LA COURS A SCANDALE

06. Buffet matinal mouvementé

Lorsque j'ouvre les yeux le lendemain, je repense aussitôt à Athénaïs, la reine de Zélie. Je n'arrive pas à croire que dès le matin elle vient me hanter. J'ai surtout dû mal à digérer que mon frère l'ait fait venir pendant une telle période. Le roi est malade, nous n'avons pas besoin que la Reine vicieuse du royaume voisin soit présente.

Je sors immédiatement de mon lit. Cette journée commence mal.

Je quitte mes appartements, vêtue d'un simple pantalon de coton, je suis torse nu et pied nu. Je traverse de long couloir, cherchant le buffet matinal de la famille. Une servante m'indique où me rendre. Ils sont tous dans le jardin autour d'une grande table.

Ma mère est présente en bout de table, Nolan discute avec elle aussi poliment que le ferait un prince héritier. Alexei tire une sale tête aux côtés de deux cousins à nous qui ont fait le voyage de leur compagne pour veiller sur le roi. Lukas et Nikolaï jouent face à face au bras de fer. Ils sont comme de la famille, ils ont leur place à la table royale.

Je m'approche de la table pour attraper un fruit. Je croque à pleine dent dans la pomme qui s'offre à moi. Ma mère râle en me voyant.

- Combien de fois t'ai-je dit de t'habiller avant de venir au buffet ?

- Mère, rit Alexeï, ne vous fatiguez pas ! Combien de fois lui avez-vous dit ? Une centaine ?

Je les ignore et préfère embrasser mes cousines, de sublimes femmes à la chevelure dorée. Elles semblent ravie de me voir, contrairement à d'autres. Je m'assois sur une chaise à côté d'elles.

Je les écoute me donner des nouvelles de leur parent et de leur ville, Ameline. Je suis très attentif jusqu'à ce que mes yeux rencontrent les sandales or d'une femme qui descend les escaliers du palais pour rejoindre le jardin.

La Reine de Zélie fait son entrée suivie de deux gardes qui l'escorte et je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué, Nolan aussi. Elle porte une robe longue bleu, couleur de son royaume. Le décolleté descend jusqu'à son nombril, il est maintenu par un nœud derrière sa nuque. J'imagine la beauté de son dos cambré.

J'oublie très vite.

Elle n'a pas de manche, ce qui laisse une vue royale sur ses bras, parsemé de joli grain de beauté. C'est seulement quand elle est assez proche que je remarque les cicatrices prouvant qu'elle est plus qu'une jolie reine intouchable, mais une guerrière.

Il n'y a pas de bijoux sur sa peau, pas de maquillage. Un joyau à l'état pur que j'ai envie de pousser dans la boue pour l'en tâcher.

Ses cheveux sont couverts d'un voile de la même couleur que sa robe. Il cache légèrement sa chevelure qui tombe sur son dos. Cela éveille tous mes sens. Je me redresse sur ma chaise, je suis tendu.

Elle salue tout le monde avec un sourire radieux qui ne m'est visiblement pas adressé. Elle dit bonjour à tout le monde, personnellement mon frère embrassant sa joue. Je pense tout bonnement qu'elle va s'asseoir près de mon frère.

Pourtant, je devrais me rappeler en permanence que si elle pouvait m'enfoncer une dague, elle le ferait. La Reine des vipères s'assoit à ma droite.

Je me rappelle au bout de quelques secondes qu'il faut que je respire. Elle boit une tasse de thé, en m'ignorant et j'oublie d'être discret dans mes regards.

Sa présence est insupportable. Quand elle pose la tasse sur la table, elle me regarde. Elle prépare son prochain coup.

- Dites-moi, vous savez qu'il existe des habits, Prince de Terane ? lance-t-elle en me toisant méchamment.

- Non, Reine de Zélie.

Faut-il que, dès le matin, elle m'adresse la parole ? Je la sens d'humeur à se battre verbalement avec moi. Ses yeux brillent d'un éclat vicieux.