Messe basse et miséricorde

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J-1 du carnet :

Et un beau jour, je croyais que j'avais tout perdu. Le monde me paraissait fade, décoloré, tu sais la vie à la Charlie Chaplin sauf que je n'ai ni le style ni sa bonne humeur de jouer. Je joue avec les gens, en m'adaptant, partant, courant, fuyant. Le jeu de la vie m'a toujours fait peur. Et pourtant je l'ai confronté.

Quand je l'ai vu la première fois, je me suis dit que je ne valais pas la chandelle. Ma vie n'était qu'un support que je ne pouvais pas repeindre de couleurs. L'auteur après tout n'était pas moi, j'étais simplement le figurant de mon histoire.

Le bon gars, le bon clown qu'on a envie de voir une fois mais pas la deuxième. Vous savez, je crois que j'aime mon métier. Les chiffres n'ont pas différentes facettes. On les prend et on les manipule mais eux ne peuvent pas l'inverse. Tandis que les gens sont comme des phénomènes inattendus.

J'en suis un mais tandis que d'autres arrivent à s'aligner avec les autres étoiles pour former des constellations. Moi je reste, cette étoile perdue dans l'univers.

Plus de parents, d'amis. Seul, mon point de repère est mon chien Jack, un bouvier bernois qui me relie à la réalité.

Les matins sont durs mais le soir l'est encore plus. Une nouvelle fatalité, une nouvelle nuit où les questions s'enchaînent. A quand le destin me permettra-t-il de rencontrer cette étincelle ?

Quand je me rends au travail, c'est toujours eh Dave ça va ?

Et je réponds toujours ainsi : Oui super et toi ?

Et fin de l'histoire parce que j'ai le droit au fameux éclat de sourire d'un ou deux collègues. Le chemin vers la cafetière est souvent long quand on est considéré comme le bizarre du service.

Seul, le patron m'aime bien parce que je travaille vite. Mais c'est bien le seul.

Les jours me paraissaient comme une symphonie silencieuse, vide de sens. Je n'étais qu'une page vide au creux du monde.

Et puis un jour, je l'ai vu et je l'ai d'abord ignoré. Elle était d'une telle beauté et d'une sympathie qui en faisait son charme. Elle parlait avec son âme et son cœur. Mais je n'eus que de très brèves occasions de l'aborder plus. Elle est l'une des cadres les plus importantes de la boîte. Alors moi, le petit comptable, pas non plus moche physiquement n'abusons pas, ne fais pas le poids face aux beaux parleurs.

Du moins, c'est ce que j'ai toujours pensé de moi enfin je ne sais même pas à qui je parle à part à moi-même. C'est vrai, un bout de papier dans lequel j'écris mon quotidien n'exprime pas ses émotions. Il me recolle à ma réalité simplement par mes écrits en les retranscrivant.

J'aurais aimé être le petit prince et dessiner mes rêves sur un papier et qu'ils se réalisent.

Mais je n'ai pas eu ce talent alors j'ai commencé à rêver de tout et de rien. Chaque nuit, j'imaginais un autre Tom, une autre vie. J'en étais devenu un surhomme, mes rêves étaient ma croix et ma bannière. Vous savez ce moment où vous vous plongez dans la peau d'un autre personnage. C'était ce que j'étais devenu un autre pour mon plaisir.

Franchir toujours plus jusqu'à qu'elle arrive dans mes rêves. Si mes rêves étaient au départ des plus classiques comme ceux d'avoir une réussite accomplie dans son travail de monter dans les échelons, d'avoir sa maison et ainsi de suite. Quand je l'ai rencontré, ce fut différent.

Vous allez me dire, Tom tu t'imaginais faire ta vie avec, avoir des enfants comme toutes les personnes qui tombent secrètement amoureux. Mais enfaîte non, voyez-vous, chaque nuit, je rêvais que je consolais cette femme. J'avais remarqué que derrière ce sourire, il se cachait un véritable air bucolique comme si la douleur l'épiait et l'empêcher d'être ce qu'elle voulait être.

Dans mes rêves, c'était comme une sorte de thérapie. Le chapelier fou qui conseille la jeune Alice dans ses périples tumultueux. Je vois toujours ce même regard, ce même sourire livide frappant l'etonnement.

La nuit tombée, on ne se parlait pas, on s'exprimait d'une autre manière. On avait notre langue, nos propres envies et chacun menait sa barque en faisant apparaître ses émotions, ses ressentis à l'autre. Et je crois qu'à force de la rêver, je suis tombée amoureux de ma vision idéalisée de cette jeune femme sans véritablement la connaître.

Et chaque matin, cette vision se dissipait par la réalité. Jack était ma constante réalité. C'était lui qui menait ma barque pour me faire revenir parmi le monde.

Et se suivait la vie, j'essayais les sites de rencontre mais je pense que la passion que je voulais obtenir par la jeune femme qui me tourmentait, coupant court à chaque femme.

Le travail était une seconde ligne de vie ou bien de nombres infinis. Les collègues étaient de vagues connaissances...

Enfin du moins de ce que je t'en laisse entendre pour aujourd'hui mon cher journal

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 13 ⏰

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