Sans voix

Chapitre 1

Karter

Comme à son habitude, elle est toujours en retard - mais où est-elle bon sang ? - Alors j'attends patiemment son arrivée, les bras croisés sur mon abdomen.

On s'était donné rendez-vous pour sept heures cinquante-cinq devant le lycée. L'enceinte de notre école est vraiment gigantesque. Cinq gros bâtiments meublent le terrain. Un peu plus au fond, on y retrouve des tables de pique-nique, deux terrains de basket, un de foot puis un immense jardin parsemer d'herbe verte. - Parfait endroit pour lire un bon livre éclairé par la lumière du soleil. - On s'y sent bien, puis les professeurs sont assez cool, ce qui nous permet de pas trop nous ennuyer en cours

Adossé sur la grille délimitant le bahut, et balayant l'ensemble des élèves du regard, je commence à perdre patience. Je dois avouer que je déteste par-dessus tout, attendre quelque chose ou même quelqu'un peut importe la personne.

-Te voilà enfin c'est pas trop tôt !

- C'est toi Karter, tu es toujours en avance sur tous nos rendez-vous.

- Un simple "pardon" aurait suffi tu sais ?

- Je vais pas être désolée, je suis en retard c'est pas de ma faute ! Reprit-elle levant les yeux vers le ciel.

- Tiens, tiens, Hanna s'est réveillée du mauvais pied à ce que je vois ?

- Tais-toi avant que je t'encastre dans un mur imbécile !

Malgré son retard, nous arrivons à rentrer dans les temps, toujours avec un pas légèrement accéléré pour rattraper le temps. Dans ces moments-là, je suis angoissé à l'idée de ne pas être à l'heure. Cependant, ses retards, tellement devenus quotidiens que cela m'a permis de développer une bonne sérénité devant les professeurs.

# Flash-back #

Hanna, c'est ma petite amie depuis quelques jours. Il y a une semaine, l'envie de partager un long baiser était beaucoup trop importante pour nous, alors nous n'avions pas résisté. On s'était donné rendez-vous sur le parking, le bitume n'était pas chaud comme les soirées d'été. Le soleil s'abaissait pour se réfugier derrière la ligne d'horizon, laissant place à une atmosphère colorée et assez fraîche pour un soir d'octobre. Les vagues s'écrasaient sur les rochers, puis les oiseaux chantonnaient le long de la côte. Malgré le froid, nos corps ne tremblaient pas et aucun frisson ne parut.

Une fois assis sur le sable fin, donnant la sensation d'être sur un nuage, son visage s'était dirigé vers moi et ma main caressait la sienne dans une douceur extrême. Tout le décor qui nous entourait n'était plus là, en tout cas, plus dans mon esprit. Ses yeux perçants ne quittaient plus les miens, je sentais son souffle chaud se rapprocher de mes lèvres comme la brise de la mer sur les dunes, ainsi nos visages se rapprochaient à la même vitesse.

En si peu de temps, sa bouche semblait déjà en harmonie avec la mienne, la symphonie qu'elle créait me faisait tourner la tête. Sa deuxième main se baladait sur mon torse, provoquant en moi des frissons inarrêtables. Mais nous ne nous sommes pas arrêtés là. Ne voulant pas aller plus loin à ce moment-là, on restait collé comme deux aimants inséparables. Nos lèvres ne se quittaient plus et je priais pour ne pas sentir son corps s'éloigner du mien. Je savais alors que notre relation commençait enfin...

Nous nous sommes rencontrés dans un ranch, à proximité de Tucson, il y a environ 1 an. C'était vraiment un moment digne d'un film d'Hollywood. Je promenais mon chien, comme une soirée banale et lorsque j'étais plus qu'à quelques pas de l'entrée, je l'ai aperçu, sur son cheval, en train de trotter avec un sourire qui illuminait le mien. À partir de là, ma présence au manège (lieu couvert avec un sol souple pour faire travailler les chevaux) devenait de plus en plus récurrente en espérant à chaque fois, croiser ses minuscules yeux vert amande. Par la suite, on a commencé à se regarder de temps en temps, puis à se parler, pour enfin apprendre à se connaître plus en détail. Ce sentiment de nostalgie est sans aucun doute, le meilleur de tous.