Chapitre 25

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À peine installée à mon petit bureau dans le motor-home qu’un vertige me prit. Le moment de calme avec Daniel m’avait coupé instantanément de toute la scène catastrophique qui s’était déroulée, mais au fond j’étais toujours aussi chamboulée. Le souffle court, je me sentais étouffer. J’ouvrais grand la fenêtre derrière moi et m’allumais aussitôt une cigarette, l’esprit embrumé. J’avais l’impression d’agoniser intérieurement, que quelqu’un me lacérait les entrailles d’un couteau rouillé.

Des larmes coulèrent silencieusement le long de mes joues, sans que je ne le veuille vraiment. Mon corps avait besoin d’exprimer les pensées que je n’arrivais pas à aligner dans ma tête. Tout était fouillis, et c’était presque ça le plus douloureux.

Je me forçais à être forte, mais impossible de nier le fait que toute cette situation me faisait mal. Très mal. Tremblante, j’essayais de laisser mes pleurs atténuer la douleur, mais ma gorge se serrait lentement, bloquant peu à peu mes émotions au fond de moi. Je n’avais jamais été douée pour exprimer mes sentiments.

Les moteurs des monoplaces résonnaient au loin, et j’essayais de me focaliser dessus. Un son régulier, vibrant, d’une force époustouflante. Tout ce que j’avais toujours aimé. Fébrile, et submergée par l’impression d’être capable de faire un malaise à tout moment, je sortais mon téléphone pour mettre un message à ma meilleure amie. Il ne fallut qu’une minute et demie avant qu’elle ne débarque, manquant de fracasser la porte.

_ Super Rosie à la rescousse des crises d’angoisse ! Tiens regarde, sur le chemin j’ai fais une super sélection de vidéos de chats.

Je pouffais, et tirais sur ma cigarette pour en recracher la fumée par la fenêtre. Elle me regarda d’un air en disant long sur son amour pour la nicotine, et je sortais une cigarette neuve pour la lui donner. Elle l’alluma en souriant, et me présenta sa fameuse vidéos de chats ; un compilation de félin en toute sorte se cassant la figure sur tout et n’importe quoi. Il ne fallut qu’une poignée de minutes pour retrouver un état normal, et je me retrouvais même à pleurer de rire avec elle.

_Y’a vraiment rien avec Daniel ? Je la fixais, sans même vouloir répondre à sa question.

_ T’as qu’à lui demander. Il te dira comme moi.

_ Ok, je ferais ça. Je levais les yeux au ciel.

_ Bon je dois vraiment bosser, tu veux rester là ?

_ Je vais me faire chier avec toi, je retourne aux garages moi.

_ Salope va.

_ Miroir miroir. Je gloussais à sa réponse enfantine.

Après s’être assurée que je me sentais mieux, elle quitta donc mon bureau. De toute façon les qualifications ne duraient pas longtemps, nous nous retrouverions vite. D’ici une heure, nous serions d’ailleurs toutes les deux dans le centre ville pour une séance de shopping bien mérité.

Je m’installais enfin devant mon ordinateur, ayant déjà allumé une deuxième cigarette. J’en avais bien besoin pour le coup, Je remarquais alors que les premières courbes de Max et Daniel m’étaient transmises en direct. Je me focalisais aussitôt sur les statistiques des freins. Avec toute cette histoire, j’en avais oublié les problèmes mécaniques que nous rencontrions… J’espérais vraiment que Pierre avait suivi mes conseils et avait vérifié les monoplaces avant qu’elles ne se lancent sur le circuit.

_ Merde, merde…

La même anomalie s’affichait sur les courbes. Presque invisible, mais quand même présente. Qu’est-ce qui pouvait bien causer ça…? Il fallait que j’en discute avec Adrian, peut-être qu’il saurait y apporter des réponses. Ma cigarette se termina en quelques bouffées seulement, sans que je ne le remarque. Apparement il n’y avait pas encore d’incident à déplorer sur la piste, donc c’est que ce problème n’était que bénin… Mais un mauvais sentiment m’habitait.

V-CARB RB 25 - Daniel RicciardoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant