Setting Sun - SakuAtsu

coming undone

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N'essaie pas de défier le soleil, qu'ils disaient, car son Dieu est impitoyable.

Mais il le voulait tellement, il l'avait toujours voulu, dès le moment où il aperçut les premières flammes tentatives qui l'encerclait, la menace chaleureuse qui risquait de lui brûler l'épiderme, l'encaustique brûlante qui lui collait à la peau, à la naissance de ses épaules, les plumes, exsangues, blanches comme neige, qui lui chatouillaient les bras à chaque fois qu'il osait faire un pas défiant, qu'il osait regarder par-delà la frontière, et plonger ses yeux droit dans l'abysse turquoise qui l'entourait, l'horizon scintillant, comme saupoudré d'or.

Kiyoomi secoua la tête, je n'oserais point.

Il était fasciné, en réalité, entièrement captivé et conquit par la chaleur presque mielleuse des cieux chuchotant son nom avec une délicatesse infinie, tandis qu'il continuait de monter, monter, monter, cette même chaleur l'exhortant dans son étreinte, ses mots liquoreux qui le désassemblait en fragments capricants qu'il était incapable de rassembler.

Son crâne avait éclot sur les rochers à ses coulisses, tandis que les vagues déchainées l'enveloppèrent, emportant les éclaboussures écarlates de son sang aux fin fonds des mers.

Le chaos débraillé logé dans sa tête devenait soudainement apparent, l'entièreté des secrets qu'il tentait de contenir désespérément dans sa cavité peignait désormais tout son corps, et ses mains restaient tendues vers le ciel, essayant continuellement d'attraper celui qui le regardait d'entre les nuages.

Kiyoomi ne peut qu'espérer, espérer , espérer, que jamais il ne prononcera les mots je t'aime. 

Ces mots qui lui permettront de voler pourtant si près de lui uniquement pour retomber la seconde d'après, dès lors que la flamme dorée de ses yeux se posera sur ses ailes, suivi du frôlement abrupt de ses lèvres sur ses clavicules tandis que Kiyoomi jettera la tête en arrière, murmurant un ; oui, encore.

Il ne s'autorisera jamais à dire je t'aime, parce que « l'unité engendre la séparation », il pensa tandis que les étoiles et la lune soignèrent sa peau lors de son envol nocturne.

Pourtant, Kiyoomi le voyait encore, cet halo de lumière ensoleillé autour de ses cheveux, son sourire en coin, et la tentation de la lumière. Les possibilités infinies qui l'incitaient à se rapprocher encore et encore du ciel nocturne absolu, là où le soleil n'osait point sortir.

Kiyoomi pouvait presque respirer à nouveau, la brise fraîche l'autorisant à monter de plus en plus haut sans être accablé par la menace imminente qui s'enroulait autour de sa gorge durant la journée.

Ne tombes pas amoureux du soleil, qu'ils disaient, car son Dieu est impitoyable.

Kiyoomi secoua la tête, j'ai fais une erreur.

Néanmoins Kiyoomi n'avait pas l'impression de se tromper lorsqu'il s'écorchait la peau à travers les nuages en parcourant le ciel pour se rendre auprès de lui et de son char, les bourrasques engendrées par les roues et les sabots de chevaux remuant ses cheveux au fur et à mesure qu'il se rapprochait, se rapprochait, se rapprochait, s'il te plaît, s'il te plaît, rapproches toi.

Kiyoomi leva les yeux vers le visage du dieu du soleil qui l'attrapa, son regard parcourant les tâches d'or ornant ses yeux tandis que le dieu lui sourit avant de planter sa lance au centre de son cœur.

Et Kiyoomi tendit la main, haut, haut, ses doigts brûlants comme si des centaines de milliers de rayons de soleil s'étaient concentrés à leurs extrémités, se transformant ensuite en une lame de lumière menaçant de lui trancher les ailes.