Chapitre 3 - voler hors de sa cage

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Le monde avait semblait se mouvoir au ralenti autour de moi. Après cette annonce qui avait résonné telle une sentence à mes oreilles, je n'ai que su dire. Ça y était. Ce jour tant redoutait était arrivé. Il les avait prononcé, ces fameux mots et l'horloge de mon existence semblait, depuis, avoir cessé.
Je suis restée coite dans ce salon, la joue en feu aussi douloureuse que la morsure de mon cœur brisé. Ma mère m'a guidé telle une automate, pour prendre ma place à cette table. Au fond, je m'y attendais, je savais que ce jour viendrait, mais je n'avais pas imaginé que se retrouver face à sa fatalité était autant douloureux. Mon destin m'a attrapé par la gorge, sans douceur ni empathie et a serré si fort que lorsque le repas, suivant cette annonce s'est déroulé, je suis restée prostré dans le silence, avec la vision de la mort en voisine de table. Je pouvais sentir sa main sur la mienne et je n'ai pu m'empêcher de penser qu'elle, au moins avait l'air tendre.
La scène était absurde, mon géniteur avait balayé notre altercation d'un revers de main et rejoint ses acolytes pour leur partager, autour d'un bon repas, la nouvelle. Il s'exclamait à l'idée d'un grand mariage, d'une alliance nouvelle qui lui permettrait de rester un parrain puissant, tout en garantissant de nouveaux postes juteux à ses collaborateurs.
Arthur avait levé son verre puis mon père avait enchaîné sur le trafic de prostitution qui s'essoufflait et qu'il ne manquerait pas de redresser avec mon futur beau père.

Cléo a grimacé aux mots de notre père tandis que Zéna a pouffé vers son mari avec un petit « enfin, ça va lui rabattre son clapet »
Pour tous, cela semblait être une aubaine.
Les affaires de mon père marchait bien mais il lui fallait réaffirmer sa position.
L'année dernière, il s'est dégoté un poste de sénateur afin de s'attirer les bonnes grâce de nos dirigeants. En début d'année, une autre famille mafieuse a gagné en puissance après avoir mis la main sur une usine d'armes au Mexique, qui leur permettait d'accroître leur commerces illégal d'un pays à l'autre. Un gros coup qui a fait doubler leur bénéfices et prolouser leur nom comme une des nouvelles références dans le monde mafieux. Notre père a enragé, les murs de la maison ont presque failli trembler ce jour là. Il avait déjà un ennemi juré à abattre : la famille Samaras.
Malgré ses informateurs, mon père ne sait rien de plus d'eux que leur nom de famille et leur signature, un logo en forme de flèche. Ce sont des ombres redoutables et opulentes qui ne cessent de lui mettre des bâtons dans les roues. Encore le mois dernier, ils ont fait exploser le navire, commanditait par mon père, qui devait livrer une nouvelle cargaison de drogue. Il attendait ce stock comme le graal, nous ventant la qualité. Mais ils ont fait couler l'affaire, sans mauvais jeu de mot et personne ne sait comment ils ont su. S'en ait suivit une longue traque dans nos rangs, Vladimir Vlachos convaincu qu'on l'avait trahis. Je ne sais combien de tête il a fait tomber pour cela, mais sûrement beaucoup trop...
Mon père ne pouvait donc pas se permettre d'avoir un nouvel ennemi, il a rapidement créé des liens avec cette nouvelle famille, qui avait le mérite d'afficher clairement ces membres, tout droit émigrée d'Italie : Les De Luca. Et cela tombait bien, il avait un fils à marier.
Fraîchement trentenaire, formé dès son plus jeune âge, à la tête du réseau tout en étant investisseur à côté, ce qui lui permet de blanchir l'argent du business de son père, il a tout du gendre idéal pour mon paternel.
Notre union scellée, je deviendrais la future femme du parrain de la famille De Luca et cela permettrait à mon père, grâce a mon utérus, de continuer à proliférer son sang et sa chair pour s'enrichir en écartant le danger.
Ce qu'il ne sait pas, c'est que j'ai entendu Cléo murmurait, un soir, qu'il était redoutable. Pourquoi avait-elle posé ces mots, elle si indulgente envers ce milieu ? Je ne sais pas. Et je n'ai aucune envie de le découvrir.

Les paroles du dîner ont défilé dans mes oreilles en résonnant contre les parois morte de mon cœur, mes tympans vibrant, je n'ai rien pu entendre. Une seule pensée tournait : s'enfuir ou périr.
C'était le moment, ma dernière carte à abattre et tant pis pour mon téléphone.
Je n'avais plus le choix, je devais tenter le coup.

Eros et PsychéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant