Chapitre huit

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RYDER.

Je la projette brusquement contre la solide porte d'entrée de mon appartement, un des nombreux que je possède. Le choc produit un gémissement de sa part alors que son dos rencontre le bois, mais je ne lui laisse guère l'opportunité de formuler une protestation, mes lèvres venant se souder aux siennes avec urgence.

- On... on ne va pas vraiment faire ça ici, n'est-ce pas ? murmure-t-elle entre deux baisers, légèrement essoufflée.
- Je pourrais très bien te prendre ici même, sur ce palier, sans me soucier du tout des voisins, si c'est ta question, je réponds d'une voix basse et rauque.

Pour bien appuyer mes paroles, ma main explore sous le tissu de sa jupe, si courte qu'elle dissimule à peine l'essentiel. Ce constat m'arrache un sourire alors que mes doigts frôlent son intimité déjà empreinte de désir manifeste. Par tous les diables, je n'ai même pas commencé quoi que ce soit ! Mais soudain, une sonnerie familière me tire de ma torpeur.

- Merde ! Je m'exclame en attrapant mon téléphone avec une frustration palpable. Oui, j'écoute !
- Ouais Ryd, c'est Tony, dit la voix à l'autre bout du fil.
- Non, sans blague ?! Je rétorque avec sarcasme.
- Ok, je vois que tu n'es pas d'humeur.
- Qu'est-ce que tu veux, Tony ? je demande, l'agacement filtrant chaque mot.
- T'es dans le coin ? J'ai vraiment besoin de te parler.
- Non, je suis en centre-ville.
- En centre-ville ? Attends, oh merde, tu es avec une nana.
- Je te le répète, que veux-tu ? je presse.
- C'est urgent, mais peut-être pas autant que ton affaire en cours. Ou peut-être que si, je ne sais pas trop...
- J'arrive, je finis par concéder. Mais crois-moi, ce contretemps te coûtera cher.

Je raccroche brusquement, irrité, et constate que la fille me regarde avec une lueur de déception dans les yeux. Désolé ma belle, mais tu vas devoir te débrouiller seule aujourd'hui.

- Tu dois partir ? Mais... elle commence, hésitante.
- Oui, je dois partir, je confirme d'une voix ferme. Et tu ferais bien de faire de même.
- Est-ce que je peux avoir ton numéro avant ? elle ose demander, un espoir vacillant dans sa voix.
- Non, et maintenant pars.
- Quoi, c'est tout ? s'étonne-t-elle.
- Tu t'attendais à quoi, au juste ? À ce qu'on baise et qu'on se revoie jusqu'au mariage ? Quelle naïveté, je rétorque avec une pointe de mépris.
- Non mais...
- Va-t'en. Tu m'as déjà fait perdre assez de temps, je coupe court.

Elle semble piquée au vif par mes mots, mais se retourne sans un adieu supplémentaire. Mon unique regret est de ne pas avoir pu conclure avec elle. Une séduisante blonde, retouchée à la perfection, elle aurait pu être une aventure mémorable. Peut-être même que j'aurais souhaité la revoir, ce qui n'est pas courant dans mon cas. Cependant, Tony a tout fait capoter. J'espère sincèrement que son urgence est réelle et justifiée, car me déranger durant mon temps libre est une offense que je ne prends pas à la légère.
Après plus d'une heure sur les routes, je parviens enfin chez moi. Un grand portail s'ouvre sur une villa imposante, mon véritable chez-moi, bien que mes visites y soient rares. Mes divers appartements en ville facilitent mes mensonges à tous ceux qui gravitent autour de moi. Je mène ma vie loin du tumulte citadin, bien que la plupart de mes possessions immobilières y soient ancrées. Seul Tony connait l'emplacement exact de ma résidence principale. Avec son aide, j'ai bâti cet empire. Il travaille pour moi, tout comme plusieurs autres hommes, mais Tony est le seul en qui j'ai une confiance aveugle. Nous nous sommes sauvés la vie à plusieurs reprises, un lien bien plus fort que celui du sang.
Justement, en arrivant, je l'aperçois, assis tranquillement sur les marches qui conduisent à ma porte d'entrée. Pressé de comprendre l'urgence de sa visite, je me gare rapidement et m'avance vers lui.

- Alors, raconte-moi un peu, c'était un moment mémorable ou décevant ? me demande Tony avec un sourire moqueur, les mains enfoncées dans ses poches.

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