this is me trying || Amour Sucré

épisode cent-trente-huit

OCTAVIA

Les yeux rivés sur mon téléphone, j'écris un post assassin à propos de la nouvelle du jour : Donald Trump a annoncé sa candidature aux élections présidentielles de 2016. En appuyant sur "Twitter", je me fais la promesse de régler tous les détails administratifs dès le lendemain de ma majorité pour pouvoir me pointer au bureau de vote le jour de l'élection dès l'ouverture !

Bien sûr, téléphone et escaliers font rarement bon ménage et je trébuche, me rattrapant de justesse au niveau de la dernière marche. C'est en levant les yeux que je découvre deux personnes en pleine discussion dans la cuisine.

– Oh là... je souffle, les sourcils froncés, en passant la porte. Le conseil de famille c'est rarement bon signe...

En général, mon père fuit le plus possible sa sœur jumelle. Ce n'est pas qu'il ne l'aime pas, bien sûr que non, ils ont juste des caractères très différents et supporter le tourbillon d'énergie de Tata Agatha lui demande beaucoup d'énergie. Alors les voir discuter calmement en face d'une tasse de café, c'est... carrément flippant.

– On t'attendait justement.

– Ok...

Je me hisse sur le tabouret d'en face et commence à tracer des petits cercles anxieux sur les ronces qui ornent mon bras.

– Alors ? je demande. A quelle sauce je vais être mangée aujourd'hui ?

– Je pense qu'un peu de caramel s'accorderait très bien à-

– Agatha... siffle mon père, les dents serrées.

– Oui, pardon.

Leurs regards se rivent vers moi et je comprends très vite quel est le sujet de cette intervention.

– Ginny vous a parlé ?

– Ouaip, confirme mon père. Elle nous a demandé de te convaincre d'accepter l'offre de New York.

– Vous perdez votre temps, j'ai dit que je n'irais pas.

– Alors pourquoi tu ne leur a toujours pas donné de réponse définitive ?

Je reste silencieuse, préférant garder pour moi les pensées qui s'affrontent dans mon esprit.

Mon père soupire et reprend :

– Quoi que tu décides, nous te soutiendrons, et j'admets que l'idée de te voir partir dans une ville comme New York ne me réjouit guère mais... Ce genre d'opportunités, ça ne se présente qu'une fois dans une vie.

– Ma chérie, ajoute Tata. Tu es douée, vraiment douée. Et tu adores le théâtre ! Est-ce que tu sais à quel point c'est rare dans ce monde de réussir à avoir un véritable talent pour sa passion ? On t'offre la chance d'aller étudier dans la ville de tes rêves et de fouler les planches de Broadway !

Elle marque une pause avant d'ajouter :

– Et tu as la chance de réaliser le seul rêve commun de cette famille et de monter sur scène...

J'arque un sourcil, les yeux rivés sur mon père. Ma tante est une artiste, elle a foulé les pieds de quelques scènes de Seattle sans jamais réellement réaliser l'impossible d'en faire son métier. Mais mon père ?

– J'ai eu le même choix à faire, à ton âge, confirme-t-il. La scène ou la médecine. J'ai choisi la médecine pour les mêmes raisons qui t'apprêtent à accepter la psychologie : parce que c'était trop risqué, que je voulais être utile au monde et... parce que j'avais peur.

– Arrête ! je m'exclame. Tu adores ce que tu fais ! Je vais être obligé de t'arracher le bistouri des mains parce que tu refuseras de prendre ta retraite !