Chapître 23

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 Niels me jetait des regards de temps en temps. Je feignais de l'ignorer, et de me concentrer sur l'épreuve de Félix. La colère était redescendue. Je sentais son odeur suave chatouiller mes narines. Je savais son corps à quelques centimètres du mien. J'étais tout entier attiré par lui. J'étais heureux de sa présence, mais ne voulais pas le montrer.
 Félix s'apprêtait à lancer son disque. Mes mains en porte-voix, je hurlais des slogans, et des éloges pour l'encourager.
 Niels, à ma gauche, s'évertuait à attirer mon attention. Il chantonnait, soufflait, claquait sa langue contre son palais. J'appréciais que l'on puisse vivre notre histoire à l'abri des regards. Je n'aurais pas pu la vivre autrement. Mais le secret rendait ma situation précaire. Le savoir en couple, et l'entendre parler de sa copine comme il le faisait me donnait le sentiment de n'être personne à ses yeux. Je savourais donc ses efforts. Ils agissaient comme une confirmation que ce que nous vivions était bien réel.
 Un sourire se dessina sur mes lèvres malgré moi.
 – Tiens, tiens, tu devais pas faire la gueule, toi ?
 Je tournai la tête. Ses joues étaient rosies par le soleil. J'en profitai pour le reluquer. Le soleil avait rosi ses joues. Ses bras avaient bruni, et contrastaient, désormais, avec sa chevelure blonde. Son teint halé rendait plus apparente sa musculature avantageuse. Mes yeux parcouraient ses bras. Je m'arrêtai sur la veine de son biceps. Il m'observait, satisfait de l'effet qu'il produisait sur moi. Je lui lançai un regard de défi. Je ne comptais pas capituler ainsi.
 – Attends un peu la lutte, je vais te ratatiner, le menaçai-je.
 Il gloussa, et s'approcha un peu plus de moi. Il était à quelques centimètres de mon visage.
 – Ah oui ? Et tu comptes le faire avec tes petits bras musclés, princesse ?
 Il saisit mon bras, tâta mon biceps, et prit un air sérieux. Il mima l'analyste, et poursuivit.
 – Deux, peut-être, trois minutes, dit-il d'un ton moqueur.
 Je retirai mon bras, et pris un air choqué.
 – C'est ça ! On en reparle après que je t'ai mis une branlée comme ce matin, plaisantai-je.
 Il porta sa bouche à mon oreille.
 – Hâte de recevoir ma récompense pour ma victoire, susurra-t-il.
 Il éloigna son visage pour se porter à hauteur de mes yeux et m'observer. Ses lèvres formaient un rictus enjôleur. Ses yeux charmeurs me caressaient affectueusement. Je ne pouvais que, une fois de plus, constater ma capitulation. J'étais grisé de sa beauté, enivré de son attention pour moi. Je prenais conscience que mon attirance pour lui n'était pas que sexuelle, et cela aurait dû me terrifier. Malgré tout, sa proximité m'apaisait. Je n'avais peur de rien.
 Niels reprit tranquillement sa position assise initiale, le regard toujours planté dans le mien, puis se tourna à nouveau vers le terrain. Il gardait ce sourire sur son visage. Je fis un léger mouvement de pivot et tentai de rediriger ma concentration sur les jeux. Je restais dans un état d'euphorie certain.

 Félix, le disque à la main prenait de grandes inspirations. Il s'apprêtait à lancer pour la seconde fois. Son premier essai avait été un échec. Il avait malencontreusement quitté la zone de lancer dans la dernière seconde. Il lui restait, toutefois, une chance de rejoindre le podium. Quelques-uns de ses adversaires étaient, certes, redoutables, mais aucun n'était en capacité de creuser un écart conséquent avec lui.
 Allez Félix ! Donne tout ! T'es le meilleur ! Toute la bande, galvanisée, hurlait à en décrocher ses poumons. Je voyais Félix au loin s'enhardir en conservant, cependant, sa concentration. Je connaissais ses exploits sportifs. Il avait toujours été le meilleur dans cette discipline lorsque nous pratiquions l'athlétisme ensemble.
 Félix fit quelques pas en arrière pour se positionner au fond de l'aire de lancer. Dos à la pelouse, il écarta légèrement ses pieds. Je lisais un état de transe sur son visage. Allez mec ! Donne tout !
 Il prit une grande inspiration et étendit son bras sur son flanc gauche de manière à maintenir son corps en équilibre. Félix poussa sur sa jambe gauche, le corps légèrement fléchi vers l'arrière, et créa un mouvement de balancier. En une fraction de seconde, Félix effectua une rotation à 180° et propulsa son disque dans les airs.
 Nous restâmes figés, retînmes notre souffle. Le disque se posa sur le sol. Ouaaaaaais ! Félix venait d'obtenir la deuxième place sur le podium. Dans un élan d'exaltation, Niels et moi nous prîmes dans les bras l'un l'autre. Je tirai parti de ce moment pour lover mon nez dans son cou. Que j'aimais cette odeur ! Celle-ci était rendue plus capiteuse par l'effort physique et la sueur. Niels glissa sa main sur ma fesse et la pressa promptement. Nous nous dégageâmes tout aussi rapidement. Il allait être difficile de me passer de son corps le reste de la journée. Mon désir pour Niels était irrésistible et je sentais que le sien pour moi l'était tout autant.

Y a-t-il mieux dans la vie que d'embrasser des garçons ? [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant