Oracles ~ La saison des Effacés

Chapitre 34 : Dette

Cela faisait plusieurs minutes que Victorien était réveillé. Et plusieurs minutes qu'il se concentrait pour déterminer quelle partie de son corps lui faisait le plus souffrir, sans qu'il ne puisse trouver de réponse définitive.

Vu l'apparence de la chambre dans laquelle il était installé, avec ses néons, ses murs blancs et ses affreuses frises colorées qui les longeaient, il se trouvait dans le plus grand hôpital d'Astras. Son téléphone, que les autorités lui avaient visiblement rendu, était posé à sa gauche, sur une table en bois clair. Il s'en saisit en grimaçant – le moindre mouvement lui faisait mal aux muscles.

Son premier réflexe fut d'envoyer un message à Jahad et Elaria. Un simple "bonjour, bien dormi ?" qu'ils trouveraient sans doute bien moins amusant que lui.

Trente minutes à peine plus tard, ses deux amis débarquèrent dans sa chambre comme des tempêtes.

- Je vais t'étrangler, lui dit promptement Elaria.

- Bonjour à toi également.

- Je vais l'y aider, ajouta Jahad.

- C'était bien la peine de m'amener à l'hôpital, si c'était pour faire ça.

Ses deux amis s'installèrent sur les tabourets qui étaient posés juste à côté du lit. Ce n'était pas leur première visite, donc. Elaria se pencha vers lui pour saisir sa main et la serrer dans la sienne. Elle était fraîche. Il la laissa faire, et lui renvoya même une pression en retour.

- Comment tu te sens ? demanda Jahad.

- Fatigué, admit Victorien. J'ai mal partout.

- C'est normal. Les médecins ont eu beaucoup de travail. Tu étais en très mauvais état.

- C'est presque un miracle que le trajet en téléporteur ne t'aies pas achevé, ajouta Elaria. Remercie Jahad, et surtout Alistair, qui t'ont prodigué les premiers soins.

Pour Alistair, il lui enverrait un message plus tard. Jahad, en revanche, il lui exprima sa gratitude immédiatement. Son ami inclina la tête d'un air sévère, mais néanmoins joyeux.

- Depuis combien de temps je suis ici ? s'enquit Victorien.

- Six jours, répondit Elaria. Je m'attendais presque à ce que tu te transformes en papillon, avec tous ces bandages sur toi.

Il était vrai que Victorien ne s'était jamais aussi proche de l'état de cocon.

- Et j'ai raté des choses ?

- Oh, trois fois rien, juste une tentative de coup d'état à grande échelle.

- Très drôle.

- N'est-ce pas ? Ce n'est pas une blague, d'ailleurs.

Devant l'air perplexe de Victorien, Jahad poussa un long soupir et se décida à lui faire un résumé concis de ce qu'il avait manqué, du moment où il avait quitté le palais d'Astras pour traquer les haut-placés. Si Victorien s'attendit à quelque chose de croustillant, il arriva tout de même à être surpris par l'audace des Valians dans tout ça.

Ils avaient vraiment cru pouvoir renverser le continent à eux seuls ? Oh, ils représentaient un danger sérieux, mais auraient-ils vraiment réussi leur plan s'ils n'avaient pas été arrêtés avant ?

- Franchement, réfléchit Elaria, peut-être. Apparemment, tout était bien rôdé.

- Ils auraient tué certains dirigeants avec certitude, ajouta Jahad. À voir si ça aurait suffi.

- J'en doute, avança Victorien. Mais ça aurait grandement affaibli les différents gouvernements. Et peut-être causé une sorte d'impunité généralisée.