Chapitre 5 - La Taupe Enragée

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Aussitôt la porte miniature franchit, les cinq jeunes firent face à de petites maisons qui indiquaient l'entrée du village. Noa prit la tête du groupe et tous avancèrent direction le centre ville. Seulement une dizaine de pas leur suffisait pour atteindre la place du village, pavée de diverses pierres et surplombée par un chêne qui avait été planté en son centre. Le jeune métamorphe se dirigea vers un bâtiment, qui faisait partie d'une bâtisse entourant la place, et sur lequel était fixé une pancarte : la Taupe Enragée.

La taverne était pleine à craquer. Il y avait plusieurs tables et diverses personnes de tout horizon. Les trois tables sur leur gauche étaient spécialement pour les adorateurs de jeu de cartes et d'eau de vie. Certains de ces gens avaient des oreilles en pointes, d'autres de petites paires d'ailes. On pouvait reconnaître des humains qui avaient l'apparence d'écumeurs des mers et d'autres qui portaient des tenues plus distinguées, dignes des nobles terriens du XVIIIe siècle. Du côté droit, on retrouvait tous les codes d'un salon de thé, avec de belles nappes d'un blanc immaculé. Divers fours et pâtisseries étaient survis sur des plateaux argentés. Les boissons chaudes étaient servies dans des tasses en porcelaine peintes à la main, dont la précision et la finesse étaient plus que remarquables. Les personnes attablées étaient toutes aussi diverses, de par leur apparence, leur âge et leur manière de se servir. En face de l'entrée, se trouvait le bar, en bois brut, sur lequel était posé une longue planche qui aurait pu servir pour la coque d'un bateau.

Noa leur fit signe d'avancer en direction du bar, afin qu'ils puissent prendre leur commande et ainsi saluer le gérant de l'établissement. S'accoudant et se penchant pour observer derrière le bar de ce dernier, Noa s'écrit :

- Hé Jim ! Tu peux nous servir ?

- Sale cabot ! Hurles pas comme ça, j'ai mis une sonnette. Tu l'as pas vu peut-être ? fit l'homme en sortant d'une pièce annexe à son bar qui devait être la cuisine, et en désignant une petite cloche posée sur le bar. J'essaie de rendre cet endroit aussi paisible que possible. À force, d'entendre ces grognards, j'en ai des migraines épouvantables, dit-il en se frottant les yeux. Bon, qu'est-ce que tu veux ? Tu t'es fait de nouveaux amis ? demanda-t-il en regardant derrière l'épaule de Noa.

- On peut dire ça.

Noa fit les présentation et les quatre amis saluèrent le gérant du bar. Ce Jim avait l'air de sortir tout droit d'un long-métrage de pirates, avec ses longs cheveux bruns qui s'arrêtaient en dessous des épaules, son bonnet verdâtre qui retombait en arrière et sa barbe de trois jours. De plus, l'un de ses yeux émeraudes était caché par un cache œil en cuir : la panoplie idéale. Malgré son âge, qui ne devait pas dépasser les vingt-cinq ans, et ce physique négligé, Jim semblait être quelqu'un de respectueux et respecté. Si bien qu'il ne fut pas vexé lorsque le quatuor le fixa, intrigué par cet œil caché :

- Oh, ça ! Je vous rassure, il fonctionne, les informa-t-il en soulevant le cache œil, révélant un second émeraude. Ça me donne l'air plus charmant, déclara-t-il en leur faisant un clin d'œil. Alors, qu'est-ce que je vous sers ? Un verre d'eau, un jus d'orange, une bière, des macarons ?

Alice et Raphaël demandèrent une pinte de bière chacun. Sam et Danny choisirent un verre de jus d'orange.

- Et pour toi le cabot ? Limonade comme d'habitude ?

Noa lui confirma son choix et lui dit qu'ils allaient s'installer à une des tables se trouvant à la frontière entre le saloon et le salon de thé. Aussitôt installés, Alice demanda à Noa pourquoi son ami le surnommait-il de cette manière.

- Eh bien, il y a quelques années, j'ai eu quelques ennuis. Et un matin où je me faisais courser, je suis entré à toute vitesse dans le bar et j'ai imploré le mec derrière le bar de m'aider à me cacher, expliqua-t-il en pointant Jim. J'étais planqué dans la cuisine quand ils ont retrouvé ma trace. Jim a pu les retenir, juste le temps que je me transforme en chien. Quand les gardes sont passés dans la cuisine, ils ont vu un chien dormir, et n'y ont pas prêté attention. Ils sont repartis bredouille et Jim m'a prévenu que la voie était libre. Pour passer inaperçu, je suis resté en chien un moment. Jim m'a servi une gamelle avec de la limonade. Je l'ai remercié comme j'ai pu, après je suis parti, toujours en chien et il m'a dit : « à plus, le cabot ! ». Et puis on est devenu amis et le « cabot » est resté, et la limonade, finit Noa en levant son verre.

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