Leurs Noms

Chapitre 34 - La puissance du ciel et de la mer

---------------Christopher---------------

Perplexe, je regardais Aaron.

- Tu ne m'avais pas dit qu'il devait se réveiller dans deux ou trois heures ? me demanda Violet, assise sur un des fauteuils à ma droite.

Sorti de mes pensées, je tournai la tête vers elle en répondant :

- Si... j'étais en train de me demander pourquoi il est conscient, justement.

La rousse fronça les sourcils, tout aussi perdue que moi. Je reportai mon attention sur le brun, qui nous fusillait du regard. Mes mains avaient retrouvé la fine protection de mes gants, et la sensation du latex renforcé contre mes paumes me rassurait. Je tapai des mains, affichant un air guilleret que j'étais loin de ressentir.

- Bon... au moins, on peut régler ça maintenant.

Dans la périphérie de mes yeux, je la vis hausser les épaules. En prenant une grande inspiration, je m'approchai de Aaron Aveiro.

- Alors, commençai-je, qu'est-ce que tu veux ?

Il me regarda d'un air furieux, puis siffla :

- Protéger Violet de toi, connard.

Je haussai un sourcil surpris. Derrière moi, la jeune femme réagit immédiatement :

- Mais qu'est-ce que vous avez tous à vouloir me protéger ?!

Je lui lançai un regard, et faillis rire quand je me rendis compte qu'elle était réellement exaspérée.

- Je veux dire, mon père, toi, Aaron... laissez-moi tranquille, c'est pas possible !

- Violet, intervint alors son cousin, tu n'es pas en sécurité avec lui.

Je lançai un regard agacé au brun, qui me le rendit bien.

- Et pourquoi elle ne serait pas en sécurité avec moi ? l'interrogeai-je.

- Parce que tu es un Delta, répondit-il comme si c'était une évidence.

Je hochai lentement la tête, à la fois amusé, perplexe et irrité.

- Tu es au courant, quand même, que nos deux familles se sont alliées ? Enfin... je ne sais même pas si on peut te considérer comme un Trigon.

Cette fois-ci, son regard fut fielleux. Je reculai presque sous l'intensité de la haine qui brillait dans ses yeux noirs. C'était comme couler dans du poison. Il répliqua, m'arrachant à la contemplation malsaine de la fureur dans ses prunelles :

- Oui, je suis au courant, Minuit.

Aussitôt, je me hérissai.

Je savais ce qu'il voulait dire par là. Ce n'était pas le surnom familial utilisé par mes proches. Il ne l'avait pas non plus utilisé dans l'optique de Violet, dans le sens poétique qu'on pouvait y voir, non. Dans sa bouche, le surnom sonnait comme une insulte.

Minuit.

Minuit, qui tue sans réfléchir tous les ennemis de sa famille.

Minuit, qui torture sans y penser pour les Delta.

Minuit, l'arme de l'Empire.

Minuit, le monstre, la bête, l'animal. Le prédateur.

Je pris une grande inspiration pour tenter de me calmer. En vain.