Cole
16 août 2022 - Vienne
Aujourd'hui.
May marchait devant moi, comme un fantôme glissant à travers les ombres, insensible à ce qui l'entourait, perdue dans un monde que je ne pouvais pas atteindre. Elle semblait enfermée dans une bulle, un sanctuaire inviolable où personne n'était le bienvenu. Ses pensées tourbillonnaient sans doute, enchaînant des batailles intérieures que je ne pouvais qu'imaginer. Je savais qu'elle avait lu ma lettre. Les pleurs étouffés qui avaient traversé la porte de la salle de bain m'avaient confirmé que mes mots avaient atteint leur cible, mais pas de la manière que j'avais espérée.
Quand elle était sortie, ses yeux étaient rougis, sa colère palpable. Elle n'avait pas prononcé un mot, mais son silence était plus tranchant que n'importe quelle insulte. Oui, je l'avais blessée. Oui, j'avais pris ses propres phrases, ces mots qui m'avaient tant meurtri, et les avais tordus, les lui renvoyant avec la froideur d'un miroir sans âme. Lâche. C'est ce que j'étais, et je le savais. Mais je ne pouvais m'empêcher de vouloir qu'elle ressente un peu de la douleur qu'elle m'avait infligée, même si l'idée de lui faire du mal me dégoûtait.
Toute la journée, elle s'était murée dans ce silence glacé, ignorant mes tentatives de communication comme si j'étais invisible. Elle excellait dans ce jeu cruel de l'indifférence, un jeu où je ne pouvais rivaliser. Je voulais lui faire comprendre, à ma manière, combien ses lettres m'avaient dévasté, mais chaque pensée de la blesser un peu plus me révoltait. Elle me traitait comme un ennemi, et je m'étais résigné à accepter ce rôle. Si elle avait besoin de se défouler, qu'il en soit ainsi. Je jouerais l'ex insupportable, celui qui mérite d'être haï, juste pour qu'elle ne se sente pas coupable, pour qu'elle puisse trouver une raison à sa douleur.
Ce soir, nous nous rendions à cette fête, parés de nos plus beaux atours. May, en tête, attirait tous les regards, et je ne pouvais qu'admirer la façon dont elle portait sa robe bleu ciel. Le drapé épousait ses formes avec une délicatesse presque irréelle, glissant sur ses jambes jusqu'à les dissimuler complètement. Mais ce qui captiva vraiment mon attention, ce fut les broderies florales ornant son corset et ses épaules, un détail qui ajoutait une touche d'élégance intemporelle à sa silhouette.
De mon côté, j'avais enfilé un costume, sombre et classique, qui me donnait vraiment l'impression d'être un pingouin. C'était le genre de tenue que j'aurais portée avec désinvolture autrefois, mais ce soir, il semblait manquer quelque chose. Peut-être était-ce le regard critique de May, celui qu'elle ne m'avait pas accordé, qui provoquait cette sensation de vide en moi. Le fait qu'elle n'ait rien dit, qu'elle ne m'ait pas taquiné comme avant, m'avait serré le cœur. Il y avait eu un moment, un instant infime où quelque chose s'était brisé en moi, quelque chose que je ne savais pas comment réparer.
Ses jupons flottaient derrière elle alors qu'elle gravissait les marches du palais. Chaque mouvement était empreint de cette grâce innée qu'elle possédait, une élégance qui semblait accentuée par le cadre somptueux qui nous entourait. Le palais, grandiose, s'élevait devant nous, ses murs chargés d'histoire, ses dorures capturant la lumière de la soirée. En entrant dans la salle, je fus frappé par la hauteur vertigineuse du plafond. Les lustres, imposants et scintillants, semblaient suspendus dans les airs comme des constellations lointaines, projetant une lueur dorée sur les visages des invités.
Je tournais sur moi-même, absorbé par la magnificence du lieu. C'était comme être transporté dans une autre époque, une ère où la noblesse régnait, où chaque détail, chaque ornement racontait une histoire. Mais malgré toute cette splendeur, mon esprit restait fixé sur May, sur ce qu'elle pouvait bien ressentir à cet instant précis. Était-elle aussi impressionnée que moi ? Ou bien son esprit était-il encore embrouillé par la colère, la tristesse, le désespoir ?
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The Heart Has Its Reasons
Teen Fiction15 lettres. C'est le nombre qu'elle s'est fixé. 15 lettres, pour tout oublier, pour tout recommencer, pour tout laisser, pour tout...aimer. May et Cole étaient inséparables au lycée, liés par une promesse audacieuse : si, à 25 ans, ils étaient toujo...