Partir ou rester

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    Cinq ,quatre ,trois ,deux ,un ,zéro. Le décompte se termine pour faire place à un Thiler souriant et détendu.

- Que celles qui ont décidé de participer restent dans la cour .Les autres seront ramenées directement chez elles. Le plus grand nombre se dirige vers la sortie.

- On vient de me signaler que vous êtes vingt sept à avoir fait le choix de tenter l'aventure. Bravo! Gardes, veuillez reconduire les non participantes jusqu'aux camions, les candidates, seront ensuite emmenées dans leur lieu de villégiature  si vous me permettez l'expression dès que les derniers fourgons seront partis.

La salle se vide peu à peu. Les femmes qui ont décidé de rester sont silencieuses. Elles arpentent la cour de long en large le visage fermé, concentrées sur leur objectif. La peur est présente mais ce n'est plus ce qui domine. Elles veulent gagner. Elles sont déterminées.  Elles attendent , peut- être une heure ou deux . Le temps ne semblait plus avoir de prise sur elles. Justine garde les yeux fermés et pense à ses enfants. Elle est prête. 

- Mesdames, nous allons procéder au remplissage des véhicules. Dit un lieutenant. Vous serez un peu plus de six par véhicule. Avant de partir, nous allons vous injecter une substance qui va vous endormir jusqu'à votre destination. Vous vous réveillerez chacune dans votre palace. Les femmes jusque là très calmes  commencent à mesurer à s'agiter. Et la peur reprend le dessus. Une petite femme blonde s'avance vers le lieutenant levant la main comme l'exige la Loi , pour demander la parole. Le lieutenant lui donne son autorisation d'un signe de tête.

- J'ai changé d'avis, finalement, je voudrais rentrer s'il vous plait.

Une autre femme terrorisée n'attend même pas l'autorisation du Lieutenant pour parler.

- Moi aussi s'il vous plait. Je me suis fourvoyée. Je ne vais pas y arriver.

- Impossible, la Sélection a déjà commencée vous avez fait votre choix. 

- Je vous en prie . Dit la petite blonde en sanglotant. Je ne veux plus participer. Appelez mon mari.  C'est le second du ministre des finances, je vous en prie. Pitié.

- Je me vois dans l'obligation de refuser , les règles sont les règles. Mettez vous toutes en ligne, nos infirmiers vont passer.

Le bruit métallique des roues d'un chariot se fait entendre. Deux ambulanciers arrivent ,avec sur leur plateau roulant  vingt -sept seringues remplies d'un liquide brunâtre, bientôt suivis par une dizaines de gardes trainant des civières.

- Allez !!Placez vous les unes derrière les autres, le plus rapidement possible. Nous allons commencer . Dit le Lieutenant d'une voix sèche.

Les femmes s'avancent, elles se rassurent  en se disant qu'elles ne risquent rien, qu'on ne va pas les euthanasier en direct avec leurs maris aux premières loges devant la télévision. La première reçoit son injection dans le cou et s'affaisse presque immédiatement. Deux gardes la place sur une civière et la sortent pour la déposer dans un des camions. La troisième qui s'est évanouie, est  piquée  à même le sol . Il leur faut moins de vingt minutes pour anesthésier les vingt- sept candidates. Une fois endormies, ils les allongent  comme de vulgaires sacs à patates, les unes à côté des autres sur le sol froid des fourgons. Quand la dernière est chargée, ils claquent les portes  et le convoi s'ébranle ,prenant la direction du lieu choisi pour la Sélection. Quand leur destination est atteinte,  ils garent  leurs véhicules non loin des trous . Le spectacle qui s'offre à eux et à toutes les caméras est impressionnant, cataclysmique et fait même reculer un des soldats. Devant eux s'ouvre une immense clairière  entourée de grands arbres. Une partie de ceux-ci ont été arrachés et au milieu, espacés de trois mètres, de profonds trous sont creusés dans la terre. Il y en a une centaine, ils ont vu grand. 

Les gardes déchargent les femmes et les jettent dans les caisses qui se trouvent à l'intérieur des trous. Puis ils les scellent les unes après les autres, vérifiant qu'elles sont bien étanches. Ils ajustent sur chacune d'elles deux grands tuyaux et posent des joints autour pour ne pas que la terre remplissent le pseudo cercueil. Chaque conduit est placé à l'extérieur des cavités sur la terre ferme. Puis les tractopelles arrivent et comblent tous les trous. Un soldat au bord du malaise perd l'équilibre. Il se ressaisit.

La nuit et le silence viennent de recouvrir toutes ces femmes endormies

L'ÉmancipationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant