Les prémices

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Je n'ai jamais été la personne qu'on choisissait pour rester.
J'ai toujours été de celles qu'on abandonne une fois l'occasion présentée, une fois l'envie cessée et l'amour envolé.
Vous savez, au moment où les sentiments et la vie se corsent; au moment où l'amour est mit à l'épreuve, au moment où l'on commence à aimer en secret, afin de ne pas laisser son âme être dévoilée.
Je parle d'abandon car c'est le seul schéma dont on m'a toujours témoigné. Le seul qui m'ait été donner d'apprendre et d'expérimenter.
De ce fait, je suis une amoureuse de l'amour. Si l'on me pose la question: «Quel est ton fantasme?», alors je répondrais que je veux connaître l'amour sincère, véritable, qui ne heurte pas le cœur intentionnellement; l'amour dont on tombe amoureux au gré de soi.
J'ai été l'un de ces enfants abandonnés par la figure protectrice et aimante; l'adolescente meurtrie par le rejet d'une figure froide et distante; et je suis, à ce jour, une petite fille dans un corps d'adulte, à la recherche de cet amour envolé, abîmé, dans les bras d'une âme beaucoup trop éloignée pour la combler.

Voilà ce que j'écrivais à la fin du mois de juillet. Je souhaite aujourd'hui rectifier le tir en plaçant mes pensées à un niveau supérieur.
Alors voici, quinze jours plus tard:

J'ai longtemps cru que cela me définissait, que jamais je ne connaîtrai d'issue à ce tourbillon d'abandon.
Pourtant, l'univers m'en a offert les prémices.
Des sentiments inconnus, dont on ne m'avait jamais témoigné, ont chambouler chaque marche de cet escalier, construit, non sans peine, de mes propres mains abîmées. Des gestes et des mots en cadeaux pour panser ce cœur qui réapprenait à battre sous la douce mélodie d'un amour qui naît.
Voici l'introduction d'une relation naissante gâchée par les tourments d'une âme torturée par ses propres pensées.

Il est temps aujourd'hui d'avouer, qu'en vérité, je n'avais pas conscience de la chance qui était mienne. Mon esprit, bien trop occupé à me tourmenter, s'est fourvoyé et m'a convaincue que je n'étais pas légitime de recevoir un amour si léger.
Pourtant, s'il avait été placé sur mon chemin, ne m'était-il pas destiné?
Moi qui ai toujours adopté la politique «pas de regrets, vie plus gaie», je me retrouve encerclée de ce spleen que je me suis longtemps affairé à repousser.

Reprenons là où le mot «légitime» fut déposé.
Pourquoi ne pas se sentir légitime en amour?
Pourquoi ne serait-il pas juste de recevoir l'amour d'une personne dont les bonnes intentions sont si évidentes?
Le syndrome de l'imposteur existe mais pour s'en libérer, il est nécessaire de croire à nouveau en sa propre valeur; afin que notre valeur aux yeux d'autrui ne soit biaisée par des comportements, qui pour nous révèle de l'auto-protection, mais qui suscite chez l'Autre du rejet.
Car oui, nous, penseurs tourmentés, sommes aveuglés par les pensées parasites qui nous empêchent de vivre l'instant présent, au détriment des beaux instants offerts sur un plateau d'argent.
N'est-il pas dommage de se placer à ce point dans une case? De, finalement, se gâcher l'existence? La vie nous offre de belles plumes, de belles fleurs sur le chemin, de beaux horizons; mais notre incapacité à lâcher prise nous pousse à regarder en arrière toutes ces fleurs piétinées, tous ces recoins sombres non libérés; alors que, pleine de lumière, une main tendue nous attendait.
L'importance de ne pas avoir le regard embué de peurs et de doutes réside ici: bien des fois, nous passons à côté d'une opportunité; une opportunité donnée à notre âme pour avancer, peut-être dans l'inconnu, mais dans ce qu'elle attendait sans le savoir.

Tout cela pour dire, le temps ne serait-il pas propice à guérir?
Ne serait-il pas temps de se délester de ses blessures jusqu'à présent beaucoup trop ancrées pour s'en libérer? Ne serait-il pas temps de lâcher, de laisser aller?
D'abandonner? D'abandonner à son tour ses fardeaux, de se choisir. D'abandonner ces peurs, ces doutes, ces incertitudes, ces questionnements. «Ces» et non plus «ses».
Ne serait-il pas temps d'apprendre à respirer à nouveau en conscience, et non par habitude?
Ne serait-il pas temps de vivre, tout simplement?
Sans craintes, guidés par la lumière et l'amour que nous recevons et décidons d'accepter.

Nos traumatismes, nos blessures, nos chagrins ne nous définissent pas. Ils nous forgent, nous modèlent un temps mais ils ne sont pas une excuse.
Il n'est jamais trop tard pour choisir d'avancer, pour se choisir et pour choisir de guérir.

Un travail de longue haleine celui de la guérison, mais gardez à l'esprit ces trois petits mots que l'on m'a dit un jour. Ils paraissent insignifiants et pourtant je trouve aujourd'hui dans cette expression le plus grand apaisement et réconfort:

«Ça va aller». 🤍

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 12 ⏰

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