Quelques jours s'étaient écoulés depuis leur première rencontre difficile à la bibliothèque. Matilda, bien qu'encore sceptique, accepta la proposition d'Ethan de se retrouver dans un café près du lycée pour continuer à travailler sur leur projet de littérature. L'idée ne l'enthousiasmait pas particulièrement, mais elle savait qu'un compromis était nécessaire pour maintenir un climat de travail supportable.
Le café était un lieu vivant, baigné par la lumière chaude du soleil filtrant à travers de larges fenêtres. Le bourdonnement des conversations et le cliquetis des tasses créaient une ambiance détendue, bien différente de la rigueur silencieuse de la bibliothèque. Matilda arriva la première et choisit une table près d'une grande baie vitrée, à l'écart des autres clients. Quelques instants plus tard, Ethan fit son apparition, arborant son habituel sourire désinvolte.
- Hey, Matilda ! Désolé pour le retard, j'ai été retenu par le coach, lança-t-il en s'installant en face d'elle.
- Ce n'est pas grave, répondit-elle, légèrement formelle, mais pas désagréable. J'ai commandé un café pour moi, tu veux quelque chose ?
- Ouais, je vais prendre un cappuccino. Merci, c'est cool.
Ils échangèrent quelques banalités avant de sortir leurs affaires. Matilda nota que l'atmosphère était effectivement plus détendue ici. Ethan semblait plus à l'aise, ce qui, curieusement, la rendait aussi un peu plus à l'aise elle-même. Elle ouvrit son cahier, prête à reprendre leur discussion sur le projet.
- Alors, par où on reprend ? demanda-t-elle.
- Je pensais qu'on pourrait revoir ce qu'on a déjà fait et voir si on peut rendre ça... un peu plus vivant, proposa Ethan, cherchant ses mots. Je sais que t'as bossé dur sur l'intro, et c'est super, mais je me dis qu'on pourrait ajouter quelques trucs pour que ce soit moins... comment dire... académique ?
Matilda, d'abord un peu réticente, se rappela qu'ils étaient censés travailler ensemble et non pas l'un contre l'autre.
- D'accord, on peut essayer, dit-elle finalement en lui tendant ses notes. Qu'est-ce que tu suggères ?
Ethan prit les notes et les parcourut rapidement.
- Tu vois ici, là où tu parles des thèmes du sacrifice et de la rédemption ? C'est vraiment bien, mais je me demande si on ne pourrait pas trouver un moyen de connecter ça à quelque chose que les gens comprennent facilement. Par exemple, tu as vu ce film, «Les Évadés» ? Il y a cette idée de rédemption aussi, et je pense que ça pourrait être une comparaison intéressante.
Matilda le regarda, surprise. L'idée n'était pas mauvaise du tout. En fait, elle se demandait même pourquoi elle n'y avait pas pensé plus tôt. Elle hocha la tête, pensivement.
- C'est une bonne idée, Ethan. On pourrait effectivement utiliser cette comparaison pour rendre notre analyse plus accessible. Je suis d'accord pour qu'on l'ajoute.
Ethan sourit, satisfait de voir qu'ils progressaient enfin sans tension.
- Super. Je me disais aussi qu'on pourrait peut-être jouer un peu avec la structure du texte. On n'est pas obligés de suivre un schéma rigide, non ? Pourquoi pas intercaler nos analyses avec d'autres exemples comme ça, pour que ce soit plus fluide ?
Matilda, encore une fois, ne put s'empêcher d'admettre qu'il avait un bon point. Elle acquiesça, en commençant à griffonner des notes supplémentaires dans la marge.
Alors qu'ils travaillaient ainsi, Matilda se surprit à remarquer des détails qu'elle n'avait pas relevés auparavant. Ethan n'était pas aussi désinvolte qu'elle l'avait cru. Il posait des questions pertinentes, écoutait attentivement ses réponses, et même si ses propositions étaient parfois informelles, elles révélaient une réflexion plus profonde que ce à quoi elle s'attendait. Leurs discussions s'enchaînaient naturellement, sans l'agressivité de leur première rencontre.
Alors qu'elle était en train d'écrire, elle aperçut du coin de l'œil Ethan qui sortait son téléphone pour vérifier quelque chose. Son regard fut attiré par l'écran d'accueil, où une photo de paysage, baignée dans des tons dorés du crépuscule, trônait en arrière-plan.
- C'est magnifique, fit-elle remarquer, incapable de contenir sa curiosité. Tu l'as prise toi-même ?
Ethan, pris de court, leva les yeux de son téléphone, un peu surpris par l'intérêt soudain de Matilda.
- Ouais, c'est moi qui l'ai prise. C'est un de mes passe-temps, répondit-il en haussant les épaules, comme s'il essayait de minimiser l'importance de la chose.
- Je ne savais pas que tu faisais de la photographie, dit-elle, son ton trahissant son étonnement. C'est vraiment... impressionnant.
Ethan esquissa un sourire, un peu gêné.
- Merci. C'est rien de sérieux, juste un truc que j'aime faire quand j'ai du temps. Ça me change les idées.
Matilda hocha la tête, réfléchissant à ce qu'elle venait d'apprendre. Qui aurait cru qu'un sportif comme lui pouvait être intéressé par quelque chose d'aussi artistique ?, se dit-elle. Une nouvelle perspective s'ouvrait devant elle, et elle commença à se demander si elle ne l'avait pas jugé trop rapidement. Peut-être qu'il y avait plus en lui qu'elle ne l'avait imaginé.
De son côté, Ethan aussi faisait des découvertes. Bien que Matilda soit clairement studieuse, il réalisait qu'elle n'était pas aussi rigide qu'il le pensait. Il l'avait surprise à rire, sincèrement, à l'une de ses blagues, et cela avait allégé l'atmosphère entre eux. Pour la première fois, il commençait à la voir non pas comme une simple "intello", mais comme une personne avec qui il pouvait échanger.
- T'as déjà pensé à faire un projet photo ? demanda-t-il soudain, une lueur d'intérêt dans le regard. Tu sais, capturer des images qui correspondent à des thèmes littéraires, ça pourrait être un truc cool à faire, non ?
Matilda le regarda, un peu déconcertée. L'idée ne lui était jamais venue à l'esprit, mais elle devait admettre qu'elle était intriguée.
- Je n'y avais jamais pensé... mais ça pourrait être intéressant, répondit-elle, le regard pensif. Peut-être qu'on pourrait essayer après ce projet, si on trouve le temps.
Ethan sourit, content de sa réponse.
- Ça pourrait être fun. Je pourrais te montrer quelques trucs, et tu pourrais m'aider à choisir les thèmes, tu sais, avec ton œil littéraire.
Ils continuèrent à discuter de leur projet, mais aussi de leurs vies respectives. Ethan lui parla de ses matchs de basket, de la pression qu'il ressentait en tant que capitaine de l'équipe, une responsabilité qui pesait sur ses épaules plus qu'il ne l'admettait généralement.
- C'est pas toujours facile, avoua-t-il, jouant distraitement avec sa tasse. Tout le monde attend que je sois parfait sur le terrain, que je mène l'équipe à la victoire. Parfois, j'ai juste envie de tout laisser tomber.
Matilda l'écouta attentivement, touchée par cette confidence.
- Ça doit être beaucoup de pression, dit-elle doucement. Je comprends un peu, avec les attentes de mes parents et mes propres ambitions. J'ai tellement peur de ne pas être à la hauteur, surtout quand il s'agit de l'université. Parfois, je me demande si je fais vraiment les bons choix.
Ethan la regarda, surpris de la voir si vulnérable. Il avait toujours pensé qu'elle était sûre d'elle, mais cette conversation révélait une facette de Matilda qu'il n'avait jamais soupçonnée.
- Tu vas y arriver, Matilda, affirma-t-il avec conviction. T'es l'une des personnes les plus intelligentes que je connaisse. T'as juste besoin de croire en toi autant que les autres croient en toi.
Un sourire timide apparut sur le visage de Matilda.
- Merci, Ethan. Ça me fait du bien de l'entendre, avoua-t-elle.
Quelque chose changea imperceptiblement entre eux à ce moment-là. La tension qui existait lors de leur première rencontre semblait s'être évaporée, laissant place à une complicité naissante. Ils avaient franchi un cap, et bien que leur projet de littérature ne soit pas encore terminé, Matilda sentait qu'elle n'avait plus à s'en inquiéter autant. Elle commençait à apprécier ces moments de collaboration, qui devenaient peu à peu une véritable rencontre entre deux mondes jusque-là opposés.
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Whispers in the Hallways
RomantikMatilda Thompson savait que le lycée n'était qu'une étape, un passage obligé vers quelque chose de plus grand, de plus vrai. Pour l'instant, son monde était rempli de devoirs à rendre, de clubs à présider, et de regards furtifs échangés dans les cou...