L'ambiance provençale, c'est vraiment quelque chose. C'est surtout un sentiment qui m'avait manqué après toutes ces années. Même si je suis revenue un Noël pour le fêter avec mon père, l'atmosphère en hiver n'a rien à voir avec celle de l'été. Début juillet, la chaleur est déjà accablante. Bien que je sache que l'air est brûlant, je choisis de ne pas mettre la clim dans la voiture et d'ouvrir les fenêtres pour écouter le chant des cigales, déjà assourdissant et sentir l'odeur des champs de lavande que la route départementale traverse.
Même si je suis restée sur le même continent et dans le même fuseau horaire, j'ai l'impression d'avoir été dans un autre monde. Originaire du sud-est de la France, je dois avouer que ces cinq années passées en Belgique m'ont fait réaliser à quel point cet endroit me manquait. C'est un retour aux sources.
La voiture est chargée de quelques babioles que j'ai récupérées de mon ancien appartement, où j'habitais en colocation avec deux filles. Papa m'a déjà préparé la chambre que j'occuperai le temps de mon séjour chez lui. Je n'ai pas l'intention de chercher un appartement ou de travailler cet été. Après cinq ans passés entre études et boulot sans vacances, je suis bien décidée à profiter du soleil et à me reposer. J'ai vraiment besoin de reprendre des couleurs après tout ce temps passé dans des bureaux en Islande à concevoir des hôtels de luxe.
Le GPS m'indique que j'arrive dans une minute, mais je reconnais déjà la petite route rocailleuse qui mène à la maison. Après presque quinze heures de route avec seulement quelques pauses, l'envie de rentrer me tenait trop pour perdre davantage de temps.
Je me gare sur l'espace aménagé et à peine le moteur coupé, mon père sort de la maison, tout sourire.
— Alice! s'exclame-t-il, heureux. Je ne t'attendais pas avant la fin de la semaine !
C'est vrai que je suis partie plus tôt que prévu. Je devais arriver vendredi, mais l'impatience a pris le dessus. Plus les jours passaient, plus je ressentais le besoin de rentrer définitivement à la maison.
—Si ça te dérange tant que ça que ta petite fille adorée soit revenue, je peux toujours prendre un hôtel et revenir vendredi, dis-je en plaisantant.
— Honnêtement,j'aurais préféré, chuchote-t-il en riant, j'avais un rendez-vous galant ce soir.
Je lève les yeux au ciel, faussement scandalisée, main sur la poitrine. Son humour décalé m'a toujours fait rire. Depuis la mort de ma mère, il n'a jamais eu de relation sérieuse, mais il a sûrement eu quelques aventures depuis que je suis partie. Cela dit,je préfère imaginer qu'il est resté seul.
Après m'avoir serrée dans ses bras, il relâche son étreinte.
— J'ai besoin d'un coup de main pour déballer tous ces sacs,dis-je en ouvrant le coffre de la voiture.
Il m'aide à sortir mes affaires, des sacs cabas empilés.L'appartement que je louais était meublé, donc à part quelques objets personnels, je n'avais rien à moi là-bas. Tout ce que je possède est ici, chez moi.
La maison a changé depuis que je suis partie. À la mort de ma grand-mère, mon père et ma tante ont hérité de la maison familiale, et mon père a décidé de s'y installer après sa retraite. Ma tante, elle, reste attachée à Marseille et vient seulement de temps en temps et pour rien au monde, elle ne voudrait se perdre au milieu de la campagne et des champs de vignes
Ma chambre, située à l'étage, est la seule avec une salle de bain privative. Mon père, quant à lui, a préféré aménager une chambre au rez-de-chaussée pour éviter de monter les escaliers à cause de son genoux.
— Tune peux pas savoir à quel point ça me fait du bien de revenir,lui dis-je en déposant les derniers sacs.
— J'ai déjà préparé le repas, prends ton temps pour t'installer.
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SUNSHINE : Le retour du soleil.
RomanceAlice revient dans sa Provence natale après cinq ans, impatiente de passer un été de détente. La chaleur du soleil et la douceur des paysages lui rappellent son enfance, mais une ombre de son passé refait surface : Jairo, son premier amour, son prem...