j'atteste qu'il n'y a de dieu qu'Allah et j'atteste que Muhammad est son messager
j'y ai pensé toute la nuit
j'ai l'impression que ça a duré toute une vie.
j'ai pensé à tous ces médias corrompus qui ont fait de ma religion un hymne à la haine et au sang
j'ai pensé à tous ces français qui voyait en nous l'ignominie islamiste, qui voyait mon père futur kamikaze de métro et ma mère pauvre femme battue et violentée
j'ai pensé à ces gamins de primaire qui crient Allahu Akbar en faisait semblant d'exploser leur cour de récréation.
à cette vieille conne au mcdo où j'ai bossé qui m'a demandé doucement si je comptais retourner chez moi pour les vacances d'été
à ceux qui ne disent plus rien, et qui se contentent d'hausser les épaules "la France a d'autres problèmes à gérer, vous nous facilitez pas la tâche", l'air ennuyé.j'ai beaucoup pensé, cette nuit.
à mon grand père, Allah y rahmo
à cet été où il m'avait appris Ayat al Kursi, moi assise sur ses genoux, lui posé sur un tapis de prière un peu abîmé. ses grandes mains fripées sur mon petit visage d'enfant, il était déjà si vieux.
j'ai pensé à cet sdf, plein Paris, décembre 2019. Son vieux qamis sur le dos, il faisait si froid mais lui il était là, au milieu de la foule qui le regardait même pas. Moi je l'ai vu, tourné vers la Mecque, à genoux sur son bout de carton, le front collé au sol. Je l'ai vu se relever, tremblant, gelé, zélé, si beau. Il a finit sa prière, et ses yeux ont croisé les miens
ses yeux j'en crève encore aujourd'hui.
j'ai pensé à cette vidéo, je scrollais sur ses applis de dégénérés, je me noyais dans mon ennui et ma médiocrité et puis y'a eu cette vidéo. c'était Sourate al Nasr, et un plan sur des centaines de musulmans entassés sous les décombres de Gaza. C'était des mères, des enfants, des frères, qui priait ensuite pour que les défunts trouvent la paix dans les vastes jardins d'Allah. C'était pas la haine, c'était pas la rage. C'était l'espoir, c'était el Noor
j'ai pensé à ce garçon que j'ai trouvé si beau cette année, Paul qu'il s'appelait. Il avait l'air intelligent, il marchait en regardant droit devant lui ou en riant avec ses amis, je le voyais se resservir à la cantine et parler avec les surveillants. J'ai pensé à ce moment où en allant à la gare pour me réchauffer je l'ai vu en train de rattraper ses prières, planqué dans un coin, ses potes le cachaient.
et puis j'ai eu envie de pleurer, oui il était si beau.j'ai beaucoup pleuré cette nuit.
j'ai réfléchi à ce que je laisserai quand je mourrai, ce que je léguerai.
j'ai pensé à l'écriture, aux pauvres histoires qui traînaient sur un compte qu'on oubliera tous. mes pauvres histoires que je chéris tant, mon amour pour la langue et les mots, les sons qui ne veulent pas sortir mais qui glissent si facilement, moi derrière un écran, vous de l'autre côté.
je me suis retournée dans mon lit, et j'ai pensé à avoir des enfants
je l'ai ressenti au fond de moi, cette envie de transmettre cet adoration pour Allah
j'ai eu envie de voir mes enfants s'extasier devant les couchers de soleil, de se demander d'où viennent la lune et les chevaux.
et je leur expliquerai que le tout puissant a habillé le ciel des plus beaux bijoux pour qu'on soit tout le temps éclairé, même quand notre esprit sera sombre et perdu, il nous rappellera à lui et nous chérira, même si nous on l'avait oublié.
et là je suis retombée dans ce vide qui me crame à vif, ça m'a pris de nul part comme souvent, je me suis juste souvenue qu'on m'avait beaucoup pris et que même mes enfants, n'existeront sûrement pas
mais si je ne les fais pas,
je les écrirais.
alors cette nuit j'ai écris.mon père aimait Allah plus que tout
j'ai beaucoup pleuré quand, petite, je l'ai appris.
mais j'ai grandi et je l'ai senti un soir, au fond de mon ventre, moi aussi, qu'Allah serait mon plus grand amour.
c'est pas un truc qu'on peut tous comprendre facilement, faut l'avoir déjà senti
les yeux mouillés par l'immensité de l'existence, et cette pensée qui transcende et qui te rappelle
qui scande
que nous ne sommes que de passage sur cette terre. j'ai ressenti Dieu au plus profond de mon âme, j'ai questionné le grand calcul de l'univers, je me suis extasiée devant la douceur de mes draps sous mes doigts, qui étaient autrefois si rêche, que je voulais brûler si fort.
le vide s'est transformé en douce léthargie, mais la nuit n'était pas finiej'ai pensé à ce que j'étais, qui j'étais
j'ai murmuré mon propre prénom comme une question,
wissame wissame wissame
?
j'ai voulu savoir, j'ai touché mes joues, mes cuisses, mon nez
j'ai tiré doucement sur mes cheveux.
puis je me suis retournée encore une fois
pourquoi savoir
wissame wissame wissame
on m'a faite, je me suis faite, je viens d'où, je suis qui, pourquoi savoir
pourquoi moi
je sais pas, je voulais savoir
mais c'était la nuit et j'avais déjà beaucoup pensé alors j'ai fermé un peu les yeux, je me suis remise sur le dos.
et juste avant de dormir
juste avantj'ai pensé qu'aujourd'hui je n'ai qu'une certitude
une seule et unique certitude
le jour où je mourrais,
peu importe quand, peu importe comment
mes prières seront faites, j'aurais prononcé la Chahada haut et fort, les yeux tournés vers le ciel.
on m'enterrera nue, comme je suis arrivée ici, je veux pas de cercueil, pas de pierre tombale, rien qui pourrait empêcher les bras d'Allah de m'enlacer, il ouvrira mon linceul blanc et je saurais
je sais
que je ne serais plus jamais seuleأشهد أن لا إله إلا الله و أشهد أن محمدا رسول الله