Les jours défilèrent, et les rencontres entre Matilda et Ethan devinrent de plus en plus régulières. Le projet de littérature avançait bien, presque sans effort. Pourtant, Matilda s'aperçut rapidement que son intérêt pour le travail s'effaçait progressivement au profit d'une curiosité grandissante pour Ethan. Ce n'étaient plus seulement les textes ou les analyses qui occupaient ses pensées, mais bien la personne qui partageait ces moments avec elle.
Un après-midi, ils s'étaient installés dans un coin tranquille de la bibliothèque, entourés de piles de livres et de notes éparses. Ils discutaient de l'œuvre sur laquelle portait leur projet, une analyse approfondie d'un roman classique. La discussion était animée, chacun partageant ses idées et ses perspectives.
- Ce passage, ici, murmura Matilda en pointant du doigt un paragraphe dans le livre, c'est là que l'auteur explore vraiment la solitude du personnage. On sent presque l'isolement dans chaque phrase, c'est... poétique et désespéré à la fois.
Ethan l'observa en silence pendant un instant, fasciné par la manière dont ses yeux brillaient lorsqu'elle parlait de littérature. Son sérieux, qu'il avait autrefois trouvé intimidant, lui semblait maintenant incroyablement séduisant. Après un moment, il prit la parole, changeant légèrement de sujet.
- Tu sais, ça me rappelle un peu comment je me sens parfois quand je prends des photos.
Matilda leva les yeux, intriguée.
- Des photos ? Tu n'as jamais mentionné que tu faisais de la photographie.
Ethan se passa une main dans les cheveux, un geste de nervosité qu'elle commençait à bien connaître.
- Eh bien... ce n'est pas quelque chose dont je parle souvent. C'est un peu mon truc à moi, tu vois. J'aime capturer des moments, des émotions, des choses que les gens ne remarquent pas toujours. Mais... je n'en ai jamais vraiment parlé à quelqu'un ici.
Matilda, son intérêt piqué, s'approcha un peu plus de lui, oubliant le livre devant elle.
- J'aimerais beaucoup voir ce que tu as photographié, Ethan. Tu pourrais me montrer quelques-unes de tes photos ?
Ethan hésita un instant, mais la sincérité dans le regard de Matilda le convainquit. Il sortit lentement son téléphone et parcourut ses albums, choisissant avec soin les photos qu'il voulait partager. Finalement, il tourna l'écran vers elle, dévoilant une série de clichés.
Matilda resta silencieuse, éblouie par ce qu'elle voyait. Chaque photo semblait raconter une histoire unique : un coucher de soleil perçant à travers des branches d'arbres, une rue déserte baignée dans la lumière d'un lampadaire, un instant figé entre deux sourires. Il y avait une profondeur, une sensibilité dans ces images qui la surprit.
- Ethan... Elles sont magnifiques, murmura-t-elle en levant les yeux vers lui. Vraiment. Il y a tellement de... douceur dans ces images. Je n'aurais jamais deviné que tu voyais le monde de cette manière.
Ethan rougit légèrement, détournant le regard, mal à l'aise sous le poids du compliment.
- Merci, dit-il avec un sourire timide. J'imagine que c'est ma façon de... comprendre ce qui m'entoure. Parfois, les mots ne suffisent pas, tu sais ?
Matilda hocha la tête, profondément touchée par cette confidence.
- Je comprends, répondit-elle doucement. Parfois, les mots sont insuffisants. Mais je pense que tes photos parlent d'elles-mêmes. Elles sont... captivantes.
Il y eut un moment de silence entre eux, un silence confortable, où aucun des deux ne ressentit le besoin de combler le vide. Une sorte de connexion venait de naître, silencieuse mais palpable, et chacun en était conscient.
Les jours qui suivirent, Matilda se surprit à attendre avec impatience leurs rencontres. Elle observait Ethan de manière différente maintenant, remarquait des détails qu'elle n'avait pas perçus auparavant. La façon dont il souriait légèrement lorsqu'il parlait de quelque chose qui le passionnait, ou encore la manière dont son regard s'adoucissait lorsqu'il évoquait ses souvenirs d'enfance ou ses rêves pour l'avenir. Chaque nouvelle découverte sur lui la rendait plus attentive, plus curieuse.
Ethan, de son côté, se trouvait de plus en plus captivé par Matilda. Ce qui avait commencé par de simples discussions sur leur projet s'était transformé en de véritables échanges d'idées, de réflexions profondes sur la vie. Il était fasciné par sa manière de penser, sa capacité à voir le monde à travers un prisme d'analyse littéraire. Ce qui lui paraissait auparavant ennuyeux ou trop académique était maintenant une source d'admiration. Il attendait ses commentaires avec impatience, cherchant à comprendre le monde par son regard.
Un après-midi, alors qu'ils discutaient de leurs perspectives sur l'avenir, Matilda se tourna vers lui avec une question sincère.
- Ethan, est-ce que ça t'arrive d'avoir peur de ce que l'avenir te réserve ? Je veux dire... douter de toi-même, de ce que tu veux vraiment faire ?
Ethan resta silencieux un instant, surpris par la question. C'était la première fois qu'elle abordait un sujet aussi personnel. Mais il se sentit étrangement à l'aise de lui répondre.
- Tout le temps, avoua-t-il. Parfois, je me demande si tout ce que je fais, le basket, les études... si c'est vraiment ce que je veux. Et si je ne me trompe pas de chemin ? Ça me fait peur, mais je suppose que c'est normal, non ?
Matilda hocha la tête, soulagée de savoir qu'elle n'était pas la seule à ressentir cette incertitude.
- Oui, moi aussi j'ai ces doutes. J'ai l'impression qu'il y a tant de pression pour réussir, pour savoir exactement ce que je veux faire de ma vie. Parfois, ça m'effraie, l'idée de ne pas être à la hauteur.
Leurs regards se croisèrent, et dans cet échange silencieux, ils comprirent qu'ils partageaient plus qu'un simple projet de littérature. Ils partageaient des peurs similaires, des aspirations, des doutes qui les rapprochaient inexorablement.
Ces conversations intimes, discrètes mais puissantes, allumèrent une étincelle entre eux. Une étincelle qu'ils commencèrent à peine à reconnaître, mais qui, inévitablement, allait grandir et changer le cours de leur relation. Ils ne le disaient pas à voix haute, mais ils savaient que quelque chose de profond s'éveillait entre eux, quelque chose qui allait bien au-delà des mots et des analyses littéraires.
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Whispers in the Hallways
RomantizmMatilda Thompson savait que le lycée n'était qu'une étape, un passage obligé vers quelque chose de plus grand, de plus vrai. Pour l'instant, son monde était rempli de devoirs à rendre, de clubs à présider, et de regards furtifs échangés dans les cou...