Quand le coeur balance...

Chapitre 19 - Aaron

Direct, crochet, uppercut, direct, crochet, uppercut,...

– Ce sac t'as volé de l'argent ou quoi ? Ça fait plus d'une heure que tu t'acharnes, s'étonne Liam, un des rares amis que j'ai rencontré en fac de droit.

– Non t'inquiète, j'ai juste besoin de me défouler dis-je en frappant sans m'arrêter.

– Sérieusement, il faut vraiment te trouver une nouvelle cible.

– Quoi ? demandé-je en tapant de plus belle dans le sac.

– Depuis que je te connais, je ne t'ai jamais vu seul bien longtemps, avec toutes les femmes qui frappent à ta porte, c'est pas comme si tu n'avais pas le choix.

Il n'a pas tort, je reste rarement seul.

– J'ai une cible, t'inquiète pas pour moi.

– Ah oui ? C'est qui ?

– Une cible un peu plus coriace que d'habitude donc il me faut plus de temps.

– Ça ne répond pas à ma question. J'espère que ce n'est pas une amie de Lara sinon elle va péter un câble.

Je m'arrête un instant, attrape la serviette pour éponger la sueur qui coule le long de mon visage et de mon cou.

– Jamais de la vie ! Tu veux ma mort ? Déjà qu'elle ne se remet pas de notre rupture, je n'ai pas envie de l'avoir encore plus sur le dos.

J'attrape ma gourde et je bois une gorgée d'eau. J'observe autour de moi et c'est plutôt calme aujourd'hui. Je jette un coup d'œil à ma montre, elle affiche 19h00. Je viens régulièrement me défouler au club de boxe, enfin, quand j'ai le temps entre deux dossiers.

– Tu parles de moi mais toi ? Ça donne quoi ? Depuis que tu es revenu de Londres, il y a six mois, ta vie a l'air bien calme dis-je en avançant vers les vestiaires.

– Écoute, malgré mon travail de juriste qui est plutôt prenant, j'ai quand même rencontré une petite rousse sympa lors de ma dernière randonnée dans les Vosges.

– Ah d'accord donc toi même en plein milieu de la nature tu trouves des femmes ? rétorqué-je en plaisantant.

– Tu sais bien que j'ai appris du meilleur.

Je ris jaune.

– Je ne sais plus si je suis le meilleur. J'ai l'impression d'avoir fait le tour de tout ça. Ça ne m'intéresse plus.

Liam fronce les sourcils et pose sa main sur mon épaule avec un air inquiet.

– Mec, ça va ? T'as pas l'air bien, y'a quoi dans ta gourde, tu délires ?

– C'est vrai, elles m'ennuient toutes, j'ai besoin de quelqu'un qui me stimule tu vois ? J'ai besoin d'une femme qui me pousse à être meilleur, pas qui me fasse régresser.

– Du coup, c'est qui cette femme qui te stimule tant ?

– Tu la verras quand elle sera à mon bras répondé-je avec assurance.

– En attendant que ça arrive, ma petite rousse fait une soirée chez elle ce soir, tu veux venir ? Ça te ferait rencontrer de nouvelles têtes.

– Pourquoi pas, ça me changerait de mes dossiers.

Ça faisait longtemps que je n'avais pas passé du temps avec Liam, ça nous rappellera les années fac.

Nous nous dirigeons enfin vers la sortie du club pour rejoindre le parking.

– Putain ! C'est quoi cette rayure sur ma voiture ? C'est pas vrai ! hurlé-je furieux.

– Merde ! Elle est bien amochée... Tu sais qui aurait pu faire ça ?

– J'ai trop d'ennemis pour savoir qui ça pourrait être mais ça ressemblerait bien à un coup tordu de Lara ou de ses followers. Au vu du nombre de stories qu'elle a faites sur moi pour expliquer à sa communauté que j'étais un connard.

– Tu lui as fait quoi pour la rendre aussi folle ?

– Je pense qu'elle l'était déjà avant moi.

– Je crois que c'est ton karma pour avoir brisé tant de cœurs dit-il en blaguant. Mec, je t'envoie l'adresse après, moi je vais directement chez ma copine histoire de prendre ma douche en bonne compagnie. Elle adore quand mes muscles sont encore congestionnés comme ça, ajoute Liam en montrant fièrement son biceps.

Je n'ai peut-être pas besoin de connaître tous les détails.

– Ok, envoie-moi l'adresse et on se voit après.

Après une douche presque brûlante, je sens mes muscles totalement endoloris. J'adore ce shoot d'endorphine que me procure le sport, cette sensation de bien-être et de plénitude, ça me rendrait presque accro.

Devant le miroir de ma chambre, je m'observe, vêtu uniquement de ma serviette autour de la taille, les gouttes d'eau perlent encore sur mon corps et dans mes cheveux. Au final, je comprends peut-être pourquoi Lara devient folle. Elle n'a plus accès à mes abdos saillants. Je souris spontanément en passant une main dans mes cheveux. Je ne suis peut-être pas objectif mais je suis plutôt pas mal quand même.

Pourquoi Neva ne veut-elle pas de moi ? Elle ne m'a pas encore vu sans vêtements, peut-être qu'elle changerait d'avis...

Mon téléphone vibre, je l'attrape et je constate que Liam m'a enfin envoyé l'adresse. Je m'habille rapidement puis je file à ma voiture.

Après une vingtaine de minutes de route, je me gare devant l'immeuble.

Mais c'est le même endroit que la dernière soirée réseautage où j'étais avec Lara ? Toutes les soirées strasbourgeoises se passent ici ?

Bon, c'était plutôt sympa la dernière fois donc à voir ce que ce soir me réserve.

Je m'engouffre dans le bâtiment et je constate que les portes de l'ascenseur sont à moitié ouvertes, je me glisse dedans in extremis avant qu'elles ne se ferment.

Je suis déjà très en retard, je ne veux pas abuser.

Une fois à l'intérieur, je sens quelqu'un me foudroyer du regard.

Neva ? Je vais encore répéter que je ne crois pas aux coïncidences, mais là ce n'est plus le destin qui veut nous réunir mais tout l'univers entier.

– Qu'est-ce que vous faites ici ? nous exclamons-nous en chœur.

Je ne peux m'empêcher de rire tout en passant une main dans mes cheveux.

– Je crois que vous ne pouvez plus vous passer de moi, Nevasca.

Elle lève les yeux au ciel avec un air exaspéré.