Stargate : Egypte

Chapitre 2 : Les secrets des scribes

Les rayons du soleil percent à travers les fenêtres étroites du petit atelier où Amara travaille aux côtés de son père. Leurs outils sont simples : des roseaux taillés en pointes, des encriers en terre cuite remplis de noir et de rouge, et des rouleaux de papyrus délicatement déroulés sur une table de bois grossièrement taillée. Pour Amara, ce lieu est à la fois une source de fierté et de malaise. Elle aime l'odeur de l'encre fraîche, la sensation du papyrus sous ses doigts, et la précision du travail de scribe. Pourtant, depuis la cérémonie de Ra, une part d'elle-même se sent oppressée dans cet espace, où chaque mot qu'elle transcrit semble renforcer le mensonge qu'elle commence à percevoir.

Son père, Amenhotep, est un homme strict, mais pas sans affection pour ses enfants. Il est fier de la dextérité d'Amara avec la plume, une compétence rare pour une femme en ces temps. À ses yeux, elle est une bénédiction pour la famille, une alliée précieuse dans leur tâche sacrée de consigner l'histoire et les décrets de Ra. Il n'imagine jamais que cette même éducation pourrait semer en elle les graines du doute.

« Amara, fais attention à ce passage, » dit Amenhotep en pointant du doigt un extrait sur le rouleau de papyrus. « Ce sont les paroles de Ra lui-même, consignées par ses prêtres. Elles doivent être copiées sans la moindre erreur. »

Amara acquiesce en silence, mais son esprit vagabonde. Depuis la cérémonie, elle se sent étrangère à son propre travail. Copier ces mots lui semble trahir la vérité qu'elle entrevoit. Pourtant, elle continue à tracer les caractères avec une précision parfaite, comme si ses mains étaient indépendantes de son esprit.

Les mots qui défilent sous sa plume la perturbent plus que jamais : des éloges à la gloire de Ra, des promesses de prospérité pour ceux qui se soumettent à sa volonté, et des avertissements terrifiants pour ceux qui osent défier le dieu vivant. Amara se sent comme un instrument du pouvoir, renforçant chaque jour la domination des Goa'uld sur son peuple.

Mais ce jour-là, quelque chose d'inattendu se produit. Alors qu'elle déroule un ancien rouleau de papyrus, un fragment se détache, révélant un texte caché en dessous. Ce texte n'est pas comme les autres. Les caractères sont différents, plus anciens, et l'encre semble presque s'estomper sous l'effet du temps. Amara s'arrête, le cœur battant plus fort. Son père ne semble pas avoir remarqué l'anomalie, absorbé qu'il est par son propre travail.

Amara sent une montée d'excitation mêlée de crainte. Elle ne sait pas pourquoi, mais elle est convaincue que ce texte caché est important. Discrètement, elle pose la plume et se penche sur le fragment révélé. Ce qu'elle lit la fait frissonner.

Le texte parle d'un temps avant Ra, avant que les dieux n'aient descendu du ciel pour régner sur l'humanité. Il raconte une histoire de rois humains, de guerres et de héros. Il y est question d'une civilisation florissante qui bâtit des villes et des temples, non pas en l'honneur de Ra, mais pour célébrer leur propre humanité. Amara n'a jamais rien lu de tel. Toute sa vie, on lui a enseigné que Ra et les autres dieux sont les seuls maîtres de la Terre depuis des temps immémoriaux.

Ses mains tremblent alors qu'elle continue à lire. Le texte parle aussi de la venue des "faux dieux" – des êtres venus des étoiles, qui asservissent les hommes par la force et la ruse, se proclamant divins pour justifier leur tyrannie. Amara déglutit, son esprit tourbillonnant. Est-ce possible que ce texte dise la vérité ? Que tout ce qu'elle a appris ne soit qu'une vaste supercherie ?

Elle jette un coup d'œil furtif à son père, qui est encore concentré sur sa propre tâche. Prenant une décision audacieuse, Amara détache délicatement le fragment de papyrus caché et le glisse dans la poche de sa tunique. Elle sait que c'est risqué, mais une force en elle – peut-être cette même flamme de rébellion qui a été allumée lors de la cérémonie – la pousse à agir.