L'Emprise Des Ténèbres

18. L'Ultimatum

Trois jours s’étaient écoulés depuis ma première tentative d’apprentissage aux côtés d’Aaron. Chaque jour, il me poussait à dépasser mes limites, à perfectionner ma technique, à améliorer ma précision. Pourtant, malgré tous mes efforts, je restais frustrée par ma propre incapacité à atteindre la perfection qu’il exigeait.
Aaron, lui, devenait de plus en plus impatient. Son calme initial s'effritait peu à peu, laissant place à une certaine frustration. Il ne le montrait pas ouvertement, mais je pouvais le sentir dans ses gestes, dans ses regards. Ses instructions devenaient plus fermes, plus exigeantes.
Ce soir-là, l’air était lourd, chargé d’une tension palpable. Nous étions à nouveau dans la salle d’entraînement, face aux mannequins alignés contre le mur. Aaron se tenait à mes côtés, ses yeux rivés sur moi alors que je prenais position, tentant une nouvelle fois de viser la tête du mannequin.
Je respirai profondément, essayant de calmer les tremblements de mes mains. Je levai l’arme, prenant soin de me concentrer, de suivre les conseils qu’il m’avait donnés. Je pouvais sentir son regard perçant sur moi, attendant que je fasse enfin ce qu’il attendait de moi. Je pressai la détente. La détonation résonna dans la salle, mais lorsque la fumée se dissipa, je vis que la balle avait à peine effleuré le bord de la tête du mannequin. Ce n’était pas encore suffisant, pas à la hauteur des attentes d’Aaron.

Je sentis la frustration monter en moi, un mélange de déception et d’impuissance. Pourquoi ne pouvais-je pas simplement y arriver ? Qu’est-ce qui me bloquait autant ? J’avalai difficilement, me tournant vers Aaron pour affronter son jugement. Mais ce que je vis dans ses yeux n’était pas de la colère. C’était quelque chose de plus complexe, de plus troublant. Il me fixait, son regard brillant d’une intensité qui me fit frissonner. C’était comme s’il se battait intérieurement, pris dans un conflit qu’il ne pouvait résoudre. Il resta silencieux un long moment, comme s’il cherchait les mots justes. Puis, finalement, il parla, sa voix grave mais envoûtante.

- Jenna, commença-t-il, son ton plus doux qu’à l’habitude, mais avec une pointe de fermeté. Si tu n’arrives pas à viser en pleine tête le mannequin, je vais te faire la misère.

Ses paroles me frappèrent comme une gifle. Misère ? Mon cœur se mit à battre plus vite, l’appréhension se mêlant à la surprise. Je savais qu’il ne plaisantait pas. Mais ce qui m’intriguait le plus, c’était le timbre de sa voix. Il n’avait rien de menaçant, rien de cruel. Au contraire, il y avait une chaleur étrange, presque séduisante, qui rendait ses paroles encore plus déconcertantes. Je restai figée, incapable de détourner le regard.

- Me faire la misère ? Répétai-je, essayant de comprendre où il voulait en venir.

Il fit un pas vers moi, réduisant la distance entre nous. Son aura était écrasante, sa présence impossible à ignorer.

- Oui, murmura-t-il, ses yeux ne quittant pas les miens. Parce que je sais que tu peux y arriver, Jenna. Je sais que tu en es capable, mais tu te bloques. Et si c’est ce qu’il faut pour te débloquer, alors je le ferai.

Je pouvais sentir la chaleur de son corps près du mien, et chaque fibre de mon être réagissait à sa proximité. Sa voix avait cette tonalité enjôleuse, comme s’il luttait contre un désir profond de ne pas franchir une limite qu’il s’imposait. Son regard était un mélange d'autorité et de quelque chose de plus intense, plus profond. Une bataille intérieure faisait rage en lui, et elle se reflétait dans ses yeux sombres.

- Pourquoi ? Demandai-je, la voix tremblante, presque inaudible. Pourquoi es-tu si dur avec moi ?

Il esquissa un sourire triste, ses yeux se durcissant légèrement.

- Parce que je ne veux pas te perdre. Parce que si tu ne deviens pas assez forte, assez précise, ce monde te dévorera. Et je refuse de laisser cela arriver. Je refuse de te perdre !