Prologue 1.0

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Être adolescente, ce n'est pas facile tous les jours. La puberté fait jouer nos hormones, nos émotions et réactions sont donc plus violentes et nous nous retrouvons à dire ou faire des choses que l'on aurait jamais fait avant. Tout parait amplifié en nous, tout est beaucoup plus puissant et, surtout, nous devenons des inconnus, aussi bien pour nos proches que pour nous-même.

Je n'aurais jamais imaginé parler aussi durement à mes parents, leur claquer la porte au nez et leur dire tout ce que je viens de leur crier au visage. Le souvenir de notre discussion me revient en mémoire tandis que j'avance dans le parc, sans regarder où je vais, les écouteurs enfoncés dans mes oreilles pour me couper des bruits extérieurs.

- Lessy, tu as rangé ta chambre ?

- Non, maman...

- Tu as fait tes devoirs, alors ?

- pas encore, mais...

- Lessy Madidet ! Puis-je savoir ce que tu as fait pendant les deux heures que tu es enfermée dans ta chambre ?

Deux heures ? Non, pas tant quand même ! je regarde l'heure sur mon téléphone et voit effectivement qu'il est dix-huit heures trente.

- Lessy, tu vas lâcher ce portable, une fois pour toute, ou je vais te le supprimer ! Te souviens-tu de ce que ton père t'a dit lorsqu'il te l'a acheté ? Tu fais passer tes études et les relations en priorités ! Tu as cours demain, dois-je te le rappeler ?

- Non maman, mais c'est bon, j'en ai pas beaucoup, je les ferai après manger. Pas besoin de t'énerver.

- Si tu les avais faits directement en rentrant, tu aurais déjà fini et tu aurais été capable de ranger le bordel qui traine dans ta chambre ! Regarde-moi ça ! C'est une chambre ou un dépotoir ?

- C'est bon là ! Tu m'soule maman ! T'arrêtes pas de t'incruster partout, de m'insulter ! J'en ai marre. J'suis plus un bébé, c'est bon, j'ai quatorze ans, j'suis capable de me débrouiller seule sans que tu sois là ! je crie.

- Tu as vu comment tu me parles ? Je veux bien être ton amie, mais d'abord un peu de respect, jeune fille !

Je suis hors de moi, je n'en peux plus de ma mère qui se croit tellement supérieure à moi ! Ok, c'est ma mère, mais quand même !

- Vas-y, laisse-moi, je dis en sortant de la chambre.

- Tu vas où ?

- Qu'eque part où tu s'ras pas là pour me casser les pieds !

En prenant du recul sur la situation et maintenant que je suis apaisée, je commence à me sentir mal. Pourquoi est-ce que je lui ai balancé ça à la tête ? Pourquoi je me suis emportée comme ça ? Je n'aurais pas dû...

Les larmes me brûlent les yeux, la gorge me pique. Ça a l'air si facile d'être adulte, d'être grande ! Pourquoi alors je ne peux pas réussir à parler à mes parents, à me comporter comme mes amies le font avec les leurs ?

Quatorze ans, et je faute déjà ! Comment je vais survivre à ces dernières années de puberté si je ne peux pas me contrôler ?

« Le nouveau SUV ultra performant avec... »

Je coupe la pub qui passe, coupant court à mes réflexions et appuie sur le bouton ignorer.

En relevant les yeux, je rencontre deux puits gris sombre tels une nuit d'orage. Impossible de les lâcher du regard. Lui aussi m'observe, me scrute, détaillant mon visage dans les moindres détails, s'arrêtant sur mes lèvres quelques secondes de plus.

- Yan !

Nous sursautons à l'unissons et je remarque que derrière lui, deux autres garçons nous regardent d'un drôle d'air.

- Merci, je balbutie, le rouge aux joues.

Il me fait un clin d'œil et s'en va, me laissant seule au milieu du chemin, le suivant des yeux, jusqu'à ce qu'il soit parti.

Quelque chose tourne dans mon ventre, mon cœur tambourine avec plus d'énergie dans ma cage thoracique, mes joues chauffent et mes jambes tremblent. Je ne comprends pas cette sensation. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Pourquoi est-ce que je ne vois que son visage quand je ferme les yeux ? Pourquoi est-ce que je me sens légère comme ça ?

Je rentre à la maison, plus tard que je ne l'avais prévu et reçois des reproches en pleine face. Même pas un « où étais-tu ? » ou même « ça va ? », mais je m'en fiche. Je ne les entends pas. Je n'entends que sa voix.

Quand je me glisse sous les draps, je vois ses traits derrière mes yeux et je me surprends à le vouloir à mes côtés.

La faute au silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant