Chapitre 16

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Je l'observe en silence, les vêtements qu'elle porte sont à son avantage. Un jean moulant déchiré, un tee-shirt serré, des bottines et une veste en cuir. Elle a brossé ses cheveux naturels et ne porte pas de maquillage.

Le rendu est magnifiquement.

Mon attention est attirée par le grain de beauté au coin de sa bouche. Je l’ai  trouvé séduisant dès le premier jour.

Mignon.

Je n’ai pas eu beaucoup d’opportunités de l’observer, mais je connais le moindre centimètre de son corps comme s’il s’agissait du mien. Elle est ancrée dans ma mémoire, une entité vivante qui bat à l’unisson avec mon cœur derrière mon sternum.

Je remarque sa grimace quand elle pose les fesses sur son siège. Je me penche vers elle et boucle sa ceinture. Elle me laisse faire, mais se plaque contre le dossier pour éviter que mes bras ne frôlent sa poitrine.

L’heure du dîner est passée. Je doute qu’elle ait faim, même si nous avons également sauté le déjeuner.

L'instant d'après, son estomac qui gargouille me confirme qu’elle a besoin de s’alimenter.

_ Nous mangerons sur le yacht, déclaré-je. Nous sommes sur le point d’atterrir.

Elle se tourne vers le hublot sans répondre. Nous sommes au milieu de la nuit quand nous atterrissons. Une hôtesse de l’air monte à bord pour s’occuper de nos bagages.

Elle me reluque avec intérêt au passage, mais détourne rapidement le regard devant l’hostilité du mien. Je sors du placard le manteau que j’ai acheté pour l’occasion et l’ouvre pour Jacky. Une fois que je l’ai aidé à l’enfiler, je le boutonne. Mais elle évite mon regard tout le long.

Une voiture nous attend à l’aéroport pour nous conduire à la marina. Le capitaine nous accueille sur le yacht. Un employé se charge de nos bagages et les transporte dans notre cabine. Nous allons passer la nuit sur le yacht et prendrons la mer dès l’aube.

Elle me suit sans un mot dans le salon où une table est dressée. Le chef nous a préparé un repas composé de poulet grillé et de légumes rôtis. Un serveur nous verse du vin pendant que j’enlève le manteau de mon épouse.

Une fois que je l’ai installé, ma femme permet au serveur d’étaler une serviette sur ses genoux, mais elle ne prend pas ses couverts dès qu’il part.

_ Mange, dis-je. Tu as besoin de forces.

Elle serre les lèvres et me lance un regard hostile. Je prends une bouchée de poulet et l’avale, accompagnée d’un peu de vin.

_ Tu vois, ce n’est pas empoisonné.

Elle n’apprécie pas ma tentative d’humour. Elle plisse ses jolis yeux et me fusille du regard comme si elle avait plutôt envie de me poignarder avec le couteau à beurre.

___ C’est délicieux, insisté-je. Je te le promets.

Elle souffle d’un air dédaigneux et détourne le regard.

__ Mange, Jacky, lui ordonné-je d’un ton autoritaire.

Elle cligne rapidement des yeux, mais pas assez vite pour que je n’aperçoive pas les larmes qui brillent. Elle saisit sa fourchette et joue avec pendant un instant. Finalement, elle pique dans un dé de carotte qu’elle porte à sa bouche.

La nourriture est délicieuse. J’ai engagé le meilleur chef de Corse. Dès qu’elle a goûté la purée crémeuse avec une pointe de noix de muscade et des fruits de la passion, elle a mangé de bon cœur.

*

Je l’observe entre deux bouchées et remarque, satisfait, qu’elle finit son assiette. Elle engloutit également la génoise au chocolat et à la vanille garnie de framboises, mais décline la tisane ou le café que le serveur lui propose.

_ Tu as encore faim ? demandé-je quand nos assiettes sont débarrassées.

_ Non, merci, répond-elle d’une voix à peine audible.

Je me lève, fais le tour de la table et écarte sa chaise.

__  Fatiguée ?

Elle se lève à son tour.

_ Non.

_  Je peux te donner quelque chose pour t’aider à dormir.

Elle se raidit.

_ J’ai dit que je n’étais pas fatiguée. J’ai dormi durant tout le voyage.

Le serveur me tend son manteau, que je pose sur ses épaules.

_ Tu avais besoin de te reposer.

Elle ne répond pas.

Elle se crispe un peu plus quand je prends son coude pour l’entraîner sur le pont et dans l’escalier menant à notre cabine. Le yacht tangue à peine, mais on perd facilement l’équilibre quand on n’a pas le pied marin. Même si elle ne semble pas avoir besoin de mon aide, j’insiste quand même.

Le yacht est une véritable œuvre d’art, je l'ai équipé des meilleurs garde-corps en acier inoxydable. Des lampes de sol bleues éclairent notre chemin.

_ Par ici, dis-je en indiquant la porte au bout du couloir.

Je l’ouvre et m’écarte pour la laisser entrer. Quand elle aperçoit la femme en tunique blanche qui attend à l’intérieur, elle se fige instantanément.

L’esthéticienne lui décoche un sourire chaleureux.

_  Bonsoir, Madame Asare !!!

la salue-t-elle avant de m’adresser un petit signe de tête. Monsieur, tout est prêt.

Jacky se tourne vers moi, au bord de la panique.

_  Prêt pour quoi ?

_  Pour te préparer pour la nuit de noces, expliqué-je en prenant son manteau, que je jette sur le dossier d’une chaise.

_  Me préparer comment ?

Je ferme la porte et la verrouille.

_ Tu peux commencer par te déshabiller et t’allonger sur le lit.

Dis-je d'un ton ferme et suffisamment imposant.

POURQUOI J'AI TUÉ MON MARI ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant