Le soleil est encore bas sur l'horizon, mais déjà, l'activité bat son plein dans la cité de Thèbes. Les rues de terre battue sont envahies par une foule de citoyens égyptiens, vêtus de tuniques blanches, les épaules couvertes de poussière, se dirigeant vers le grand temple de Ra, le dieu solaire et maître de toute l'Égypte. Les colonnes massives du temple se dressent vers le ciel, leurs gravures complexes racontant les légendes de la puissance divine de Ra, le dieu venu des étoiles. Dans l'ombre de ces colonnes, Amara se tient immobile, son cœur battant la chamade.
Elle est entourée de sa famille : son père, un homme sévère au visage marqué par les années passées à servir comme scribe ; sa mère, une femme discrète dont le regard reste constamment baissé ; et son jeune frère, Meren, dont les yeux brillent d'une admiration naïve pour le spectacle à venir. Amara, bien qu'émerveillée par la majesté de la cérémonie qui se prépare, ne peut s'empêcher de ressentir une légère nausée, un malaise grandissant à l'idée de ce qu'ils vont voir.
Les tambours commencent à battre, un rythme sourd qui résonne dans la poitrine d'Amara, faisant écho à son anxiété. Les prêtresses de Ra, parées de lin fin et de bijoux d'or, commencent à chanter, leurs voix s'élevant en une harmonie envoûtante. Amara observe ces femmes avec une certaine fascination. Elles sont belles, puissantes, et leur dévotion à Ra semble inébranlable. Parmi elles, se tient Neferu, la grande prêtresse, dont la grâce et l'autorité surpassent celle de toutes les autres. Les yeux de Neferu sont rivés sur l'horizon, où l'on perçoit déjà l'arrivée imminente de Ra.
Amara sait ce qui va suivre, tout le monde le sait. C'est le jour de la grande apparition annuelle de Ra, où il descend du ciel dans sa grande "barque solaire", un vaisseau doré capable de traverser les cieux. Ce rituel, célébré chaque année, est censé renouveler la force et la puissance de Ra sur Terre, rappelant à tous les mortels qu'ils vivent sous le règne d'un dieu vivant. Mais Amara ne peut chasser de son esprit la vision de la "barque solaire" telle qu'elle l'a un jour entrevue à distance : un vaisseau, mécanique et froid, loin des descriptions sacrées des textes anciens.
Alors que le soleil monte lentement, un murmure parcourt la foule. Les chants des prêtresses se font plus intenses, plus pressants. Soudain, une lumière éclatante apparaît dans le ciel, une traînée de feu qui descend vers la terre. Les fidèles lèvent les bras en signe de révérence, leurs voix unies dans un cri de ferveur. Amara, elle, ne peut détourner son regard de cette lumière, son estomac se nouant à mesure que la barque solaire de Ra se rapproche.
Le vaisseau se pose avec une précision inhumaine au sommet de la pyramide qui sert de temple à Ra, son éclat doré illuminant toute la cité. La chaleur qui en émane est presque palpable, comme si le soleil lui-même s'était rapproché de la Terre. Amara sent la sueur perler sur son front, non seulement à cause de la chaleur, mais aussi de l'appréhension qui grandit en elle. Autour d'elle, la foule est en transe, prosternée devant la grandeur du dieu vivant. Même son père, habituellement si stoïque, s'incline profondément, ses mains tremblant légèrement.
Les portes du vaisseau s'ouvrent dans un souffle de vapeur, et une silhouette imposante en émerge. Ra. Il porte une armure dorée qui reflète la lumière du soleil, une coiffe en forme de disque solaire surmontée de l'uraeus, le cobra sacré. Son visage est masqué par un casque représentant le dieu faucon, ses yeux rouges incandescents ne laissant aucun doute sur sa nature divine, du moins aux yeux des fidèles. À ses côtés se tiennent plusieurs gardes jaffas, leurs armures et lances complétant cette démonstration de puissance.
Ra descend lentement les marches de la pyramide, chaque pas résonnant comme un tonnerre dans le silence sacré. La foule retient son souffle. Amara, elle, ne peut s'empêcher de ressentir une peur viscérale, une terreur qui transcende la simple crainte de l'inconnu. Il y a quelque chose de profondément inhumain dans cette figure divine, quelque chose qui provoque en elle un rejet instinctif.
