ℂℍ𝔸ℙ𝕀𝕋ℝ𝔼 𝟙𝟚

77 7 6
                                    

Son service au CEDT terminé, Slavko décida qu'il était temps de préparer son déménagement. Il en avait assez de cette vie, assez de vivre dans la crasse parmi les sauvages. S'il restait un mois de plus ici, ce quartier aurait raison de lui. Sa santé mentale en avait déjà pris un coup, donc s'il pouvait garder les autres parties de son esprit intactes, ce ne serait pas de refus. Pas une seule seconde, il ne s'était imaginé que la Frontière recelait autant de secrets. Entre les frontaliers qui incarnaient le désespoir éternel, la Résistance qui ne leur facilitait pas l'existence et HumanTech Corporation qui s'en mêlait, la situation ne présageait rien de bon. Une situation qui risquait d'exploser en mille morceaux. Littéralement.

Slavko fit le tour de son appartement. Il ne laisserait rien derrière lui. Aucune trace de son passage de ce côté-ci des murs. Il effacerait jusqu'à la preuve même de son existence. Pour l'heure, il devait s'occuper de son équipement matériel. Un regain de motivation le traversa. Son départ devait être soudain, rapide, silencieux. Autrement dit, Slavko ne s'amusera pas à faire le tour du voisinage pour savoir si son canapé intéressait quelqu'un. Comme pour tout le reste, il devait s'en débarrasser le plus discrètement possible. Les mains sur les hanches, Slavko se planta devant son lit de fortune. C'était bien beau de faire des plans sur la comète, mais comment allait-il s'y prendre ?

Au moins, la date de son déménagement était fixée. Une date, c'était un bon début, pas vrai ? Sitôt son salaire récupéré, il prendrait ses jambes à son cou. Il quitterait cet asile de fous sans demander son reste. Slavko sentit un frisson d'excitation remonter le long de sa colonne.

Quelque peu perdu dans ses préparatifs, le colosse comprit qu'il n'arriverait à rien sans une bonne organisation. A contrecœur, il décida de se servir de son assistant personnel. Il récupéra un gobelet métallique qu'il lui lança dessus.

— Allume-toi, stupide machine.

L'assistant personnel s'activa presque instantanément. Presque, car le buste holographique eût quelques difficultés à apparaître à l'écran. L'image n'arrêtait pas de sauter dans un vacarme particulièrement agaçant. Après ce qui fût une éternité pour Slavko, la projection se stabilisa.

— Je suis votre assistant personnel B0703, grésilla la voix nasillarde de l'assistant. Vous requis avez... vous avez requis mes services. En quoi puis-je vous aider ?

Slavko jaugea l'état de marche de l'intelligence artificielle. Aider, c'était un bien grand mot. Néanmoins, il avait quand même besoin de lui s'il voulait quitter la Frontière rapidement. Il soupira et balaya la pièce du regard.

— Fais moi un inventaire complet des lieux. Et en vitesse, ajouta-t-il avec fermeté.

Depuis l'enterrement de sa femme, Slavko ressentait un profond mépris pour les technologies dites « conscientes ». Ce n'étaient que des simulacres du genre humain. Des pantins créés par d'autres pantins, et leur simple vision lui faisait horreur. Les mains sur les genoux, il inspira un grand coup. Peut-être devrait-il prendre sur lui, pour une fois. Le grésillement que produisit l'assistant personnel lui fit regretter cette décision.

— Inventaire des lieux en crou... cours, beugua l'assistant personnel. Veuillez patienter. La liste exhaustive des éléments figurant dans la pièce est en crou... cours de création.

Slavko cligna bêtement des yeux. Il n'allait quand même pas grésiller pendant toute la durée du chargement ? Il fallait croire que si. Agacé, le propriétaire partit à la recherche de son sac. Il le trouva sous une pile de vêtements sales. Que voulez-vous, les habitudes avaient la vie dure.

A peine eût-il touché le tissu du sac, qu'un écran s'imprima dessus. Slavko pianota gauchement sur le petit interface de commandes, en commençant par taper son code de déverrouillage. Une fois chose faite, il lança une recherche à l'intérieur de son sac high-tech. Il sélectionna l'objet de son désir -un casque audio- et le bagage se mit à émettre plusieurs cliquetis. L'instant d'après, la poche principale s'ouvrit sur le casque en question.

𝕃'𝔼ℂ𝕃𝔸𝕋 𝔻𝔼𝕊 𝕆𝕄𝔹ℝ𝔼𝕊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant