Dans une petite ville nichée au creux des montagnes, où le temps semblait s'écouler plus lentement, une ancienne tradition avait lieu chaque année : le Bal du Solstice. Ce bal n'était pas seulement une simple fête pour les habitants, mais un événement marqué par la magie et le mystère. On disait que ce soir-là, les frontières entre le monde des vivants et celui des esprits s'amincissaient, permettant aux deux mondes de se croiser.
Adèle, une jeune femme d'une beauté rare mais discrète, vivait dans cette ville depuis sa naissance. Orpheline depuis l'enfance, elle avait été élevée par sa grand-mère, une guérisseuse réputée. Adèle avait toujours eu un lien particulier avec l'invisible, sentant des présences là où d'autres ne percevaient qu'un vide. Ce soir-là, pour la première fois, elle décida de se rendre au Bal du Solstice, poussée par une force qu'elle ne comprenait pas.
La salle de bal, une ancienne grange décorée de guirlandes lumineuses et de fleurs d'hiver, était pleine de vie. Les rires et la musique emplissaient l'air, mais dès qu'Adèle fit son entrée, le temps sembla se suspendre. Ses yeux furent immédiatement attirés par un homme en bout de salle, vêtu d'un costume sombre qui contrastait avec l'éclat des lieux. Il était beau, d'une beauté intemporelle, mais il y avait en lui quelque chose de plus, quelque chose d'inexplicable.
Leurs regards se croisèrent, et Adèle sentit son cœur manquer un battement. C'était comme si elle le connaissait depuis toujours, comme s'ils avaient partagé des vies passées. Il s'approcha d'elle, silencieux, et sans un mot, lui tendit la main. Leurs doigts se frôlèrent, et une vague de chaleur et de froid simultanés la traversa.
"Je m'appelle Élias", murmura-t-il, sa voix profonde résonnant comme un écho lointain. "Et toi, belle inconnue ?"
"Adèle", répondit-elle, presque dans un souffle. Tout en lui semblait irréel, et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir attirée, comme un papillon vers une flamme.
Ils dansèrent ensemble, en parfaite harmonie, comme si leurs corps se connaissaient par cœur. Mais au fur et à mesure que la nuit avançait, Adèle remarqua que les autres invités semblaient les ignorer, comme s'ils étaient invisibles. Cette pensée lui traversa l'esprit brièvement, avant de s'évanouir dans la douceur de la mélodie.
À la fin de la soirée, Élias la guida à l'extérieur, vers les jardins gelés. Sous la lueur de la pleine lune, il l'embrassa tendrement. Ce baiser fut un mélange de douceur et de douleur, comme un adieu anticipé. Lorsqu'ils se séparèrent, Adèle sentit quelque chose changer en elle, une prise de conscience étrange.
"Tu dois me promettre quelque chose", dit-il, le regard sérieux. "Ne cherche pas à comprendre ce qui s'est passé ce soir. Accepte simplement que certaines choses ne doivent pas être dévoilées."
Confuse, mais incapable de refuser, Adèle hocha la tête. Élias lui sourit, un sourire triste, puis disparut dans l'ombre de la nuit, la laissant seule avec une multitude de questions et un cœur plus lourd qu'au début de la soirée.