~Nos coeurs perdus~

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Ce matin au réveil, la bonne humeur n'est pas au rendez-vous, j'ai encore fait ce cauchemar où je leur supplie d'arrêter, mais que leur rire s'accentue. Je me lève sans faire de bruit pour ne pas réveiller mon frère qui dort encore à côté, ma tante, la femme qui nous a élevés, n'est pas très riche et nous habitons dans un tout petit appartement où je suis forcée de partager ma chambre avec mon petit frère Sylvain de seulement 7 ans, c'est une vraie pile électrique comparé à moi et les gens me le font souvent remarquer, mais je n'y prête plus attention. Je me dirige dans la cuisine où ma tante boit son café et mange ses tartines habituelles, je lui dépose un bisou sur le front auquel elle répond par un petit geste militaire à deux doigts qu'elle a l'habitude de faire. Je prépare mon café à mon tour. Après avoir fini de déjeuner, je vais me préparer dans la salle de bain, enfin simplement me faire un chignon sans aucun effort et mettre le premier pull et jean que je trouve. Depuis toujours, je ne comprends pas à quoi sert de se préparer pendant des heures pour que personne ne le remarque vraiment, je sors de la maison avec une boule dans le ventre. Encore une journée de lycée enfermée entre 4 murs pendant toute la journée, l'horreur. Je suis en seconde et alors que je pensais que le lycée et les élèves changeraient, je me suis bien trompée, rien ne change et c'est même encore pire. C'est depuis la primaire que je suis prise pour cible par des abrutis sans aucune importance et à cause de cette situation qui dure et s'amplifie, j'ai développé ce que le médecin a nommé de phobie scolaire, mais que je préfère nommée de dégoût scolaire. Une fois arrivé devant le lycée, je me fais petite pour ne pas que l'on me remarque et entre discrètement dans l'établissement, je me dirige ensuite instinctivement en direction de la bibliothèque où je passe la plupart de mon temps. Sur le chemin, je prie pour ne pas croiser Ben et son groupe de "gangster" comme les nomment tout le monde ici. Ce sont eux qui m'embêtent depuis le début de l'année. Et alors que je n'ai pas fini de partager mon souhait à mes pensées, j'entends cette voix familière que je déteste pour me dire :
- Salut la dep, t'es pas dans les toilettes pour pleurer ?
Et sans attendre, je réponds :
- Et toi, tu n'es pas dans les vestiaires pour te branler ?
Une rumeur tourne dans le lycée comme quoi Ben aurait fait des choses dans les vestiaires avec une fille dont personne ne connait l'identité, à part lui bien sûr.
La surprise se lit sur son visage et mes lèvres s'allongent instantanément, trop fière de ma répartie. Il n'ajoute rien jusqu'à s'approcher dangereusement vers moi pour me dire tout bas dans l'oreille :
- Ne fais pas trop la maligne avec moi, Amély Harington, sinon tu risques de finir comme la dernière fois.
Cette pensée me fait frissonner et j'ai besoin d'un petit moment avant de pouvoir bouger alors que Ben est déjà parti depuis 2 minutes.
La journée se finit sans aucun autre encombrement, mais j'ai l'impression que cette dernière heure de cours est interminable alors que Mme. Vinesky nous donne les dernières informations sur les répétitions de la pièce de théâtre prévue pour la fin d'année où je ferai mon apparition. Lorsque j'ai dû choisir une option en début d'année, le théâtre m'a paru la meilleure solution, je fais du théâtre depuis le début du collège, après le conseil de ma tante qui pensait pouvoir me donner confiance en moi. C'est vrai que depuis que j'ai commencé, j'ose faire des choses qui me paraissaient impossibles avant. Je finis de copier ce qui est inscrit au tableau pile au moment où la sonnerie retentit et range mes affaires à toute vitesse car j'ai besoin d'air au plus vite. Je bouscule un ou deux élèves au passage et m'excuse sans même me retourner. Une fois dehors, je prends une grande inspiration bien méritée et me dirige vers le portail pour rentrer chez moi à pied, car tante Noah travaille jusque très tard ce soir, sur le chemin, je prévois de récupérer Sylvain à l'école. Mes pensées tournent comme toujours à 1000 kilomètres heure et je bouscule quelqu'un sans m'en rendre compte, ce qui me fait tomber et ouvre mon sac au passage. Alors que mes cahiers se dispersent sur le sol je m'excuse de nombreuses fois quand je commence à entendre rire. Je vois ces basket de sport que je ne connais que trop bien, encore lui. Je percute qu'il a sûrement fait exprès de me bousculer et me sens tout à coup bête de m'être excusée. Ben et son groupe sont hilare alors que je récupère mes livres de cours, l'un d'eux ramasse ma trousse et commence à la faire circuler dans les airs comme un simple ballon, j'essaie plusieurs fois de la ramasser en vol en les suppliant de me rendre ma trousse mais c'est sans succès. Alors qu'elle atterrit dans les mains de Ben, il me regarde en la tenant du bout des doigts avec de l'amusement dans les yeux, comment peut il trouver ça drôle? Je le regarder avec un air de chien battu et lui demande doucement:
-Donne la moi, s'il te plaît Ben.
Il me scrute un moment puis me la jette en pleine figure en criant:
-Bouffone !!
Ça fait mal sur le coup mais au moins je l'ai récupérée. Il s'éloigne avec sa bande et je récupère mon sac pour repartir comme si rien de tout ça c'était produit, mais j'entends derrière moi:
-je t'avais prévenu, à demain la dep.
Je répond directement de mon majeur pointé en direction du ciel, puis pars rapidement. Je récupère mon frère à l'école, malheureusement en retard alors je m'excuse auprès de la maîtresse et repars avec la pile électrique qui saute dans tout les sens pendant le retour. Arrivée à la maison, je donne le goûter à mon frère et commence mes devoirs. Je ne comprends pas tout mais google est mon ami, une fois les exercices finis, je prends ma douche et lave ma longe chevelure brune. Avant que tante Noah arrive, je décide de faire à manger pour lui débarrasser de cette corvée. Je fais manger mon frère et l'emmène dans sont lit pour dormir, une fois coucher ma tante arrive, nous mangeons puis je vais me couché pour être en forme demain même si je doute de pouvoir dormir correctement.