que je ne pouvais ignorer.

Soudain, Adrien a pris la parole, interrompant notre discussion.

— "Alors, où en est le groupe sur la mission ? Vous avez avancé ?" a-t-il demandé, un sourire lumineux sur le visage.

Le simple son de sa voix m'a fait frissonner, mais j'ai maintenu mon attention sur Max.

— "On était justement en train de discuter des tâches à se répartir," ai-je répondu, sans même oser le regarder. "On pensait se diviser le travail pour aller plus vite."

Max a embrayé, espérant désamorcer la tension.

— "Oui, et on a quelques idées assez cool pour la présentation. Tu pourrais apporter tes idées, Adrien."

Je l'ai senti se raidir à cette mention. À cet instant, je savais que je devais me montrer forte, que je devais garder mes émotions à distance, mais la vérité me frôlait comme une brise froide. J'étais coincée entre le désir de ne pas me laisser abattre et l'envie irrésistible de me tourner vers lui.

— "Bien sûr, je suis là pour ça," a-t-il répondu, son ton aussi chaleureux que d'habitude.

Mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser que chaque mot qu'il prononçait résonnait comme un écho de tout ce que j'avais perdu, et cette distance que j'essayais de mettre entre nous ne faisait qu'augmenter mon agitation intérieure.