LA SAGA ELNEVS - REYNIER (One shot)

18 - LA VISITE SURPRISE

– Punaise, mais c'est lui en fait !?

Célian se redressa d'un coup puis plongea son regard dans les yeux clairs d'Emilie qui le regardait avec un grand sourire qu'il ne put qualifier.

– Comment ça c'est lui ?

– Oh, ne me prends pas pour un jambon. Je porte certes des lunettes, mais je ne suis pas encore aveugle.

Célian avala difficilement sa salive qui tomba comme une masse au fond de sa gorge et avec laquelle il manque de s'étouffer.

– Je ne vois absolument pas de quoi tu veux parler...

– Oh arrête de faire l'autruche, tu sais très bien de quoi je parle, Perceval !

Célian ne savait plus quoi dire, il n'osait plus rien dire en fait. Perceval était son deuxième prénom et lorsqu'Emilie l'appelait ainsi cela signifiait qu'elle était très sérieuse et qu'elle ne rigolait plus... Qu'allait-il lui dire maintenant ?

– Je ne savais pas comment le prendre... confia-t-il timidement, la tête baissée et le regard fuyant.

–Prendre quoi ?

– Je je l'aimais, que j'étais... différent.

Le visage d'Emilie changea soudainement, son sérieux inébranlable fit place à une profonde compassion et une gentillesse qui lui était propre.

– Célian, le fait que tu aimes les garçons ne fait pas de toi quelqu'un de différent, voyons. Tu n'es pas déviant, tu es toi, c'est tout.

Bien qu'il savait que c'était la vérité, il n'arrivait pas à se défaire de ce sentiment persistant. Sa famille avait des idées bien construites à ce sujet et il savait pertinemment ce qu'ils en penseraient.

– Tu as le droit d'aimer qui tu veux, Célian, c'est à toi et toi seul de choisir.

– Mais tu ne connais pas ma famille, personne ne connait ma famille.

– Certes, mais ta famille t'aime et je doute qu'elle t'en veuille pour cela. On ne contrôle pas nos sentiments, tu sais. Je dis ça mais je ne suis jamais tombée amoureuse de quelqu'un, plaisanta-t-elle pour détendre l'atmosphère.

Célian resta de marbre.

– Tu sais, peu importe qui tu es au fond, je serais toujours là pour t'aider. Et si jamais tes parents te jettent dehors, déjà je les frappe, puis tu seras évidemment le bienvenu chez-moi. Tu sais très bien que mes parents t'adorent, tu es le fils qu'ils ont toujours rêvé d'avoir. RIP pour mon frère...

– Merci, mais je ne sais pas si j'arriverai un jour à l'accepter. Je ne suis même pas sûr des sentiments que j'ai envers lui, c'est la première fois que ça m'arrive. Et je te signale qu'il n'y même pas deux semaines, j'étais en crush sur Lise...

– Oh oui je m'en rappelle très bien. Les longues heures que j'ai passé à parler avec toi d'elle et de tes sentiments, rit-elle avant de reprendre son sérieux.

Elle posa sa main sur son épaule et le tourna face à elle pour pouvoir attraper la deuxième. Elle le regarda dans le blanc des yeux, le forçant à maintenir le contact visuel avant d'ajouter d'un ton formel :

– On s'en fout de ce que peuvent bien dire les autres, tu es une personne incroyable, Célian, tu es un très beau garçon, intelligent, avenant et généreux. Tu as tellement de qualités que je ne pourrais les citer toutes. Et je suis certaine que le fait que tu sois gay n'est pas l'un de tes défauts.

Le cœur de Célian se crispa brusquement. Elle venait de prononcer le mot qu'il tentait d'enfouir depuis plusieurs jours, le mot qui lui donnait des sueurs froides chaque jour lorsqu'il voyait le visage de Chris. Et c'était même la première fois qu'il entendait quelqu'un le prononcer en parlant de lui.