Chapitre 3

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Durant les quelques instants qui ont suivi un silence gênant planait dans l'air. J'observais par la fenêtre le paysage en retenant mon souffle. Ressentant les larmes menacer mes paupières.

Si je savais ....

Je serais restée un peu plus longtemps à l'école. Pffff, qu'est-ce que ça aurait changé de toute façon ?

J'ai refoulé mes larmes pour dissimuler ma douleur. Lorsque nous avons emprunté la douzième rue menant au centre-ville, il s'est retourné et a pris la parole.

_ J'ai appris que tu as obtenu ton diplôme de fin de cycle.

_ ....

_ C'est une bonne chose que tu saches au moins lire et écrire.

J'ai fait l'effort de me contenir pour ne pas lâcher.

Il a poursuivi...

_ Tu vas rester dans ma demeure en attendant la célébration du mariage.

_ Vous n'avez pas honte ?

_ Pourquoi éprouverai-je de la honte ?

_ Qu'est-ce qui peut bien pousser un homme à épouser une femme qui pourrait avoir l'âge de sa fille ?

Il a souri faiblement avant de me répondre.

_ Pour plusieurs raisons.

_ Du genre....?

_ Je pourrais profiter de ta jeunesse et j'ai quatre vingt pourcent de chance d'être sûr que tu sois pucelle.

Mon visage est devenu livide.

_ Vous êtes un monstre !!!

_ Tu devras apprendre à te tenir en société dorénavant. Je ne vais tolérer aucune bavure.

J'ai inspiré profondément pour garder le contrôle.

_ Si vous voulez m'épouser parce que vous pensez que je suis toujours vierge j'ai bien peur de vous décevoir ...

Une lueur indéchiffrable a traversé son regard au même instant.

_ Je vais vérifier cela ne t'inquiète pas .

_ Comment ?

Demandé-je en retenant ma respiration.

Même si je n'avais pas connu d'homme je savais comment on faisait les bébés. J'ai pris peur soudainement. Allait-il abuser de moi ? Nonnnn, jamais je n'allais le laisser me faire une chose pareille.

"Qu'il aille au diable."

Il a posé sa main sur la mienne mais je l'ai retiré aussitôt.

_ Ne me touchez pas.

Dis-je avec dédain.

_ Tu vas passer un test pour que je sois rassuré que tu l'es toujours et je ferais en sorte qu'on te fasse faire des examens pour que je sois certain que tu n'aies aucune maladie.

_ Et si c'est le cas ? Vous allez me renvoyer chez mon père ?

J'ai vu une lueur d'espoir apparaître.

_ Je vais choisir un autre destin pour toi.

Mon coeur a fait un bond dans ma poitrine.

_ Vous pensez que vous êtes Dieu ? Je suis la maîtresse de ma vie , ni vous, ni personne ne va la contrôler.

_ Tu as la grande gueule, une chose de plus qu'on devra corriger au moment opportun.

_ ...

J'ai préféré me taire sinon j'allais péter un câble.

*

Le reste du trajet s'est fait en silence. Une demi heure plus tard, le véhicule s'est arrêté devant une résidence dans l'un des quartiers chics de la ville.

Il est sorti en premier et a fait signe à l'un de ses hommes. Celui-ci s'est approché de moi et m'a obligé à sortir du véhicule car je n'avais pas l'intention de le faire. Quand je l'ai rejoint à l'intérieur, il m'a fixé longuement avant de s'exprimer.

_ Je ne veux pas te blesser mais tu ne dois pas me pousser à bout non plus.

_ ...

_ Conduisez la dans sa chambre !

Dit-il à son homme de main.

Celui-ci m'a trainé dans une pièce à l'étage. Dès que nous sommes arrivés, il m'a poussé à l'intérieur et a refermé la porte à clé.

J'étais en prison, pour combien de temps ? Je l'ignorais.

Je me suis relevée et j'ai parcouru la pièce du regard. Dans un autre cas de figure, je serais dans l'extase à la vue d'un cadre aussi luxueux mais face à ma situation, je n'arrivais pas à prendre plaisir à tout ce que mes yeux voyaient.

Je me suis allongée sur le lit et j'ai laissé libre cours à mes larmes retenues trop longtemps. J'ai pleuré au point d'avoir les narines bouchées.  Lorsque je me suis levée pour me rendre dans la salle de bains et prendre un mouchoir afin de nettoyer mon visage, la porte de la chambre s'est ouverte.

Je suis restée figée, attendant de voir la face de la personne qui allait apparaître.
Mes muscles se sont relâchés quand j'ai vu une jeune femme avec un tablier se diriger au centre de la pièce.

_ Bonsoir , je m'appelle Andrea je serais à votre service jusqu'à nouvel ordre.

Je l'ai écouté en silence, la dévisageant d'un air vide.

_ ...

_ Je vous ai apporté des vêtements propres, pouvez-vous vous dévêtir ?

_ Pardon ?

J'ai cru avoir mal entendu.

_ Je vais vous donner votre bain mais je ne saurais le faire avec des vêtements.

_ Me donner mon bain ? Vous pensez que je suis un bébé ?

Dis-je à voix haute.

_ Je suis vraiment désolée, ce n'était pas mon intention de vous offenser mademoiselle. Je suis juste les consignes qu'on m'a laissé.

_ Et bien dans ce cas, allez dire à cette personne que je n'accepterai pas qu'on me lave. Je suis libre de le faire.

_ ...

Elle semblait être embarrassée.

_ Que faites-vous encore là ? Sortez !!!

Elle a sursauté et a déposé mes vêtements sur le lit avant de disparaitre par la même porte.

_ Il se prend pour qui ? Il pense sérieusement que je vais accepter tout et n'importe quoi !? Si c'est le cas, il se trompe lourdement. Je ne suis pas une marionnette à qui on donne des ordres et elle exécute sans avoir son mot à dire.

J'ai inspecté les vêtements qu'elle a déposé. Ils étaient tous de qualité supérieure. Était-ce ça ma nouvelle vie ? Porter des habits luxueux et vivre une vie insouciante ?

Tout ça devait probablement avoir un prix. S'il y'a bien une chose que j'avais apprise de la vie c'était qu'il n'y avait rien qu'un homme ne fasse gratuitement.

POURQUOI J'AI TUÉ MON MARI ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant