Il pleuvait des trombes dehors quand elle arriva à l'auberge au milieu de la nuit. Le patron l'emmena personnellement jusqu'à la porte de sa chambre.
Sur une révérence gracieuse et rapide, ce dernier se retira.
Elle heurta ensuite doucement à la porte.
— Entrez! dit-il prestement.
Avec une lenteur ostensible, elle franchit la porte et la referma derrière elle. Elle se dépouilla ensuite posément, avec des gestes délicates, de sa mante à capuchon et de sa robe détrempées, mais conserva son déshabillé de soie rutilante, sous le regard passif, hypnotisé du prince sur son séant, les fourrures recouvrant son bas. Elle avait la jeunesse, la beauté, une silhouette svelte, une carnation délicate et une opulente chevelure auburn qui cascadait sans contrainte sur ses épaules et jusqu'au milieu de son dos. Quand au prince, s'il était beau, lui aussi, il paraissait un peu plus vieux qu'elle avec son visage proprement rasé, plus grand, musculeux, son teint était plus sombre et ses cheveux auburn relativement courts.
Ses yeux noisettes flambant de désir, observant sa démarche qui avait quelque chose de spectral, le jeune prince se surprit à souhaiter qu'elle le rejoigne dare-dare. Des heures qu'il l'attendait dans cette petite pièce, néanmoins jolie, contrairement à l'entièreté de l'auberge, avec les flammes vacillantes pour seule vraie compagnie. Oh, qu'elle accélère la cadence...
« Maintenant je suis l'une de ces prostituées que tu as l'habitude de recevoir dans ce genre d'endroits, dit-elle en s'avançant presque coquette, avec pourtant un regard hostile, déterminé et la voix difficilement tendre.
— Est-ce donc l'attitude que tu vas adopter pour notre dernière nuit ensemble, très chère? rétorqua le prince avec ardeur. Notre dernière nuit ensemble avant que je regagne la région la plus glaciale de tout le continent.
— Ta future femme sera là pour chauffer ta couche, ne t'inquiète donc pas pour le froid, très cher. On a sensiblement le même âge. On dit qu'elle est encore vierge... et qu'elle est aussi belle que l'Étoile du Nord.
— On dit également qu'elle est aussi froide que la neige, qu'elle a été sculptée dans un bloc de glace. Je crois que je préférerais la compagnie des prostituées, on dit qu'elles sont toujours chaudes.
Cette lueur dans les yeux du prince s'intensifia quand elle arriva au bord du lit et y appuya un genou.
« Tu devras tout de même aborder le lit conjugal, te résoudre à remplir ton devoir, reprit-elle en grimpant doucement sur le lit, c'est presque... inévitable.
— Je trouverai bien un moyen de l'éviter..., assura rapidement le prince, avec douceur, quelque chose pour ne pas la voir après le mariage. Ses yeux ne cillèrent pas, ils ne se détachèrent pas d'elle.
— Et si tu trouvais plutôt un moyen de rester? murmura-t-elle en se hissant à présent sur lui, après avoir écarté doucement toutes les fourrures qui l'obstruait.
— Cela nuirait beaucoup aux ambitions de Père, répondit-il en l'attrapant par les hanches.
— Quelles ambitions peut-il encore avoir s'il a déjà tout pour faire son bonheur jusqu'à ce qu'il trépasse une nuit dans son sommeil? Et, d'ailleurs, qu'en est-il des tiennes? Outre qu'elle l'attrista profondément, l'évidence de son départ la rendit sensiblement amère, insolente.
Le prince observa un moment de silence, la dévisagea fixement, avant de répondre doucement : « Il veut que notre royaume recouvre sa souveraineté... Seuls maîtres de nos terres, de nos ressources, seuls maîtres de nos actions. Il veut que nous recouvrons la vraie liberté. Et pour y parvenir, il aura besoin de ces sauvages aux confins du nord. Surtout que les Esdeniens entretiennent eux des relations avec des royaumes du sud dans le même but, d'après nos oreilles invisibles. » Alors qu'il la tenait, il réduisit doucement l'espace entre eux, de sorte qu'à présent, à travers la soie, la pointe de ses seins se frottait à son corps. « Ce que veut mon père est aussi important que dangereux, pour nous tous, donc il a tout mon soutien. Surtout que, si nous réussissions, lorsqu'il ira retrouver nos Pères, le cœur comblé, c'est moi qui monterai sur le trône. J'aurai un vrai trône.
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Le Vrai Combat : Le Réveil
FantasyDes disparitions surviennent à Mergraed, la cité la plus au nord du Continent, causant la panique au sein de la population et aux environs. Mais, au vu du temps qui s'assombrit de plus en plus, les Zones d'Ombre qui s'étendent considérablement et au...