- trame huitième -

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N'étais-ce pourtant pas tout ce que vous vouliez ?

Si ses mots n'étaient pas déjà suffisants, sentir ses mains enserrer mes épaules me glaça sur place. Rares étaient les fois où j'avais peur comme ça. Encore plus rares étaient les fois où j'avais peur de Lui. Yeux fixés sur le bitume, je sentais sa présence se dresser dans mon dos. Des sueurs froides le firent suer à grosse gouttes, pour mieux me faire frissonner. Malgré les secondes qui déferlaient je ne bougeais pas. Aussi figée que ma respiration en suspend dans les airs.

L'ombre du Diable reflétée sembla peu à peu dévorer le sol, grappillant dalle sur dalle, elle s'étira petit à petit sous mes yeux.

« Al-... »

Un contact me prit par surprise. Celui de sa main effleurant la mienne, de ses doigts qui emprisonnèrent mes phalanges si frêles. Une chaleur retrouvée gonfla mon cœur qui battait déjà la chamade. Et le besoin d'affection se mêla à toute cette anxiété pour former un drôle de mélange. Une confusion qui ne m'avait pas manquée. Le sentant se pencher au creux de mon oreille, j'eu envie de me retourner. Pour le contempler, et mieux plonger mes yeux dans la profondeur des siens. Pour oublier tous mes tracas. Pour qu'il les chasse d'un claquement de doigts.

Mais de sa main libre il me contraint à rester de dos, serrant d'une poigne ferme ma taille.

Cela dit...

Sa voix me paraissait grave, alourdie par ce que je cru être du désir. Le ton enjoué dont il faisait si souvent preuve c'était à présent évaporé. Mes paupières se fermèrent d'elles même. Je voulais échapper à cette réalité qui m'entourait pour savourer cette impression que le temps était suspendu.

Peut être l'était-il vraiment ? Le bruit ambiant de la circulation semblait s'être assourdi à l'image de celui de la foule. Une barrière invisible c'était-elle formée autour de nous ? Ce brouhaha qui renforçait mon angoisse, et cet étau qui enserrait ma gorge était à présent réduit au stade de souvenir. Un écho lointain. Si lointain. Est-ce que je suis encore là ? Là, debout au milieu de cette avenue si passante ?

Je ne sais pas. Plus. Tout ce que je savais c'est que...ça m'allait. Je devais garder les yeux fermés. Profiter de ce répit tant espéré.

Mes jambes semblaient toutes cotonneuses, comme mon cerveau. Embué. J'avais du mal à réfléchir. Seuls mes doigts se resserraient autour des siens, en l'attente de la suite de ses mots.

Vous m'avez manqué.

La chaleur incendia peu à peu mes joues. Désormais pivoine, je papillonnais des paupières peu soucieuse de l'image sous mes yeux. Seuls ses mots comptaient. Jamais. Jamais il ne m'avait dit quelque chose comme ça...

« Alastor je... »

Le paysage n'avait pas changé. La même masse de monde se trémoussaient, d'un pas preste pour réchapper à son effervescence. Quelle ironie de vouloir échapper de quelque chose alors que nous faisions parti de ses rouages. Un rouage parmi tant d'autre. Rouage d'une machine dont le moteur était l'angoisse qu'on s'évertuait à fuir.

Mille pensées se bousculaient dans ma tête. Et si les mots, encore brouillons, tentaient de se frayer un chemin au bord de mes lèvres...ils ne parvinrent pas au delà. J'avais tant de choses à lui demander. Tant de questions. Mes cauchemars en était-il responsable ou n'était-ce que le fruit de ma culpabilité ? Comment était-ce possible de dormir aussi longtemps alors que j'avais l'impression que seules quelques heures m'avaient filées entres les doigts ? Que faisait-il durant mon absence ?

Ma main serra la sienne. Plus fort. Témoignage abstrait du doute qui m'habitait. Et de l'envie de me raccrocher à cet espoir.

« Eh vous bloquez le passage ! »

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 19 ⏰

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Âme damnée [ FANFICTION ALASTORxOC ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant