#Jacky
La femme est très professionnelle, mais je perçois également de la bonté. Je m’adresse à elle plutôt qu’à Martin. J’ai plus de chances de rencontrer un peu de sympathie qu’avec mon mari.
_ Je n’en ai pas envie.
Si je pensais qu’elle allait faire preuve de compassion, je me trompais. Elle lisse la serviette blanche étalée sur le lit comme si elle ne m’avait pas entendue.
Ce qu’elle ou plutôt Martin a prévu devient clair quand j’aperçois ce qui est préparé sur la table de nuit.
De la cire tiédit dans un récipient au-dessus d’un chauffe-plats. Une paire de ciseaux et des tubes de crème sont alignés à côté.
_ Gloria est très douée, m’assure t'il derrière moi. Tu peux lui faire confiance.
Je ne bouge pas. Je suis tendue, submergée par une envie folle de violence. J’ai envie de lui faire mal, et ce sentiment m’effraie. La personne en moi que je n’aime pas, celle qui sort la tête dès qu'il est dans les parages, se renforce plus je passe du temps avec lui.
Je dois déjà digérer ce que j’ai failli faire, ce que j’aurais fait si l’arme avait été chargée. Je déteste ce que cela fait de moi. Je ne peux même pas me regarder en face, là, tout de suite. Je ne veux pas être cette femme, mais je le suis déjà. J’ai peur de me perdre plus que de vivre prisonnière de mon mari.
Il écarte les cheveux et dépose un baiser dans mon cou avant de me dire tendrement :
_ Je peux toujours te déshabiller et te ligoter.
Il est inutile de résister.
Mes arguments n’auront aucun poids pour lui. Ce que je désire n’a aucune importance. Je l’ai appris de la manière forte. Je ne doute pas qu’il m’humiliera devant la femme en mettant sa menace à exécution.
M’écartant de lui, je me dirige vers le lit et commence à retirer mes vêtements. Gloria les prend à mesure que je les enlève et les pose sur un banc devant une commode. Quand j’arrive à mes sous-vêtements, je refuse de les lui donner et les pose sur la pile de vêtements, rouge de honte, nue devant elle et avec Martin comme témoin.
_ Bien, dit-elle en me prenant par la main pour m’aider à grimper sur le lit. Vous pouvez vous allonger.
Je fixe le plafond en m’exécutant, pleine de rage vis-à-vis d’elle comme de lui, même si elle est très douce. Je lui suis reconnaissante de placer une serviette sur le haut de mon corps, n’exposant que le bas.
Martin tire une chaise au pied du lit et s’installe confortablement pendant que la femme s’affaire à mélanger la cire. Il pose ses bras sur les accoudoirs molletonnés et étire ses jambes.
Je serre les dents.
_ Tu te prépares pour le spectacle ?
Il sourit.
_ Ce n’est pas ainsi que je le voyais, mais si c’est ce que tu désires, je suis ton invité.
Connard.
_ Si ce n’est pas pour me reluquer comme le pervers que tu es, alors pourquoi es-tu là ?
Il répond d’un ton posé :
_ Pour m’assurer que tu es traitée comme je l’ai demandé.
_ Torturée ?
Il paraît amusé.
_ Dorlotée.
Je laisse échapper un petit rire sarcastique.
_ Ouais, c’est ça.
_ Tu ne me crois pas ?
_ As-tu déjà été épilé à la cire ? demandé-je en posant le regard sur son entrejambe.
Là, en bas.
Il hausse un sourcil en esquissant un sourire que j’aimerais effacer de son visage avec une gifle. Dès que cette pensée violente me traverse, je sens la déception m’envahir. Je déteste qu’il me fasse réagir au quart de tour. Je déteste que ses réactions m’affectent.
_ Non, répond-il d’un ton impassible. Et toi ?
Moi non plus, mais je ne prends pas la peine de répondre.
___ Gloria m’a assuré que ce n’était pas douloureux, ajoute-t-il. Tu ne devrais ressentir qu’une légère gêne.
Bien sûr.
_ Avez-vous froid ? demande la femme. Voudriez-vous que j’augmente la température ?
_ Non, répliqué-je sèchement.
Après avoir enfilé des gants chirurgicaux, elle se met au travail et applique la cire sur mes jambes.
_ J’espère que tu profites bien du spectacle, lancé-je à mon mari d’un ton mordant.
Je réfléchis à une centaine d’insultes à balancer à mon époux, mais mes pensées sont brutalement interrompues quand, au bout de quelques instants, Gloria arrache la bande de cire. Ça fait moins mal que je ne m’y attendais, mais ce n’est pas agréable non plus.
*
*[ Quelques minutes après.... ]
_ C’est fini. Qu’en pensez-vous ? annonce Gloria après ce qui me semble des heures.Je lève la tête et inspecte mon corps. Elle m'a épilé entièrement.
Il se lève et approche du bord du lit pour observer à son tour.
_ J'aime mieux ta peau ainsi !
Dit-il en me regardant dans les yeux.
Je l'ignore.
_ Puis-je utiliser la salle de bains pour me laver les mains ? demande Gloria en retirant ses gants et en les jetant à la poubelle.
Martin lui indique une porte sur le côté.
_ Je vous en prie.
Un silence s’installe entre nous quand elle disparaît dans la pièce attenante. Je regrette immédiatement son absence. Je ne réalisais pas qu’elle faisait tampon entre nous. Je ferme les jambes et essaie de m’asseoir, mais il m’en empêche d’une main sur l’épaule.