𝘊𝘰𝘯𝘷𝘶𝘭𝘴𝘪𝘰𝘯 - 10

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Quatre fois la fenêtre vient s'écraser sur le mur de la chambre. Jungkook l'ignore, il se tourne et se retourne dans les draps. La fenêtre est prise d'un élan et se jette contre le mur. Trois rebonds, quelques secondes de silence, et un nouveau fracas quand elle revient claquer contre son cadre.

À la cinquième répétition de ce vacarme millimétré, Jungkook se résigne à ouvrir un œil. Il se redresse et observe le dessin de l'astre lunaire sur le parquet de sa chambre. Pas un souffle de vent, et la fenêtre revient frapper contre le mur. Il ressent au bout de ses doigts un fourmillement étrange. Son corps est engourdi.


Jungkook s'étire, pose les pieds au sol, se redresse. Sa chair apparaît vaporeuse, à la regarder, elle luirait presque d'une fine pellicule blanchâtre – comme si la lune avait laissé tomber un peu de ses rayons et qu'ils s'étaient agglutinés à sa chaleur. Il secoue la main, sans résultat. La poussière blanche ne semble pas décidée à se détacher de son corps. La fenêtre claque encore.

Jungkook abandonne sa contemplation pour aller la refermer. Ses pas sont légers, il semblerait que la densité terrestre ait été modifiée. Sous le regard de la lune, la gravité s'est affaiblie. Chaque pas le conduit plus loin que le jour, et à peine la plante de son pied a-t-elle touché le sol, qu'il effectue une sorte de petit rebond. Exactement comme s'il marchait sur de la mousse.


Jungkook fronce les sourcils et repousse la fenêtre. La lune est basse sur le monde, presque à s'accrocher aux arbres du jardin. Il reste une seconde, suspendu, attentif aux odeurs. Le pétrichor remonte jusqu'à son nez ; aucune trace de pluie, mais le sol dégorge d'humidité. Jungkook tend l'oreille et perçoit un murmure. Ce n'est pas le vent, c'est une mélodie basse dont il ne saurait ni définir les instruments, ni les notes. Il y a dans l'air un soupir musical.


Jungkook remonte sur son lit pour se hisser sur le bord de la fenêtre. Il doit se contorsionner pour passer ; l'ouverture est étroite et il ne peut plus sauter comme lorsqu'il était enfant. Il passe d'abord une épaule, un genou, le crépi frotte sa peau. Il se laisse retomber sur la mousse et les herbes folles. Ses pieds nus s'enfoncent dans le sable humide. Il tourne la tête en direction du pin, les herbes hautes d'une vingtaine de centimètres ondulent sous un vent inexistant.

« Il y a un oiseau mort ».

Jungkook perçoit la présence du corps enfoui à une quinzaine de centimètres sous la terre. Le trou a été creusé à la va-vite et un chat aura vite fait de le déterrer.


Jungkook ne devrait pas être sorti, il en a reçu l'interdiction formelle. Au-dessus de sa tête, les nuages glissent devant la lune sans la masquer ; ses rayons crus transpercent les masses et découpent les paysages en de larges bandes blanches et d'ombres noires.

« Je n'ai pas le droit de sortir, mais il faudrait être sot pour ne pas comprendre qu'ici cette règle ne s'applique pas. »

Jungkook se retourne en direction de la maison. Un grand bloc uniforme dont ne se découpe que le toit et dont les fenêtres sont devenues des rectangles sombres.


« Ici, il n'y a pas mes parents », il tend sa main pour caresser du bout des doigts le crépi, « je ne sens pas leur présence. Je suis tout seul. »

Jungkook jette un dernier coup d'œil en direction de la chambre parentale. Le ciment froid n'indique rien de plus. Jungkook revient au pin. Il n'avance pas et fouille le sol des yeux, pour cherche une trace, un rien qui appuierait son intuition.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 18 ⏰

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𝖲𝗒𝗓𝗒𝗀𝗂𝖾 |TaeKook| p a u s e .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant