Passion Fatale

Prologue

La lumière tamisée des lampadaires se reflétait sur les pavés chauds de la rue, où les ombres dansaient sous l'influence d'un vent léger, chargé du parfum des fleurs d'été.

Les arbres, leurs feuilles d'un vert profond, formaient des arcs naturels au-dessus des trottoirs, créant des jeux d'ombre et de lumière qui ajoutaient une touche de mystère à cette nuit de juillet . Les cigales chantaient encore faiblement, leurs notes s'estompant alors que la fraîcheur de la nuit prenait doucement le pas sur la chaleur étouffante de la journée.

Iliana, à l'aube de ses dix-sept ans, marchait lentement, ses pas à peine audibles sur les pavés encore tièdes. Une brise douce soulevait parfois les mèches de ses cheveux, qui encadraient son visage avec une légèreté presque éthérée. Elle était plongée dans un tourbillon de pensées, ses yeux fixés sur la ligne d'horizon où les toits des maisons se découpaient en ombres nettes sous la lumière de la lune.

Elle aimait l'amour, non pas pour ce qu'il était, mais pour ce qu'elle en rêvait. Dans son esprit, l'amour était un conte de fées, une promesse de bonheur éternel et de douceur infinie. Chaque étoile dans le ciel nocturne semblait briller pour elle, évoquant des histoires d'amours inachevées, de baisers volés sous des cieux tout aussi étoilés.

Pourtant, malgré ses rêves, elle n'avait jamais goûté à cette émotion qu'elle chérissait tant, et chaque jour d'été semblait la rapprocher un peu plus de cette promesse, sans jamais l lui en révéler les secrets.

La soirée qu'elle venait de quitter se fondait déjà dans le brouillard de sa mémoire, les rires et les conversations devenant de lointains échos. Mais un détail restait gravé avec une clarté douloureuse : le regard d'un garçon. Il était là, juste un instant, un visage lumineux parmi une mer de visages anonymes, comme un phare dans l'obscurité. Il n'était pas seul, la main d'une autre reposait sur son bras, et ce simple geste avait suffi à faire naître en Iliana une envie douce-amère, un pincement au cœur qui la surprit par son intensité.

Elle ne fit que l'observer, sans oser l'approcher, son regard glissant sur lui comme une caresse invisible, une attention silencieuse qu'elle n'osait dévoiler. Elle ne savait rien de lui, à part cette certitude étrange qu'il représentait tout ce qu'elle cherchait, tout ce qu'elle n'avait jamais eu. Mais ce soir-là, elle tourna les talons et s'éloigna, emportant avec elle ce sentiment fugace, comme un secret murmuré par la brise estivale.

Le mois suivant, elle quitta la France pour le Canada, emportant ses rêves avec elle, espérant que la distance et le temps la tiendraient éloignée de son quotidien et des tourments de son cœur. Les paysages enneigés et l'immensité du pays la captivèrent, et pour un moment, elle crut avoir réussi.

Mais le destin, dans sa malicieuse ironie, semblait avoir d'autres plans pour elle. Les saisons passèrent, les neiges tombèrent, et la terre disparut sous les flocons froids de l'automne. C'est à ce moment-là, au cœur de cette nature blanchâtre, qu'elle sentit un frémissement, comme un pressentiment que ses pas la mèneraient à nouveau vers ce qu'elle avait voulu fuir.

Un jour, alors qu'elle pensait enfin avoir tourné la page, un simple message fit croiser à nouveau leurs chemins, comme si l'univers s'était plié à la volonté d'une force plus grande, plus inéluctable que la distance ou le temps.