Chapitre 9 - Aaron

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–  Merci mec ! Vraiment. Malgré le fait qu'on se soit perdus de vue, tu n'as pas hésité à m'aider. Je te revaudrai ça, sois-en sûr déclare Alaric.

– Je t'en prie. J'ai pas mal de contacts dans la région, ça ne m'a pas pris beaucoup de temps. Je t'accompagne jusqu'à sa chambre ?

Alaric fronce ses sourcils.

– Non! Enfin... j'espère que ça ne te dérange pas mais je préfère y aller seul. J'ai tellement de choses à lui dire... surtout qu'elle a attendu trois jours pour accepter que je vienne la voir... Je ressemble à quoi avec mon bouquet de 100 roses ?

– T'as l'air d'un homme qui doit se faire pardonner de quelque chose dis-je en plaisantant.

– Tu me connais, je suis un homme bien. Elle devrait être contente de m'avoir à ses côtés.

– Je sais, je pense qu'elle attend que ça de te retrouver. Laisse-lui du temps et les roses ça fonctionne bien en général, ça lui fera plaisir.

– C'est sûr que tu sais de quoi tu parles vu toutes les femmes que tu côtoies ! blague-t-il.

– Sauf que moi je ne leur offre pas de fleurs, je n'ai pas besoin, mon corps suffit. Tu crois que les cafés sont bons ici ? J'ai besoin d'un remontant avant d'aller travailler.

– J'ai jamais testé les cafés de l'hôpital mais tu m'en diras des nouvelles. Merci encore pour ton aide, Aaron. Je t'écris plus tard.

Alaric s'éloigne dans les couloirs de l'hôpital tandis que je me dirige vers la cafétéria. Le chef de service des urgences m'a confirmé qu'elle était hospitalisée à l'hôpital de Hautepierre mais je ne sais pas exactement pour quelle raison. Secret médical. J'ai directement prévenu Alaric mais apparement Dalia n'a souhaité le voir qu'aujourd'hui. Je n'ai pas posé plus des questions et je lui ai donc proposé de le déposer car sa voiture est au contrôle technique. Chose faite, je dois à présent retrouver mes dossiers mais avant ça, j'ai absolument besoin d'un expresso.

Les yeux fixés sur l'écran de mon téléphone, je lis les derniers mails que je n'ai pas encore eu le temps de traiter lorsque je bouscule brusquement une personne. Merde. Je ne suis définitivement pas réveillé. Je lève la tête et mon cœur rate un battement. Ses yeux ambrés, je les connais. Sa bouche délicatement dessinée, ses cheveux bruns lisses tombant sur sa poitrine. Encore elle ? Je ne crois pas au hasard et encore moins aux coïncidences. Nous devions certainement nous revoir.

– Vous ne pouvez pas vous empêcher de me foncer dessus à chaque fois que vous me voyez ? demandé-je d'un ton amusé.

– C'est vous qui m'avez foncé dessus ! Je constate que même en pleine journée, vous ne savez pas vraiment où vous allez.

Neva se baisse et nettoie le café qui est tombé au sol. Je me penche également pour l'aider.

– Laissez tomber, je vais vous en racheter un.

– Non merci ! Je peux très bien m'en racheter un moi-même !

– Nevasca, je n'ai pas oublié, vous savez ? dis-je en me relevant, ce qu'elle fait aussi.

–  Et quoi donc? Je dois vous féliciter d'avoir une mémoire ?

Elle est vraiment insolente. Elle ne se laisse pas faire, j'aime bien. Je continue de la regarder droit dans les yeux ce qui n'est pas désagréable. Ça m'amuse de constater que ça la perturbe depuis le premier soir.

– Ça vous arrive d'être aimable avec les gens ou c'est juste moi que vous détestez ?

Elle lève les yeux au ciel et soupire.

– Je ne vous déteste pas, je suis pressée.

– Moi aussi je suis pressé, soyons pressés ensemble si vous voulez dis-je en souriant.

Je remarque qu'elle tient une bouteille de limonade dans sa main.

– Vous êtes venue voir quelqu'un ici ?

– En quoi ça vous regarde ? répond-elle agacée.

– J'ai simplement constaté que vous aviez deux boissons en main. À moins que c'était pour moi ?

– Vous savez, le monde ne tourne pas autour de vous.

C'est blessant mais ce n'est pas faux.

– Écoutez Neva, repartons sur de bonnes bases. Laissez-moi vous offrir un café.

Elle ne va quand même pas refuser de prendre un simple café avec moi.

– Je n'ai pas le temps pour un café avec vous. Je dois y aller.

Apparemment si.

Elle se dirige rapidement vers les ascenseurs. Je la suis.

Le vent que je viens de me prendre est glacial, je n'ai pas l'habitude qu'on me repousse autant mais cela titille ma curiosité. J'ai envie d'apprendre à connaître cette fille. Qu'est-ce qui m'arrive ? D'ordinaire, j'ai surtout envie de connaître les femmes d'une autre façon. Plutôt dans un lit.

– Neva, attendez !

Elle se retourne en marmonnant.

– Qu'est-ce que vous voulez ?

– Je vous propose de laisser le destin décider. Si par chance, nous nous recroisons une troisième fois, vous venez boire un verre avec moi !

Elle lève les yeux au ciel.

– La probabilité que l'on se recroise une troisième fois est infime mais je tente ma chance. Vous devriez accepter. Vous avez quoi à perdre ? Vous n'aimez pas jouer ? À moins que vous soyez mauvaise perdante ?

Elle mordille sa lèvre inférieure et semble dubitative.

– J'accepte seulement si vous arrêtez de me suivre.

– Je vous laisse tranquille !

– Enfin, merci !

Neva s'éloigne et j'espère avoir l'opportunité de la croiser une fois de plus. Je n'ai pas peur des tempêtes de neige. Même si celle-ci est plutôt intense.

Quand le coeur balance...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant