Notes de l'auteur : L'étranger n'est pas celui qui ne vit pas chez lui, mais celui qui ne s'y sent pas à sa place.
Dix ans avaient passé depuis le jour où le clan m'avait arraché mes parents. Dix ans à vivre chez mon oncle, Amdjao, celui qui, malgré les regards méprisants des autres, ne m'avait jamais laissé tomber.
J'avais toujours mes cheveux en bataille et une taille qui ne m'avait pas vraiment permis de dépasser grand monde, mais je m'étais bien étoffé. Petit mais costaud, comme Amdjao disait souvent, et c'était bien le cas.
Vivre avec lui m'avait appris à encaisser les coups durs. Il était un marchand et sa maison était au centre du village. Autant dire que ce n'était pas l'endroit idéal pour passer inaperçu contrairement au chalet de mes parents.
Chaque jour, on m'adressait les mêmes regards, les mêmes murmures, et mon agréable surnom d'Atesimi, signifiant que j'étais un orphelin du feu.
En tant que tel, j'étais perçu comme une anomalie, une cible constante de railleries pour me faire payer la faute de mes parents d'avoir brisé la loi ancestrale.
— Voilà l'Atesimi, il a eu 18 ans récemment, espérons qu'il n'engrosse pas l'une de nos filles, lançait une femme en me croisant.
— Je ne te le fais pas dire ! Ricana une autre dame bien en chair.
Voilà le genre de remarques que je pouvais entendre tous les jours.
Tous ces comportements avaient désagrégé peu à peu l'affinité que je portais envers mon clan. Ces gens, qui honoraient Ankakusu, n'avaient certainement aucune idée de ce que cela faisait de perdre sa famille à cause de cette prétendue divinité.
Au milieu de tout ça, seules deux personnes avaient droit à mon respect. Mon oncle, bien sûr, et Gaste, un Yaban, un étranger qui n'appartenait pas à notre clan, mais que j'admirais.
— Regarde, il est encore accompagné du sorcier pâle !
Contrairement à nous les Keturs, qui avions tous un teint mat et des yeux rouges feu, Gaste possédait une peau claire et des pupilles bleues. Ses talents de guérisseur ainsi que ses gadgets, qui dépassaient notre imagination, faisaient de lui un véritable sorcier dans l'esprit des membres du clan.
— Il devrait être enfermé et servir le clan comme les autres jusqu'à la fin de ses jours !
Chez nous, les Yabans avaient deux choix : mourir ou vivre comme esclaves, au service du village. Certains, de ceux qui choisissaient l'esclavage, partageaient leurs connaissances pour obtenir un semblant de confort.
Ce savoir qu'ils mirent à notre profit permit à notre peuple de bien se développer, surtout dans les domaines de l'agriculture et de l'artisanat. Encore une preuve que notre clan évoluait mieux avec les autres que renfermer sur lui-même.
— Tout cela à cause de son oncle, à croire que cette famille attire le mauvais œil.
Comme Gatse se rendait systématiquement chez nous lors de ses rares visites, cela donnait des billes supplémentaires à tous les adorateurs d'Ankakusu de cracher leur venin sur notre famille.
— Si elles t'agacent trop, je peux cramer leur maison, lui dis-je, dans l'espoir qu'il me donne la permission.
— Inutile, Akao. Et puis j'aime bien sorcier pâle, ça en impose, tu ne crois pas ? Dit-il avec son éternel sourire désinvolte.
Cette manie qu'il avait de tout prendre à la légère m'agaçait autant qu'elle me fascinait. Il n'avait pas besoin de prouver quoi que ce soit aux autres, et même les regards haineux glissaient sur lui comme sur une pierre lisse. Contrairement à moi qui n'arrivais pas à m'en détacher. Gaste donnait l'impression de se sentir ici chez lui, ignorant probablement la souffrance que je ressentais d'être un étranger parmi les miens.
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À la Recherche d'une Légende
ÜbernatürlichesDans un monde empli de magie et de légende, celle du Phénix, une créature mythique réputée pour ses pouvoirs de guérison et d'immortalité, occupe les esprits de trois individus qui se lancent à sa recherche. Akao, consumé par la haine, voit dans le...