Ra lève une main gantée et la foule éclate en acclamations. Sa voix, amplifiée par une technologie inconnue, résonne comme un grondement de tonnerre. Il parle de prospérité, de protection, de la bénédiction qu'il accorde à ses sujets. Mais Amara ne peut entendre que le vide derrière ses paroles, une promesse creuse cachant la domination implacable d'un tyran venu d'ailleurs. Elle sent Meren se cramponner à elle, son petit corps tremblant de peur et d'émerveillement mêlés.
Alors que Ra descend encore plus bas pour se mêler à ses fidèles, une procession de prêtres s'approche avec des offrandes : fruits, encens, statues en or. Parmi ces prêtres, Amara aperçoit Horemheb, le soldat. Leur regard se croise brièvement, mais ce fut suffisant pour qu'elle perçoive l'ombre d'un doute dans ses yeux, un doute qui résonne avec le sien. Horemheb, bien que fervent serviteur de Ra, ne semble pas complètement aveugle à la vérité qui se cache derrière les apparences.
La cérémonie se poursuit, chaque geste et chaque mot soigneusement orchestrés pour impressionner et subjuguer. Amara se sent de plus en plus étouffée, comme si l'air même était saturé de l'aura oppressante de Ra. Elle se force à rester immobile, à ne pas trahir ses pensées. Autour d'elle, tous sont absorbés par le spectacle, leurs esprits enivrés par la proximité du dieu. Même sa mère, habituellement si prudente, affiche un sourire béat.
Enfin, après ce qui semble être une éternité, Ra se tourne et remonte les marches de la pyramide, sa silhouette se détachant contre le ciel devenu rougeoyant au coucher du soleil. Il entre dans son vaisseau, et dans un vrombissement assourdissant, la barque solaire s'élève dans les airs, disparaissant dans le ciel comme elle est venue. La foule éclate en acclamations frénétiques, louant le dieu qui les a bénis de sa présence.
Amara se retrouve seule dans la foule, ses pensées un tourbillon chaotique. Comment peut-elle continuer à vivre dans ce monde où la vérité semble si fausse ? Où les dieux ne sont pas des êtres bienveillants, mais des tyrans venus des étoiles pour asservir l'humanité ? Elle serre les poings, tentant de chasser ces pensées dangereuses de son esprit. Mais quelque chose en elle, une petite flamme de rébellion, refuse de s'éteindre.
La famille d'Amara quitte lentement le temple avec les autres fidèles, leurs visages encore illuminés par la ferveur de la cérémonie. Son père discute avec d'autres scribes des bénédictions à venir, de la prospérité que Ra leur a promise. Meren sautille à leurs côtés, racontant avec excitation tout ce qu'il a vu. Amara, elle, reste silencieuse, perdue dans ses réflexions. Alors qu'ils approchent de leur maison, une petite demeure de briques de boue près du Nil, sa mère pose une main sur son épaule.
« Tu es silencieuse aujourd'hui, Amara. Es-tu malade ? »
Amara secoue la tête, un sourire forcé sur les lèvres. « Non, mère. Je suis juste fatiguée. »
Sa mère semble satisfaite de cette réponse et ne pose pas d'autres questions. Amara entre dans la maison, ses pensées tournées vers ce qu'elle a ressenti pendant la cérémonie. Le doute, la peur, et surtout, la réalisation que tout ce en quoi elle a cru peut n'être qu'une illusion. Elle ne peut plus ignorer ce qu'elle a vu, ce qu'elle sait au fond d'elle-même.
Cette nuit-là, alors que le silence s'installe sur la ville, Amara se couche sans trouver le sommeil. Les images de Ra, de son vaisseau, et des acclamations de la foule tournent en boucle dans son esprit. Elle se demande combien de temps encore elle pourra prétendre croire en ce dieu des étoiles. Combien de temps avant que la flamme en elle ne devienne un feu qui pourrait tout dévorer ?
Le lever de Ra a été grandiose, mais pour Amara, c'est le début de quelque chose de bien plus profond. Quelque chose qu'elle n'a pas encore les mots pour décrire, mais qui la conduira bientôt sur un chemin dangereux. Un chemin où elle ne sera plus une simple spectatrice, mais une actrice dans l'ombre, cherchant à découvrir la vérité derrière les masques divins des Goa'uld.
VOUS LISEZ
Stargate : Egypte
FanfictionEn Egypte antique, suivons l'histoire d'Amara et d'autres pendant que la terre est gouvernée par le Goa'Uld Ra.