Londres 1820,
Haydée est une jeune femme de 23 ans.
Elle travaille pour l'une des familles les plus aisées de la ville et surtout l'une des plus gentilles, le vicomte et la vicomtesse de Seymour.
La saison des mondanités est prête à débuter et une...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
J'ouvre un œil sur deux et ricane en voyant Jane raconter n'importe quoi puis referme les yeux pour profiter des rayons de soleil que nous offre le mois d'avril.
«Il serait peut-être temps d'arrêter de faire des bêtises » se moque Sarah.
«Dis-tu alors que tu es là première à les faire» nous dit Rose alors que nous rions.
«Peut-être, mais moi je peux, je suis mariée »
«Depuis deux mois, ce n'est rien ».
J'ouvre les yeux en tournant la tête pour voir Sarah balancer un macaron sur Jane.
«On ne joue pas avec la nourriture » s'exclame Rose.
Je me redresse du sol et je me mets en position assise tout en piquant un macaron à la framboise.
«J'ai tellement hâte que les mondanités commencent » s'excite Sarah «Je vais être enfin vue et présenter comme Lady Davies, j'ai tellement hâte de débuter cette saison »
Je lève les yeux au ciel pour me moquer de mon amie.
Sarah est la plus superficielle de nous trois, mais elle n'en a pas conscience, c'est ce qui fait son charme, d'autant plus qu'elle reste bienveillante.
Elle s'est mariée il y a deux mois avec le Lord Philip Davies, l'un des plus beaux partis de Londres.
«Et moi donc »
Rose quant à elle, est son opposée. Elle est calme, discrète mais n'en cache pas moins un caractère bien trempé si on lui cherche des problèmes.
Je suis persuadé que sa beauté naturelle et son charme attira tous les hommes de la saison à venir.
Jane est le petit clown de notre bande d'amis.
Son humeur cache en réalité une partie sombre de sa vie.
Ses parents sont décédés quand elle était tout bébé et a grandi avec sa grand-mère tortionnaire.
Je sais que cette saison, elle cherchera à tout prix un époux pour la fuir.
«Tu es bien silencieuse Haydée » me demande Rose.
«Je me repose avant les mois qui vont arriver»
«Je t'inviterai à mon bal » me dit Sarah.
«Sans façon »
«Allez ça pourrait être marrant »
Je regarde Jane avant de secouer la tête.
«On verra au moment venu ».
«J'espère que les prétendants seront charmants, plus que l'année dernière » plaisante Jane.
«Dans tout les cas, comptez sur moi pour entendre tous les ragots en cuisine sur les jeunes hommes de cet année »
«Mère Haydée est de retour »
«Merci » me dit Jane en récupérant le macaron que je viens de lui balancer.
«Et toi, tu n'aimerais pas trouver un époux ? »
«Pourquoi faire ? » je demande à Rose «Ma vie me correspond bien et puis tu sais bien que je n'ai aucune dote, donc aucune possibilité pour un mariage »
«Tu pourrais peut-être demander à tes grands-parents ou le vic...»
«Hors de question » dis-je piqué à vif «Je ne veux rien venant d'eux »
Voyant que j'ai jeté un froid, je relance la conversation sur quelque chose de plus chaleureux.
«En tout cas j'espère que vous allez trouver l'homme de vos rêves » dis-je aux filles.
«Je vous souhaite de trouver un homme comme Philip, il est tellement parfait, gentil, drôle et... doué » dit-elle en rigolant.
«Sarah ».
«Oh ça va Rose, tu finiras par passer par là »
«Comment c'est ? » demande Jane.
«C'est... jouissif, c'est tellement bon que j'en redemande encore et encore» dit l'unique femme mariée en gémissant presque «À votre avis pourquoi personne ne nous dit rien sur l'acte ? C'est parce que sinon, on y aurait goûté bien avant le mariage tellement... c'est délicieux »
Je secoue la tête amusé en voyant la tête de Jane et les joues de Rose, teintées de rouge.
«Mademoiselle, il est temps de rentrer » s'exclame le chaperon de Rose.
Celle de Jane lui indique qu'il est tard et qu'elle doit rentrer avant le soupé.
«Je vais y aller aussi, je dois me lever tôt demain » dis-je.
«Comme 6 jours sur 7 » me dit Sarah dans un sourire réconfortant.
«À très vite »
Je salue mes amis et je pars en direction de ma petite maison dans les faux-bourg de Londres.
Je repose mon châle sur mes épaules avant de quitter le parc qui se trouve dans l'un des quartiers les plus aisés de la ville.
Comme toujours, je suis prise d'une colère noire quand je passe devant la maison du Lord Victor et Irène Egerton.
Autrement dit, la maison de mes grands-parents.
Je suis à ma connaissance leur unique petite fille, mais cela ne change rien.
Je suis et je resterai une bâtarde.
Ma mère faisait partie de l'aristocratie. Elle participait aux événements mondains ainsi qu'aux bal.
Mais à l'âge de 20 ans, elle est tombée amoureuse de mon père qui n'était qu'un simple cuisinier.
Ils sont tombés amoureux, elle est tombée enceinte de moi et a été jeté à la rue par ses propres parents en découvrant la disgrâce.
C'était une aubaine pour mes parents, ils pouvaient enfin se marier et vivre heureux loin de ce monde que détestait ma mère.
Alors ils ont acheté une maison avec les économies de mon père et c'est d'ailleurs la maison où je vis aujourd'hui, n'ayant nulle part d'autre pour vivre.
Dans une autre vie, j'aurais pu avoir le même rang que mes amis.
J'aurais pu avoir les mêmes robes, des serviteurs, des prétendants et une vie aisée.
Mais ce n'est pas le cas.
À la place je travaille comme aide cuisinière et serveuse depuis mes 20 ans.
Depuis que je suis sortie du couvent.
Le vicomte et la vicomtesse Seymour m'ont directement offert ce poste, eux qui m'ont grandement aidé depuis toujours.
Je finis par rentrer chez moi et je viens allumer le feu de cheminé avant de me poser sur ma chaise à bascule avec Hamlet de Shakespeare dans les mains.
C'est la troisième année que je participe aux mondanités de Londres, enfin en cuisine puisqu'il s'agit de mon rang.
Mais à aucun moment je n'étais préparé à ce que j'allais vivre les prochains mois.
Des que mes yeux se seront posés sur cet homme, un drôle de goût aura enivré mon être.
Un goût de noirceur, de vengeance et d'envie de revanche...
~~~
Voilà le prologue, j'espère qu'il vous a plu et qu'il vous donne deja certains aperçu sur notre Haydée.
